Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

mercredi, 24 février 2010

74. Sur les bancs de l'école -13-


podcast
Cette année scolaire 1964/65 en seconde AB fut pour moi un vrai cauchemar. Pour la première fois, je sentais que je perdais pied. Pourtant j'étais toujours aussi appliquée, mais rien n'allait comme je voulais. La seule bonne chose qui me soit arrivée fut une dispense de gymnastique : à la maison je m'étais déboîtée le genou droit et j'avais eu un bel épanchement de synovie. À la suite de quoi j'avais été dispensée de sport jusqu'à la fin de l'année et comme par la suite mon genou restait sensible, je fus dispensée jusqu'au bac.

Ce qui devait arriver arriva : je dus refaire une seconde. Quand j'appris la sentence, je devins l'ombre de moi-même, je n'osais plus sortir, dans la rue je rasais les murs. J'avais la sensation d'avoir un écriteau dans le dos sur lequel était mentionné : « cette élève est nulle ». Peu à peu je développai un complexe d'infériorité qui depuis lors ne m'a plus jamais quittée. Aujourd'hui encore quand je rencontre de nouvelles personnes, j'ai toujours tendance à me positionner en retrait. Bien souvent les gens prennent ça pour de la froideur. S'ils savaient !

De son côté, mon père n'était pas tendre. Il ne cessait de rabâcher :

Tu travailles pour toi. Si tu veux finir ta vie à souder des bidons chez Schmidt, c'est ton problème ! »

 Nous voici donc en 1965. cette année-là :

annee1965.jpg

3 janvier : petite révolution dans l'église, les prêtres ont désormais l'autorisation de célébrer la messe en français. Je trouve que ça a perdu de son charme, mais bon, n'étant pas croyante, je n'ai pas mon mot à dire.

24 janvier : mort de Sir Winston Churchill.

7 février : début de la guerre au Vietnam.

21 février : assassinat du militant noir Malcolm X à Harlem.

6 mars : 1er épisode du feuiileton « Belphégor » à la télévision.

8 mars : Alain Calmat devient champion du monde de patinage artistique à Colorado Spring.

28 avril : les Marines américains débarquent à Saint-Domingue.

12 mai : mort de l'écrivain Roger Vailland.

19 juin : en Algérie Ben Bella est renversé par Boumediene.

16 juillet : ouverture du tunnel sous le Mont-Blanc.

Au mois d'août mes parents et moi partons en vacances en Alsace, puis en Forêt Noire et dans le Jura Souabe. Je n'ai guère de souvenirs de ces vacances, si ce n'est l'achat d'un coucou à Triberg. Nous dormions à l'hôtel et je partageais ma chambre avec ma grand-mère qui ronflait comme un sonneur ! Nous avions fini notre périple dans une petite auberge située au nord du lac de Constance. Là, nous fûmes admis à la Stammtisch.

Un soir, il y eut une réunion des habitués en culotte de cuir  et dans la nuit, mes parents commencèrent à angoisser quand ils entendirent les chansons évocatrices des sombres années d'occupation ! Nous fîmes plus ample connaissance avec un couple de personnes âgées qui habitaient Reutlingen, près de Stuttgart et chez qui je fus invitée l'année suivante.

27 août : mort de l'architecte Charles-Edouard Jeanneret, plus connu sous le nom de Le Corbusier.

4 septembre : mort à Lambaréné, au Gabon, du docteur Albert Schweitzer. Il avait reçu le prix Nobel de la Paix en 1952.

Septembre : je suis en 2ème a2a. Par chance j'ai retrouvé quelques copines  qui doublent aussi.

2eme.jpg

 

9 novembre : la ville de New-York est plongée dans le noir pendant quatorze heures suite à une panne d'électricité.

24 novembre : coup d'état du général Mobutu dans l'ex Congo belge.

 En 1965 je fêtai mes 16 ans. Ma grand-mère m'avait offert une paire de chaussures à talons. Je me souviens très bien du calvaire que cela avait été de marcher avec ! Ce fut la première et dernière fois que je mettais des talons, au grand dam de mon mari qui trouvait cela d'une élégance extrême. Là-dessus je lui rétorquais :

Ça ne me va pas, j'ai une allure sportive ! Effectivement  j'avais l'allure sportive, mais seulement l'allure...

Je lisais beaucoup, surtout des romans. Seize ans, c'est l'âge où les sens d'éveillent et je me souviens que je tombais constamment amoureuse. Un jour, c'était le chauffeur du bus que je trouvais particulièrement séduisant. Le lendemain c'était un garçon qui prenait chaque jour le même car que moi. Je l'observais du coin de l'œil tout en jouant les indifférentes. Jamais je ne lui ai adressé la parole. Un jour il disparut brutalement... J'en fus extrêmement peinée mais je le remplaçai vite. Il y eut aussi un Allemand qui venait chez mes parents. Il travaillait au montage d'une usine près de chez moi et était donc venu pour plusieurs mois en France. Il logeait dans un petit hôtel sur le boulevard. Cet amour tout à fait platonique dura donc quelques mois et il y eut une suite que je vous raconterai dans le prochain épisode. Il s'appelait Fritz.

