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jeudi, 20 novembre 2008

Blanche, 3

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mercredi, 19 novembre 2008

Jean-Élie (fin)

Quelquefois le soir, quand le ciel  était bien dégagé et que l’on voyait les étoiles briller dans le firmament, Yvonne et les deux enfants allaient s’allonger dans l’herbe du pré, face à la maison et là ils guettaient l’apparition d’une étoile filante pour faire un vœu. Dans le silence qui les entourait seul un chien au loin faisait entendre ses aboiements plaintifs. C’est là que Danielle découvrit ce qu’était la contemplation.

D’autres soirs, les gamins allaient regarder la télévision chez la voisine. Au début des années soixante peu de gens possédaient ce nouveau moyen de communication et cela apparaissait comme une véritable révolution. La maison des voisins était habitée par une vieille dame, veuve d’un architecte parisien. Elle y vivait avec une de ses filles, Pierrette, âgée à l’époque d’une trentaine d’années. Pierrette  avait du avoir des problèmes de santé étant petite. Toujours est-il qu’elle ne savait pas bien lire et écrire et son rôle se bornait à servir de garde-malade à sa vieille mère qui se montrait tyrannique avec elle. La deuxième fille était tout le contraire de Pierrette. C’était une tête brûlée, elle avait servi dans l’armée comme infirmière et avait participé à la guerre en Indochine. Elle ne portait que des pantalons et fumait comme un pompier. Elle faisait peur aux enfants qui se demandaient si c’était un homme ou une femme.

 Certains soirs les enfants se rendaient donc dans cette maison pour suivre  les aventures de Sherlock Holmes, une série anglaise en noir et blanc qui les glaçait d’horreur. Aussi le retour dans la nuit, sur la petite route qui rejoignait la ferme, située à quelques centaines de mètres, était toujours très éprouvant. Quand les hirondelles prirent le chemin de l’Afrique, Danielle s’en retourna chez elle. Et puis l’école reprit. Le Noël suivant la petite demanda à ses parents si elle pouvait aller passer une semaine à la campagne, ce qui lui fut accordé. Elle retrouva avec plaisir Jean-Élie , tante Yvonne, la ferme, les odeurs de la campagne.

L’année suivante elle passa encore une partie des vacances dans ce lieu qui lui était devenu familier. Entre temps elle était entrée au lycée et avait commencé à apprendre le latin et l’allemand. Jean-Élie était en admiration devant elle et la gamine lui apprenait des mots. Ils avaient inventé un jeu, qu’ils appelaient l’espionnage allemand : en douce ils s’approchaient de l’étable quand Yvonne trayait les vaches, souvent aidée par la vieille grand-mère et ils écoutaient leur conversation. Un jour Roger les surprit et il les renvoya aussitôt en jurant comme un beau diable.

On était au tout début des années soixante, la société était en pleine mutation. Dans les villes les logements sortaient de terre comme des champignons, les voitures étaient de plus en plus nombreuses sur les routes et la télé prenait possession des esprits peu à peu.  La campagne ne fut pas épargnée même si ce prétendu progrès arriva un peu plus tard. En 1963 les parents de Danielle prirent pour la première fois de leur vie une semaine de vacances. Ils avaient une voiture depuis peu et ils allèrent au bord de la mer. C’était la première fois que la gamine découvrait la mer et elle fut très impressionnée par cette immensité bouillonnante et écumante.

Ce fut la fin des vacances à la campagne. Les deux enfants ne se revirent plus jamais. Chacun avait pris un chemin différent . Jean Elie réussit à décrocher le certificat d’étude et il partit en apprentissage dans un élevage de chevaux de course. Sa petite taille lui permettait d’envisager de devenir plus tard jockey. C’était son rêve, il avait toujours adoré s’occuper des chevaux à la ferme. Il commença comme lad, mais il aimait ça. Il avait trouvé sa voie, il était vraiment heureux pour la première fois de sa vie. Et puis…

C’était un soir vers dix-huit heures. Danielle était dans sa chambre en train de faire son travail scolaire quand sa maman entra dans la chambre. Elle avait un air triste et s’essuyait les yeux du revers de la main.« Tante Yvonne vient de téléphoner. J’ai une très mauvaise nouvelle à t’annoncer.» Danielle posa son crayon et regarda sa mère, inquiète. Sa mère poursuivit entre deux sanglots : « Jean Elie est mort. Il s’est noyé dans un étang au cours d’un entraînement. Son cheval s’est brusquement cabré et il est tombé à l’eau ; personne n’a pu le sortir.»

