jeudi, 06 octobre 2011
214. Bilan d'une décennie -51-
Continuons notre découverte de Huê :
Après le déjeuner, nous partons visiter la citadelle.
Cette ville porta différents noms au cours des siècles. Ce n’est qu’en 1802 qu’elle devint définitivement « Huê » et fut considérée comme la capitale. L’empereur Gia Long, le premier appartenant à la dynastie des Nguyên, commença alors d’importants travaux en vue de l’embellissement de la ville. Ces travaux s’achevèrent en 1833.
13 empereurs régnèrent alors sur le Vietnam jusqu’en 1945. Le dernier empereur, Bao Dai, mourut en exil à Paris en 1997. Il est enterré au cimetière de Passy. Sa dernière épouse, la princesse Vinh Thuy, était une Français, Monique, originaire de Pont-à-Mousson. Ça, c‘est pour la petite histoire.
On sent tout de suite l’influence française dans cette construction qui rappelle de l’extérieur les fortifications de Vauban.
La citadelle couvre une superficie de 400 hectares et elle est entourée d’une muraille haute de 6 mètres, de remparts, de parapets et de bastions.
Au centre de la citadelle se dresse la cité impériale qui reprend la même disposition que la cité interdite de Pékin.
« La porte du midi » est l’entrée principale de la cité.
Le pont de la Voie centrale puis l’esplanade des Grands Saluts.
Le palais du Trône (construit en 1805). C’est l’unique bâtiment qui par miracle a échappé aux bombardements américains de 1968. Il est en effet important de rappeler qu’à Huê se déroula une des plus sanglante bataille de la guerre du Vietnam.
C’était le 31 janvier 1968, au moment de la fête du Têt… Rappelez-vous !
La cité Pourpre interdite qui prolongeait cet ensemble fut malheureusement détruite. C’est dans cet actuel carré de désolation que se trouvaient les appartements privés, les harems de l’empereur.
La couleur des tuiles varie entre le jaune (pour l’empereur) et le vert (pour les mandarins).
Je dois vous avouer quelque chose : j’ai encore été une très mauvaise élève sur ce coup-là ! Au départ j’étais relativement attentive à ce que nous disait notre guide. Or, nous avons eu affaire à un passionné d’histoire… et comme tout passionné, il ne sait plus s’arrêter ! J’ai donc très vite décrochée et je me suis perdue dans les allées, à photographier des fresques, des bonsaïs etc.
Après cette longue visite, nous avons eu droit à un petit tour de cyclopousse puis nous nous sommes bientôt retrouvés sur le marché. Peu de temps car il y avait un monde fou et l’on était complètement oppressé par la foule et les motos qui déambulent également dans les allées étroites.
Lundi 15 janvier 2007 :
Nous voici au 9e jour : ce matin nous quittons l’hôtel pour une promenade en bateau sur «la rivière des Parfums ». Cette rivière porte ce nom car sur ses rives poussent des plantes médicinales et aromatiques. Nous embarquons sur l’un de ces bateaux amarrés tout le long des berges et nous voici partis. Il est encore tôt et une légère brume recouvre la rivière.
Je retrouve le même plaisir que j’avais connu lors de la remontée du Nil, la chaleur en moins.
La principale activité sur la rivière est le ramassage du sable. A longueur de temps des sampans récupèrent ainsi le sable, à l’aide d’un seau jeté au fond. Puis il est remonté à la force des mollets ! Ce travail pénible rapporte environ 20€ par bateau rempli. Il faut compter une bonne journée de labeur (soit plus de 10h de travail) pour que le bateau soit plein et toute la famille participe, même les enfants.
Le paysage est grandiose, la végétation est particulièrement luxuriante.
Premier arrêt pour visiter la pagode de Thiên Mu, appelée aussi « la pagode de la Dame céleste ».L’essentiel des bâtiments et la tour ont été construites en 1841. Une stèle racontant l’histoire de cette pagode est fixée sur une énorme tortue.
Le jardin est splendide.
Nous reprenons le bateau et continuons la promenade. Au passage nous apercevons un éléphant qui vient s’abreuver.
L’arrêt suivant nous permet de découvrir le tombeau de Minh Mang, empereur qui régna de 1820 à 1840. On retrouve le même principe de constructions, les différentes cours, les statues des mandarins.