 En fait, je ne connaissais rien des garçons. Il faudra encore attendre quelques années pour que je commence à en fréquenter quelques uns. Je n'étais pas ce que l'on pourrait appeler une précoce ! Je me contentai d'élaborer des scénarios des plus rocambolesques.

 À la radio, en 1965, on pouvait entendre :

France Gall, Poupée de cire, poupée de son - Hervé Vilard, Capri, c'est fini - Christophe, Aline - François Deguelt, Le ciel, le soleil et la mer, Jean Ferrat, Potemkine - Claude François, Même si tu revenais - Adamo, Mes mains sur tes hanches - Sacha Distel, Scandale dans la famille - Gilbert Bécaud, Quand il est mort le poète - The Beatles, Yesterday - Sheila, Le folklore américain - Guy Marchand, La passionata - The Rolling Stones, Satisfaction

 Enfin sur les écrans :

cinema1965.jpg

Sans oublier, bien sûr :


zorba le grec
envoyé par fandor91. - Regardez des web séries et des films.

 Je rajoute maintenant la palme d'Or au Festival de Cannes :The_Knack_...and_How_to_Get_It(1965)[1].jpg The knack and how to get it, de Richard Lester.

18:23 Publié dans Nostalgie | Lien permanent | Commentaires (1)

72. Sur les bancs de l'école -12-


podcast

L'année 1964 :

annee1964.jpg

27 janvier : la France reconnait la Chine de Mao Tsé-Toung (ou, si vous préférez, Mao Zedong).

5 avril : mort du général américain Douglas Mac Arthur, commandant en chef dans le Pacifique durant la deuxième guerre mondiale.

12 juin : Nelson Mandela, ancien vice-président de l'African National Congress, est condamné à la prison à perpétuité.

19 juin : Eric Tabarly remporte la 2ème Transat en solitaire à bord de Pen Duick II.

11 juillet : mort de Maurice Thorez.

maisoncroisic1.jpgLes vacances arrivent et je pars au bord de la mer chez ma tante qui avait un appartement au Croisic. Juste après la guerre elle avait vendu une grande propriété qu'elle possédait sur la côte sauvage et avait racheté tout le rez-de-chaussée dans cette grande maison qui est face à la mer. Je m'étais fait une copine, Nicole, une jeune Parisienne qui venait elle aussi en vacances chez sa grand-mère et qui demeurait juste à côté. Le soir ma tante et moi allions très souvent dîner au restaurant situé en face, « L'Océan ». Là on retrouvait toute une faune de profiteurs qui venaient -comme nous- dîner à l'œil sous le prétexte qu'ils avaient aidé financièrement les propriétaires à s'installer. Ça allait de l'évêque parisien qui habitait au premier étage juste au-dessus de chez ma tante, qui vivait avec sa prétendue cousine, qui tendait sa main pour qu'on la lui baise  et que l'on devait appeler « Monseigneur », à l'antiquaire de Nantes qui avait fait fortune de façon pas très catholique durant la guerre. Là-dessus venait s'ajouter toute une bande de pique-assiettes du même acabit. Ma tante, qui n'était déjà plus de toute première jeunesse, connaissait bien  le passé de tout ce beau monde d'un snobisme délirant et elle avait pris un malin plaisir à me raconter des anecdotes assez savoureuses. C'était donc assez amusant de voir les manières que prenaient tous ces gens qui essayaient de paraître des aristocrates mais qui n'en avaient pas l'étoffe ! L'antiquaire et sa femme se vouvoyaient, leurs enfants les vouvoyaient également. Evidemment ça fait plus chic !  On en oublierait presque que le grand-père tirait sa charrette pleine de ferrailles dans les rues avant la guerre... Les enfants de ces gens-là étaient de la même veine, arrogants et vaniteux. Comme nous étions à peu près du même âge, nous nous retrouvions regroupés ensemble le soir au dîner. C'est là que je mis en pratique mes dons de comédienne pour ne pas me laisser bouffer toute crue par une bande de petits snobinards ! Un soir, il leur prend l'idée de chercher dans le Who's who (bottin mondain de la BONNE société française, la seule jugée digne d'être fréquentée selon eux) tous les noms des gens qu'ils connaissaient. Il va s'en dire qu'ils étaient dans la liste.

Et toi ? me disent-ils alors d'un air dubitatif.

Oh moi, vous savez, c'est le genre de chose qui ne compte pas vraiment dans ma famille. Mais je crois que mon oncle y figure. Il est joaillier avenue de l'Opéra à Paris.

Et les voilà qui vérifient mes dires...

Ah oui, effectivement ! D'un coup j'étais remontée dans leur estime, pauvres imbéciles. C'est bien parfois de savoir que les homonymes existent ! Ce joaillier n'avait aucun lien de parenté avec moi,  si ce n'est de porter le même patronyme !

