mercredi, 10 septembre 2008
Où l'on reparle de Catherine M.
Voici donc le retour de Catherine Millet avec son dernier livre, « Jour de souffrance », dans lequel elle parle de la jalousie, sa propre jalousie lorsqu’elle découvrit par hasard que son compagnon de vie, l’écrivain Jacques Henric, avait eu des relations amoureuses avec d’autres femmes. Pour mieux comprendre ce récit, il faut bien évidemment avoir lu au préalable le livre qui fit fureur lors de sa sortie, à savoir « La vie sexuelle de Catherine M. »
Madame Millet, critique d’art et directrice de la revue Art Press est ce que l’on pourrait appeler communément une « chaude ». Son appétit sexuel est pour ainsi dire sans aucune limite. Quand on lit La vie sexuelle de Catherine M., on est frappé par la froideur du récit, et l’absence totale de sentiments. C’est une énumération de ses frasques sexuelles. D’ailleurs le livre est fragmenté en plusieurs chapitres bien définis : le nombre, l’espace, l’espace replié, les détails. L’auteure se comporte comme une ethnographe, détaillant à plaisir le monde dans lequel elle évolue. Il est probable que ce livre en a choqué plus d’un. Personnellement, j’ai bien aimé, ma curiosité naturelle a été pleinement assouvie par tous ces récits. Et puis il fallait quand même un sacré courage pour oser étaler ainsi sa vie privée. A la fin du livre, on a tout de même un sentiment de frustration, on se demande qui peut bien être la femme qui se cache derrière cette insatiable baiseuse.
La réponse est dans son dernier récit. Catherine Millet nous fait part cette fois-ci de ses sentiments, de sa lutte pour lutter contre la jalousie qui la ronge lorsqu’elle découvre les aventures bien gentillettes de son compagnon. Cela parait surprenant pour une femme qui se veut libérée. Elle qui se donne à tout-va refuse l’idée que son compagnon puisse en faire autant. Tout au long du récit, elle dissèque sa jalousie, essayant d’en comprendre le fonctionnement.
Bon, on sort rassuré, madame Millet est une femme comme les autres !
Pour ceux qui voudraient en savoir davantage, je vous conseille de regarder l’émission littéraire sur France 5, samedi 13 septembre, à 13h25. Elle sera parmi les invités.
07:46 Publié dans Livres | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : livre, récit, catherine millet
mardi, 13 mai 2008
Quand maman Houellebecq se met en colère
ça donne un livre, "L'innocente", qui parait ces jours-ci dans les librairies.
Lucie Ceccaldi est la mère de l'écrivain Michel Houellebecq. Elle n'a pas élevé son fils, l'abandonnant à l'âge de cinq mois pour parcourir le monde.
Dans son livre Les particules élémentaires , paru en 1998, Houellebecq dresse un portait peu flatteur de cette mère "indigne". Il ira même jusqu'à annoncer sa mort dans une interview.
La vieille femme, vieille par l'âge, mais l'œil et l'esprit en éveil, ressemble un peu à Alice Sapritch. On l'imagine aisément jouer le rôle de Folcoche dans "Vipère au poing" d'Hervé Bazin. Non, elle n'a pas la fibre maternelle et ne s'en cache pas d'ailleurs.
Je l'ai vue par hasard dimanche soir à la télé alors qu'elle était interrogée par un journaliste. Elle parle peu de son fils dans son livre, mais surtout de sa vie et de ses engagements politiques. Alors tout cela n'est probablement qu'une affaire de marketing afin de faire mieux vendre. De là à supposer qu'elle a des problèmes d'argent, il n'y a qu'un pas...
10:09 Publié dans Livres | Lien permanent | Commentaires (2)
dimanche, 03 février 2008
Chez F.O.G
Franz-Olivier Giesbert recevait hier Jean Louis Debré dans son émission hebdomadaire « Chez .F.O.G ». Je trouve Giesbert très antipathique et sa façon d’interviewer ses invités est à la limite de la politesse. Il leur coupe le plus souvent la parole. Enfin, c’est mon avis.
Mais ce n’est pas de lui, ni même de Jean Louis Debré dont j’aimerais vous entretenir, mais bien plutôt d’un des autres invités de l’émission, à savoir Patrick Declerck, qui venait présenter son dernier ouvrage.
D’emblée cet homme nous apprend qu’il a une tumeur au cerveau, bénigne certes, mais inopérable. J’ai aussitôt repensé au fils de Mimi. Quand la tumeur avait été découverte, elle était déjà assez grosse et évoluait rapidement. Elle lui causait déjà d’affreux maux de tête et le nerf optique était atteint. L’opération devenait urgente Par chance, il a pu être opéré et les séquelles ont été bénignes.
Dans le cas de Patrick Declerck, les choses sont différentes : il est inopérable. Pour l’instant tout va bien, mais du jour au lendemain tout peut basculer. Il est en sursis en quelque sorte.
Nous sommes tous en sursis, mais la différence est que nous ne savons pas le temps qu’il nous reste à vivre. Pour lui la marge d’espérance est nettement rétrécie. Il le dit d’ailleurs.
Et c’est le sujet de son nouveau roman, « Socrate dans la nuit ». Le livre commence ainsi :
« Je suis mort le 5 août 2005, à 8h47 exactement. Je le sais parce que j’ai regardé ma montre. J’étais dans mon lit. Mon chien, de toute sa longueur, était allongé contre mon côté droit. Les chiens aiment dormir dans la chaleur tendre de ceux qui les aiment. Ça les rassure. C’est toujours un peu inquiet, un vivant. »
L’homme est direct, ses propos sont clairs, précis. Je suis donc allée fouiner sur Google pour en savoir davantage sur Patrick Declerck.