Retour au bateau : les affaires vont bon train ! Le bateau appartient à une famille qui vit sur ce bateau et tout le temps que dure la promenade, les jeunes filles ont sorti toutes sortes d’objets artisanaux ainsi que de beaux ensembles en soie et en coton… Comment voulez-vous résister ? En tout cas ce matin-là, les affaires furent bonnes pour cette famille car tout le monde (ou presque) est redescendu avec un ou plusieurs paquets sous le bras. Pour ma part j’ai acheté deux ensembles en coton (dont un pour Peggy de couleur écrue), puis un autre ensemble en soie.
[ À ce jour, si l’ensemble en coton a fait de l’usage, l’autre est toujours dans son emballage.]
Le car nous attend au débarcadère : en chemin nous recroisons un éléphant. Retour à Huê pour le déjeuner.
A suivre…
La bataille du Tet, janvier 1968 :
07:43 Publié dans Croque mots, Voyages | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : voyage, vietnam, huê
mercredi, 05 octobre 2011
213. La nouvelle voisine
Matinée chargée : je suis en train de faire refaire mes papiers (carte d'identité et passeport). C'est le vrai parcours du combattant ! Je suis allée chercher l'acte de naissance à la maire de Tours et je retourne vendredi prochain à la mairie de Joué-les-Tours avec mon dossier. C'est sur rendez-vous, comme chez le médecin ! De plus on ne peut plus conserver l'ancien passeport. C'est dommage, m'enfin ...
Dernier bouquet des fleurs du jardin : les tournesols poussent librement sous les mangeoires des oiseaux.
Enfin je viens de faire la connaissance de ma nouvelle voisine. Elle s'appelle Sushi et n'est pas Japonaise comme on pourrait le supposer. En fait, il s'agit de la petite chatte du jeune couple qui vient d'acquérir la maison voisine de la mienne. Elle a six mois et ne manque pas d'aplomb. Elle a fait un trou sous le grillage de séparation et a déjà repéré le bol des croquettes dans la cuisine ! Elle me rappelle l'ancienne petite chatte des autres voisins (Zometa) qui avait élu domicile chez moi, avec mes deux autres chats.
Dans un sens je suis contente car elle semble bien s'entendre avec Théo. Et pour lui, ce sera toujours mieux que ma seule compagnie ...
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mardi, 04 octobre 2011
212. Un matin à Bénarès
Les premières lueurs de l'aube viennent éclairer les façades des anciens palais qui connurent leurs heures de gloire et qui, aujourd'hui, ne sont plus que des ruines s'affaissant peu à peu dans les eaux troubles du fleuve nourricier, le Gange.
Dans la demi-pénombre, je descends le ghât. La ronde incessante des horribles corbeaux croassants au-dessus de ma tête me donne la chair de poule. La brume qui recouvrait le fleuve s'estompe petit à petit et sur les berges on aperçoit les premiers arrivants pour le bain rituel. Il est temps de grimper dans la barque qui va très lentement longer toute la rive et me faire découvrir un spectacle à la fois surprenant, éblouissant et affreusement horrible.
À chaque fois que je revois ces photos, je me sens envahie par un étrange sentiment, mélange de fascination et de mélancolie. Il m'arrive même parfois de douter un instant que j'y sois vraiment allée.
Et pourtant ...
20:47 Publié dans Voyages | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : voyage, inde, benares
lundi, 03 octobre 2011
211. La boîte
Ce n'est pas nouveau, mais vous n'avez peut-être pas eu l'occasion de lire cette petite nouvelle :
Coup de sonnette. Le portier se dirigea vers le judas. En voyant la personne qui attendait, son visage s’éclaira d’un large sourire et il ouvrit rapidement la porte :
Bonsoir, il y a bien longtemps qu’on ne vous avait vue ! C’est un grand plaisir.
La femme, indifférente à ces propos, s’avança dans la pièce obscure et se dirigea vers le vestiaire. Elle quitta son manteau, puis ses chaussures. De son grand sac, elle sortit une paire de chaussures à talons hauts qu’elle enfila prestement tout en tendant son vêtement à la fille qui s’occupait du vestiaire.
