Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

vendredi, 10 août 2018

Une, deux, trois

Un correspondant vient de m'envoyer gracieusement une photo de la place Plumereau, à Tours, prise dans les années 60. C'est bien le souvenir que j'en gardais ...

Voici l'évolution de cet endroit en trois photos :

Vers 1930 :

plum1.jpg

Vers 1960 :

plum2.jpg

De nos jours :

plum3.jpg

lundi, 25 novembre 2013

200. Les brèves de comptoir -1-


podcast

Je ne me reconnais plus bien dans l‘époque actuelle. On vit dans un monde aseptisé, lisse, où les différences entre les individus sont de moins en moins flagrantes. Finalement on tend à vouloir nous faire entrer dans un moule, à faire de nous des moutons dociles à qui l’on dicte ce qu’il faut penser, ce qu’il faut acheter. Bref un monde de robots  où la violence contenue resurgit dans des comportements agressifs. Il est évident que cette société ne me plait pas, c’est sans doute la raison pour laquelle je reste calfeutrée chez moi. 

Il m’arrive très souvent de repenser à ma jeunesse et à tous ces gens qu’un jour j’ai croisés au hasard des rencontres. Il y a longtemps déjà … Ils sont tous morts aujourd’hui, mais ils apparaissent parfois dans mes rêves, la nuit.

Faisons un plongeon dans le passé : nous sommes au début des années soixante. Du haut de mes onze ans, et quand j’ai fini mes devoirs, j’aime bien me mettre à la caisse pour vendre des cigarettes, des journaux et des timbres. Ma grand-mère a toujours un œil sur moi, au cas où je me tromperais dans les calculs. Mon père et ma mère, eux, servent les clients au bar.

annee58.jpg

Le décor est planté, faisons maintenant entrer les acteurs :

— Tiens, voici Mr T !

 Il a un poste important dans les bureaux de la sécurité sociale et c’est notre voisin. De ma fenêtre de chambre, j’aperçois son jardin et ses deux enfants qui jouent ou se chamaillent. L’aîné est un garçon un peu plus jeune que moi qui maltraite souvent sa petite sœur ou torture son chat.  Dès que sa journée de travail est terminée, Monsieur T. se précipite chez nous jusqu’à la fermeture. Il n’est pas pressé de rentrer chez lui et d’y retrouver sa femme. Alors il traîne, il paie des pots à n’importe qui et quelquefois il a du mal à trouver la sortie. Un soir il est tombé sur le trottoir et s’est retrouvé coincé dans la bouche d’égout. Il a fallu qu’on le sorte de là …

Un de ses acolytes s’appelle Toto. Au début des années soixante, il devait avoir une trentaine d’années. Toto avait une jambe en moins, perdue sous un train qu’il  n’avait pas entendu arriver. C’était un bon garçon mais il n’avait  pas grand-chose à dire. On se demande d’ailleurs de quoi ils pouvaient bien parler ensemble ! Toto était capable de rester toute une journée accoudé au comptoir. Ces jours là il vidait facilement sa bouteille de Ricard… Alors, le soir, mon père lui confisquait son solex et demandait à un voisin de le raccompagner chez lui.  

— Tiens, bonsoir Mr D !

Lui est chef de chantier dans une usine métallurgique près de chez nous. Lui non plus n’est pas pressé de retrouver une femme revêche et prétentieuse. Mais il sait garder la mesure. Il attend simplement que le temps passe … Natif de Bourgueil, il eut Jean Carmet comme copain d’enfance. 

Ils sont un petit nombre de cette usine à venir chez nous. Quelquefois, le patron de l’usine passe en vélo et s’arrête acheter le journal.

L’abattoir n’avait pas encore été démoli et le lundi les marchands de bestiaux envahissaient le café. Ils portaient des blouses grises, tenaient un bâton avec un pique au bout, pour enfoncer dans le cul des vaches peu pressées de monter dans leur camion. Quand ils avaient fait de bonnes affaires, ils venaient avec les bouchers et tout se finissait devant une coupe de champagne. Ils étaient bruyants, avaient des manières de rustres et maman avait une peur bleue de les servir. Mais mon père veillait …

Il y avait aussi l’équipe de ceux qui traitaient les peaux de bêtes. Leur local se trouvait situé tout au bout du boulevard et une odeur pestilentielle prenait à la gorge quand on passait devant. Ces hommes avaient fini par prendre l’odeur sur eux et, quand ils venaient à la maison, tout le monde s’écartait. L’un d’entre eux –dont j’ai oublié malheureusement le surnom- n’avait pas beaucoup de sous et était prêt à tout pour se faire payer un pot. Prêt à tout … Jusqu’à avaler une poignée d’asticots !

Durant les évènements en Algérie, nous eûmes un jour un Algérien qui vint se réfugier dans le café. Au-dehors, deux ou trois autres, probablement du FLN, l’attendaient pour lui trancher la gorge. Il était donc là, assis devant son café, tremblant comme une feuille. Mon père téléphona à la police qui ne se déplaça pas. Finalement, le soir, l’Algérien finit par quitter sa place et sortit … Je ne sais pas ce qu’il advint de lui.

Après 1962 on vit arriver les premiers Pieds-Noirs. Près de chez nous deux menuisiers s’installèrent. Ils avaient tout perdu et repartaient de zéro. J’aimais bien écouter leur accent chantant et c’est à cette époque que j’ai retenu l’expression « purée d’nous autres  ! » que j’emploie encore aujourd’hui très fréquemment.