Ecrivain, anthropologue, philosophe, psychanaliste… N’en jetez plus ! C’est déjà beaucoup, non ?
Sa qualité d’anthropologue l’a conduit à travailler dans les prisons, à partager avec les clochards leur vie d'errance. En qualité de psychanaliste, il s’est mis à l’écoute de cette population que l’on évite de voir car elle dérange nos bonnes consciences. Bref c’est un homme de terrain, un homme d’expérience. Je suis toujours en admiration devant les gens qui œuvrent auprès des plus démunis.
C’est sûr, lundi je pars à la recherche de ses ouvrages !
Bibliographie :« Les naufragés », Plon, 2001.
« Garanti sans moraline », Flammarion, 2004.
« Le sang nouveau est arrivé », Gallimard, 2005.
« Socrate dans la nuit », Gallimard, 2008.07:50 Publié dans Livres | Lien permanent | Commentaires (5)
jeudi, 17 janvier 2008
Rien de bien réjouissant
dans la lecture du dernier livre de Philip Roth, "Un homme" et quand on a le moral dans les chaussettes, mieux vaut éviter un tel livre.
C'était hier matin en partant aux restos du cœur. Mon attention a été attirée par ce livre exposé avec d'autres chez mon buraliste. Ce n'est pas le titre mais le nom de l'auteur qui a suscité ma curiosité. Je n'avais encore lu aucun livre de cet auteur dont j'ai eu souvent l'occasion d'entendre parler, en bien, sur un blog, ce doit être celui de Mister Goux.
C'est donc l'occasion rêvée de découvrir cet auteur.
L'histoire débute dans un cimetière :
« Autour de la tombe, dans le cimetière délabré,il y avait d'anciens collègues de l'agence de publicité new-yorkaise, qui rappelèrent son énergie et son originalité et dirent à sa fille, Nancy, tout le plaisir qu'ils avaient eu à travailler avec lui. Il y avait aussi des gens venus de Starfish Beach, le village de retraités sur la côte du New Jersey, où il s'était installé en 2001 à Thanksgiving, ces gens âgés auxquels, hier encore, il donnait des cours de peinture. »
Et, pour finir :
« Il coula sans venir voir le coup, sans jamais pressentir l'issue, avide au contraire de s'assouvir encore, mais il ne se réveilla pas. Arrêt cardiaque. Il n'était plus. Affranchi de l'être, entré dans le nulle part, sans même en avoir conscience. Comme il le craignait depuis le début. »
« Un homme», Philip Roth, Ed. Gallimard
La vie banale d'un homme tout aussi banal qui, en vieillissant, prend peu à peu conscience que la route va bientôt s'arrêter. Quand ? Il ne le sait pas encore, il ne veut pas mourir mais c'est le lot commun à tout être humain. Il y a d'abord le vieillissement du corps, puis les maladies, les amis qui disparaissent autour de soi et enfin la perte de toute envie.
C'est le moment de faire le bilan, de se dire qu'on n'aurait peut-être dû faire ceci et ne pas faire cela. Le moment aussi d'essayer de réparer des erreurs commises.
Bref, un livre sombre mais réaliste. Je pense qu'il faut déjà avoir un certain âge pour comprendre les sentiments dépeints dans ce livre.
Je ne conseillerai pas donc pas ce livre à des jeunes.
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mardi, 15 janvier 2008
La route
Cela commence ainsi :
« Quand il se réveillait dans les bois dans l’obscurité et le froid de la nuit il tendait la main pour toucher l’enfant qui dormait à son côté. Les nuits obscures au-delà de l’obscur et les jours chaque jour plus gris que celui d’avant. Comme l’assaut d’on ne sait quel glaucome froid assombrissant le monde sous sa taie. » …
Et pour finir :
«Autrefois il y avait des truites de torrent dans les montagnes. On pouvait les voir immobiles dressées dans le courant couleur d’ambre où les bordures blanches de leurs nageoires ondulaient doucement au fil de l’eau. Elles avaient un parfum de mousse quand on les prenait dans la main. Lisses et musclées et élastiques. Sur leur dos il y avait des dessins en pointillé qui étaient des cartes du monde en son devenir. Des cartes et des labyrinthes. D’une chose qu’on ne pourrait pas refaire. Ni réparer. Dans les vals profonds qu’elles habitaient toutes les choses étaient plus anciennes que l’homme et leur murmure était de mystère.»
J’ai commencé ce livre hier soir et j’en ai terminé la lecture ce matin. En regardant la pluie tomber par la fenêtre, je songe à la pluie froide et noire de suie qui dégouline tout au long des pages de ce livre. Un merle vient de se poser sur le rebord de la fenêtre, oh, un oiseau !... Une brusque averse de grêle vient de s’abattre soudain, accompagnée d’une rafale de vent. Et si un jour le monde devenait tel qu’il est décrit dans ce livre ?
« La route », Cormac McCarthy, Ed. de l'Olivier.
Personnellement, j'opterais plutôt pour une brouette avec des côtés amovibles. Je n'ai jamais très bien su manœuvrer un caddie !
11:30 Publié dans Livres | Lien permanent | Commentaires (0)