Son arrivée n’était pas passée inaperçue. Trois hommes au bar qui discutaient s’étaient arrêtés subitement et leurs regards étaient maintenant fixés sur la femme, la déshabillant du regard.
Elle était assez grande, des cheveux courts frisés, deux petites perles d'or aux oreilles. Elle portait un chemisier échancré de soie noire et une jupe moulante qui s’arrêtait juste au-dessus du genou. Elle n’était pas spécialement belle, mais il émanait de tout son être une grande sensualité, tant dans la façon dont elle s’assit sur le haut tabouret que dans la manière lente et très étudiée dont elle porta une cigarette à ses lèvres.
Du feu ? L’un des hommes s’était précipité vers elle, devançant les autres.
Elle ne répondit pas, se contentant d’approcher la cigarette de la flamme qu’il lui tendait. Elle posa une main sur celle de l’homme qui tenait le briquet et un frisson parcourut alors ce dernier. Elle releva la tête, le dévisagea un court instant puis lui répondit d’une voix chaude et grave :
Merci.
Un grand silence régnait dans la boîte. Seule, la musique en fond rappelait qu’on était bien dans une discothèque. La piste était vide à cette heure de la journée.
La femme avait commandé une pina-colada et tout en sirotant son verre, elle détaillait chacun des hommes présents, choisissant sa future proie tout en gardant un air impassible.
Celui qui lui avait donné du feu précédemment s’était déjà installé sur le tabouret tout près, essayant d’engager la conversation :
Vous venez souvent ici ?
Quelle importance ? Le principal n’est-il pas que je sois là à cet instant précis ?
Le ton avait été sec et surprit l’homme qui ne sut quoi répondre.
En voilà un d’éliminé, songea la femme avec un petit sourire méchant tout en continuant à siroter son verre.
Elle fixait maintenant les deux autres qui avaient repris leur conversation, ce qui ne les empêchait pas de jeter de temps à autre un coup d’œil vers elle. Elle était patiente, elle avait le temps, le temps qu’il fallait pour observer l’allure générale, les poses, l’habillement, la gestuelle, tout ce qui fait qu’un homme peut plaire physiquement, peut donner l’envie d’une étreinte le temps d’une ou de plusieurs danses et qui sait, après…
Justement, il y en avait un qui ne lui déplaisait pas. Grand, allure désinvolte, ce petit je ne sais quoi qui lui provoqua un petit frisson dans le bas des reins.
Bon, pas de panique, tout en douceur, songea- t- elle. Elle l’observait fixement au travers de la glace qui se trouvait située derrière le bar. Au bout de quelques minutes, leurs regards finirent par se croiser. Elle ne baissa pas les yeux, lui non plus. Il sourit…Elle fit alors un geste de la main en direction du disc-jockey, dans sa cabine. Celui-ci arrêta aussitôt l’air en cours et en mit un autre.
Oh, elle n’eut pas besoin d’attendre très longtemps. Il était déjà là, devant elle, un sourire inquisiteur :
On danse ?
Sans répondre, elle descendit de son siège et le suivit au milieu de la piste… Hum, le disc-jockey connaissait ses goûts.
L’homme l’avait saisie par la taille, et lui chuchota à l’oreille :
Laisse-toi guider !
Elle ne demandait que ça, la coquine !...
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— C'est à vous, madame ! Qu'est-ce que je vous sers ?
— Plait-il ? ... Oh, oui, excusez-moi. Bon, alors vous me mettrez ... euh ... pfff ... disons une baguette !
Je ressors de la boulangerie. Bon alors, où en étais-je ? Ah oui, je suis sur la piste de danse ...
Quand le pouvoir de séduction a malheureusement définitivement disparu, il ne reste que les rêves. C'est toujours mieux que rien.
22:43 Publié dans Petites nouvelles de rien du tout | Lien permanent | Commentaires (4)
210. Bilan d'une décennie -50-
Dimanche 14 janvier 2007 :
La veille au soir, Tien nous a prévenu : Demain vous serez réveillés à 3h45. Un petit déjeuner vous sera servi à 4h30. Ensuite nous partirons pour l’aéroport. Nous devons y être à 5h pour l’enregistrement des bagages.