Une partie de l’hôpital d’Alger débarqua aussi  au CHU. La cardiologue, Melle B , qui fumait comme un pompier, s’arrêtait tous les jours faire provision de cigarettes. Elle devint par la suite une cardiologue réputée mondialement.

 Un jour, on vit arriver une équipe d’ouvriers allemands. Ils venaient construire la première usine à béton et étaient logés dans un petit hôtel près du stade. Ils restèrent plus d’un an et on les voyait chaque jour, matin et soir, venir boire des bières. J’avais sympathisé avec l’un d’entre eux, Hans. Il avait trente-six ans et avait participé à la bataille des Ardennes où il avait été décoré de la Croix de Fer. À l’époque j’avais quinze ans et cet homme me fascinait.

Deux ans plus tard j’eus l’occasion de le revoir en Allemagne. Mais le charme était définitivement rompu.

Le café de mes parents était situé dans un quartier où, à l’époque, on comptait pas mal d’usines. Mon père ouvrait le matin à six heures moins le quart. Il y avait déjà les habitués qui attendaient à la porte et se précipitaient boire un petit café-calva avant l’embauche.

— Patron, un p’tit blanc !

Ils étaient peu bavards ces pauvres bougres qui s’en allaient ensuite souder les bidons chez S. ou encore grimper sur des échafaudages métalliques en évitant de penser au vertige qui les prenait aux tripes.

Quand maman était malade, je la remplaçais et me mettais à la caisse avant de partir au lycée. Ma grand-mère prenait ensuite le relais.

Le midi je rentrais déjeuner vite fait à la maison et le soir je me retrouvais seule jusqu’au moment de la fermeture. Mais la journée était loin d’être terminée … Tandis que mon père remplissait les casiers, ma grand-mère remettait des cigarettes en place, triait les journaux invendus puis faisait la caisse. Moi, je balayais le café. Il fallait mouiller le sol pour éviter la poussière et je revois encore tous ces mégots jonchant le sol et laissant d’affreuses traînées sous les poils du balai. Puis mon père passait la serpillère et nous allions ensuite dîner.

Ce n’est qu’en 1963 que mes parents eurent le droit de prendre des vacances. C’est à cette époque que j’ai découvert la mer pour la première fois …

 

À suivre

06:27 Publié dans Nostalgie | Lien permanent | Commentaires (5)

mardi, 17 juillet 2012

146. La page est définitivement tournée


podcast

Je vous avais parlé, il y a presque six mois maintenant, de ma maison d’enfance dont j’ai hérité à la mort de mon père.

Cette maison date du début des années 1900. Le premier à s’y installer fut mon arrière grand-père Louis qui tenait le café situé au rez-de-chaussée. Il y avait une salle de bal attenant au café. Dans les années trente, cette maison revint à ma grand-mère qui reprit le commerce avec son mari. Puis, au décès de mon grand-père, en 1960, ce fut au tour de mon père de reprendre le flambeau.

Je suis donc née et j’ai passé toute mon enfance et mon adolescence dans ces lieux.

Le temps passa, la maison vieillit, tout comme moi, et à la fin de l’année dernière, des travaux d’envergure durent être entrepris. N’ayant pas la fortune de Rotschild, il ne me restait qu’une solution : mettre en vente.

Les tractations s’engagèrent donc avec mes actuels locataires et nous somme finalement tombés d’accord sur un prix. Ils sont gagnants sur toute la ligne et, de mon côté, j’estime que je m’en sors pas trop mal.

Bref, il a donc fallu que je retourne sur les lieux plusieurs fois. Ces visites ont été particulièrement pénibles sentimentalement. À chaque fois, je revoyais le passé surgir :

Dans le jardin

dolly2.jpg

pho15.jpg

À la caisse

cafe.jpg

annee58.jpg

À la fin de la signature de l’acte de vente, la notaire rajoute, en se tournant vers moi :

— Ça doit vous faire quelque chose ?

Dans un effort quasi surhumain, j’ai retenu mes larmes et lui ai répondu :

— Bof, c’est la vie, la roue continue de tourner …

Une chose est certaine : chaque fois que je passerai dans le quartier, je n’aurai plus l’angoisse de me dire en regardant la maison : comment est la toiture ? Combien de temps encore va tenir la grille du jardin ?

Adieu papa, adieu maman, nous avons tout de même été heureux dans cette maison !

la maison1.jpg

 

04:29 Publié dans Nostalgie | Lien permanent | Commentaires (10)

jeudi, 14 juin 2012

118.Portrait de Napoléon

Revoici l'ancien clochard "Napoléon". On pouvait le voir déambuler dans son domaine, les quartiers miséreux de Tours, avant que ceux-ci ne deviennent le coin branché de la ville. D'autres clochards occupent encore les lieux mais ils sont plus discrets. Pour beaucoup de gens, ils font "tache".

Autre temps, autres mœurs !

ph17.jpg

Voir la suite ICI.

07:50 Publié dans Nostalgie | Lien permanent | Commentaires (2)

mercredi, 13 juin 2012

116. L'hôtel Tourne Guide

Il y a bien longtemps maintenant que cet hôtel situé à Tours a été détruit. J'ai toujours regretté cette démolition car la bâtisse avait beaucoup de cachet et ne semblait pas en si mauvais état. Mais c'est ainsi !

hotel, tourne bride

Au fait, savez-vous à quel endroit de la ville il se situait ? 

Puisqu'on est dans les souvenirs, j'ai repris la série "L'âme du vieux Tours" grâce aux nouveaux clichés  que m'a donnés  M.Paul Martinaud.

Vous les trouverez en cliquant ICI.