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Bien des années se sont écoulées depuis ce tragique évènement . Cependant l’émotion demeure toujours aussi intense et quand j’évoque cette période de mon enfance, je ne peux empêcher les larmes de jaillir et je revois l’image de mon petit copain d’enfance qui était né sous une bien mauvaise étoile.

Fin

 

 

 

 

mardi, 18 novembre 2008

Joyeux anniversaire !

Non, je n'ai pas oublié que c'était aujourd'hui ton anniversaire.Heureux veinard, tu traverses le temps sans prendre aucune ride. Quand je suis née, tu avais déjà 21 ans. Chaque semaine j'attendais ta venue avec impatience, afin de connaître tes nouvelles aventures. Au fil du temps, tu as changé de look, tu as perdu ta petite queue, puis tu t'es mis à parler et bientôt tu es apparu en couleurs. Pour ma part, je t'ai toujours préféré en noir et blanc, comme ICI.

Aujourd'hui tu fêtes tes quatre-vingts ans. Tu nous enterreras tous !

Jean-Élie (7)

Yvonne avait toujours aimé lire, mais elle n’arrivait pas à trouver suffisamment de temps libre pour pouvoir s’adonner à ce plaisir. Danielle devint donc lectrice. Elle s’installait sur un petit tabouret dans l’étable et le temps qu’Yvonne trayait les vaches, elle lui lisait de belles histoires. C’étaient de beaux livres à la couverture rouge et or, les livres que l’on distribuait autrefois dans les écoles pour récompenser les bons élèves. Elle lut et relut, prenant de l’aisance, mettant le ton et rendant les dialogues vivants ;  l’idée lui vint alors de devenir actrice de théâtre. Elle s’entraînait à apprendre des passages par cœur et les réciter ensuite à son public. Son public c’était Yvonne et Jean-Elie, ce dernier en admiration devant cette gamine qui savait le faire rire. Car Danielle savait y faire, elle avait de réelles prédispositions.

Un dimanche après midi, ses parents vinrent lui rendre visite. Elle avait préparé un petit spectacle en compagnie de Jean-Elie. Hélas, le résultat fut l’inverse de ce qu’elle escomptait ! Ses parents n’apprécièrent pas du tout et ce jour-là, elle comprit que sa carrière tombait à l’eau avant même de commencer. Elle enfouit sa déception au fond d’elle-même et mit son mouchoir par-dessus. De nombreuses années plus tard pourtant, on lui fit souvent cette remarque : « Oh arrête s’il te plait ! Ne nous joue pas la grande scène du II ». Comme quoi, il y avait encore de beaux restes…

Tous les matins, il fallait sortir les vaches dans le pré et les garder car il n’y avait pas de clôture et le pré longeait la route. La plupart du temps, les deux enfants surveillaient ensemble le troupeau, munis d’une longue badine pour taper sur les cuisses des plus téméraires. 

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Quelquefois, Jean-Elie préférait accompagner Roger dans les champs et alors Danielle se retrouvait toute seule pour garder le troupeau. C’était une véritable angoisse pour la gamine qui avait une frousse bleue de ces bêtes. C’est comme dans tout rassemblement, il y a toujours une brebis galeuse. Et si l’ensemble du troupeau était paisible, il y avait une vache, noire et blanche, qui aimait jouer les récalcitrantes. Elle ne suivait pas les autres, c’est elle qui voulait paître de l’autre côté de la route ou encore qui refusait de rentrer à l’étable. Alors Danielle, armée de son bâton, commençait à gesticuler dans tous les sens, à crier, à sauter, à essayer de faire peur à l’animal qui la regardait faire, indifférente aux menaces de ce petit bout de bonne femme.

A suivre…

 

 

 

 

 

lundi, 17 novembre 2008

Blanche, 2

Elle ne pouvait pas se douter, ma petite tante Blanche, au moment où elle posait pour cette photo, vers 1910, que presque un siècle plus tard elle ferait la UNE d'une maison d'édition ! Sa photo a été choisie comme photo de la semaine. C'est ICI.

Cliquez sur la photo du site pour la voir en plus grand.

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Pour la petite histoire, je précise qu'elle n'était pas mannequin. A l'époque, elle travaillait au Ministère de la Marine à Paris en tant qu'employée de bureau. 

La pose me fait penser à un tableau de Manet, intitulé " Berthe Morisot au bouquet de violettes ", peint en 1872.

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