A 3h30 je suis déjà dans le hall de l’hôtel. J’avais repéré la veille au soir qu’il y avait un ordinateur, l’occasion d’envoyer un mail à ma fille pour lui donner de mes nouvelles et prendre des siennes.
Sur la route menant à l’aéroport, on remarque, malgré l’heure matinale, un trafic intense. Les gens se rendent à la ville pour y vendre leurs produits. Les vélos sont chargés au maximum, la plupart ne sont pas éclairés.
Tien se charge de l’enregistrement de tous nos bagages. C’est l’heure des adieux car nous aurons bientôt un autre guide pour le reste du voyage. Durant la nuit, Tien a gravé pour chacun d’entre nous un CD sur lequel il a mis toutes les photos qu’il a prises du groupe durant cette semaine passée ensemble. Attention très délicate qui, personnellement, me touche beaucoup !
A 6h l’avion décolle. Le vol dure environ 2h30. Destination : Huê.
Avec une population d’environ 400 000 habitants, Huê est une jolie ville au passé culturel très riche. Elle s’étire nonchalamment le long de la rivière des Parfums et la mer n’est qu’à 20km seulement.
Durant la guerre, elle a eu à subir d’énormes destructions. On estime que sur les 300 monuments historiques de la ville, 80 seulement ont pu être sauvegardés.
Mais nous voici dans le hall de l’aéroport. De l’autre côté de la vitre nous apercevons notre nouveau guide. Il s’appelle Thuan.
Il nous conduit bientôt à l’hôtel, le « Gold Hotel » et nous laisse une bonne heure à reprendre quelques forces.
Il pleut sur Huê ou plutôt il tombe un léger crachin, mais la température est très douce, environ 20°. Je repense à Isabelle et son amie que j’avais rencontrées à mon départ de Roissy. Leur séjour doit être maintenant terminé.
La matinée commence donc par la visite d’un des nombreux tombeaux royaux construits dans cette vallée.
Nous visitons le tombeau de l’Eternité dédié à l’empereur Tu Duc qui régna de 1848 à 1883. La construction de son tombeau commença de son vivant , en 1864, pour s’achever en 1867. Les conditions de travail y étaient particulièrement pénibles pour les trois mille ouvriers et ils se révoltèrent en 1867.
L’endroit est un véritable havre de paix : un parc magnifique au milieu duquel se trouve un lac artificiel recouvert de nénuphars. Le parc est agrémenté de pavillons sur pilotis où l’empereur aimait se rendre pour écrire de la poésie.
Un imposant escalier mène à une première bâtisse qui lui faisait office de bureau. On accède ensuite à une autre cour où se trouvaient les appartements privés de l’empereur. A ce sujet, l’empereur eut plus de 100 épouses et concubines, mais, malgré cela, il ne réussit jamais à avoir d’héritiers ! Il aurait attrapé les oreillons dans sa jeunesse ce qui l’aurait rendu stérile.
Ensuite on accède à la cour d’honneur avec ses rangées de mandarins et d’animaux traditionnels (les chevaux et les éléphants). La taille des statues est volontairement petite car il était interdit de représenter les mandarins plus grands que l’empereur et comme celui-ci ne mesurait pas plus de 1m45, vous comprenez.
Un peu plus loin se trouve la stèle en marbre qui vante les mérites de l’empereur ; elle est gravée en caractères chinois et pèse plus de 20 tonnes. C’est une sorte d’autobiographie rédigée par l’empereur lui-même. Enfin on accède au tombeau proprement dit de l’empereur. ( tiens, je n’ai pas photographié ? …)
Tous les bâtiments sont en restauration suite aux dégâts produits par une importante crue de la rivière qui laissa des traces noires que vous apercevez sur les photos.
On était bien dans ce parc, s’il n’y avait eu que moi, on y serait bien resté un peu plus longtemps. Mais d’autres visites nous attendent.
Sur le chemin du retour on s’arrête devant une petite échoppe où une famille fabrique des bâtons d’encens. La petite jeune fille nous fait un peu pitié et dans le coup on achète tout le stock !
Puis nous rentrons à Huê pour le déjeuner.
A suivre
20:48 Publié dans Croque mots | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : voyage, vietnam, huê