Je ne sais pas ce que sont devenus tous ces gens et je n'ai jamais cherché à le savoir du reste, trop heureuse de n'avoir pas à évoluer dans un monde aussi superficiel où seules comptent les apparences.

Mais revenons maintenant à l'année 1964 :

En août je pars quinze jours en Allemagne. C'est mon premier voyage à l'étranger. La ville de Tours était jumelée avec une ville de la Ruhr, Mülheim, et tous les ans était organisé un échange linguistique. Ma correspondante s'appelait Brigitte, c'était une fille très dynamique. Nous avons d'emblée sympathisé. Elle habitait une très belle maison dans la banlieue de la ville. Son père travaillait à Bilbao, en Espagne, il n'était pas souvent chez lui. Elle avait aussi deux frères, l'aîné poursuivait ses études de médecine. Pour la première fois je pus mettre en pratique mes connaissances germaniques et il faut bien reconnaître que ce fut une catastrophe ! J'arrivais à me faire comprendre mais j'avais un mal fou à comprendre ce qu'on me disait. On doit bien reconnaître que l'apprentissage des langues étrangères en France - surtout à cette époque- n'a jamais donné les possibilités de pouvoir parler. L'écrit a toujours eu trop d'importance.

Après ces quinze jours bien remplis, Brigitte est ensuite venue à la maison. Nous l'avons emmené à La Rochelle, dans l'île de Ré. Nous avons continué à correspondre pendant quelques années encore et puis, c'est comme tout, la correspondance s'est espacée. Un jour j'ai reçu un faire-part de mariage.

En septembre j'entre en seconde. Je n'ai pas la photo de la classe. Une année en demi-teinte sur un fond de cataclysme familial. Durant cette année, il y eut une violente querelle entre mes parents, une tornade comme je n'en avais jamais vue entre eux. Cet évènement me traumatisa profondément. Mes résultats scolaires s'en ressentirent. À cela vous rajoutez des professeurs qui ne me convenaient pas du tout. Je pense tout particulièrement au prof de français-latin, une vraie peau de vache qui me terrorisait. Elle piquait des colères bleues, balançait les craies dans la classe, déchirait des copies quand elle estimait que le travail n'était pas correct. J'allais au lycée la trouille au ventre. Cela ne fit qu'empirer tout au long de cette année scolaire. Mais j'y reviendrai au cours de l'année 1965...

9 septembre : mort du peintre André Derain.

14 octobre : à Moscou Léonid Brejnev devient le premier ministre du parti communiste.

10 décembre : Jean-Paul Sartre refuse le prix Nobel.

19 décembre : les cendres de Jean Moulin sont transférées au Patnhéon.

 Quelques titres de chansons que l'on pouvait fredonner en 1964 :

Adamo, Les filles du bord de mer, Vous permettez Monsieur, - Barbara, Nantes - Claude François, J'y pense et puis j'oublie - Eddy Mitchell, Toujours un coin qui me rappelle - France Gall, Sacré Charlemagne - Françoise Hardy, Mon amie la rose - Georges Brassens, Les copains d'abord - Jean Ferrat, La montagne - Johnny Halliday, Le pénitencier - Pierre Perret, Le Tord-boyau - Sylvie Vartan, La plus belle pour aller danser - Henri Salvador, Zorro.

 Côté cinéma :

cinema1964.jpg

  Enfin à la télévision, début d'un feuilleton qui allait connaître un grand succès :

À suivre

05:45 Publié dans Nostalgie | Lien permanent | Commentaires (1)

dimanche, 21 février 2010

68. Sur les bancs de l'école -11-

Jean Ferrat, Nuit et brouillard
podcast

 Restons encore un peu en 1963 si vous le voulez bien.

 annee1963.jpg

8 janvier : la Joconde part pour un voyage aux États-Unis. Elle est exposée à la National Gallery de Washington, puis au Metropolitan Museum de New-York.

 30 janvier : mort du compositeur Francis Poulenc.

21 mars : fermeture du pénitencier d'Alcatraz situé dans la baie de San Francisco.

10 avril : le sous-marin américain Thresher disparait au large de Boston avec 129 hommes d'équipage à son bord.

11 mai : violents incidents raciaux en Alabama.

16 juin : première femme dans l'espace ! Il s'agit de Valentina Terechkova.

26 juin : visite de John Kennedy à Berlin. Acclamation délirante de la foule lorsqu'il prononce : Ich bin ein Berliner !

5 août : signature du traité de Moscou sur l'arrêt partiel des essais atomiques.

ronald_biggs[1].gif8 août : attaque du train Glasgow-Londres. Ce hold-up fut considéré comme le casse du siècle Il avait en effet rapporté près de 70 millions d'euros à ses auteurs qui furent tous arrêtés. Cependant le cerveau de l'affaire, Ronald Biggs, réussit à s'évader de prison. Il se fit refaire le visage, changea d'identité. ... La suite de ses aventures rocambolesques ICI.

Finalement, ruiné, malade, il finit par se rendre à la police anglaise en 2001. Il est actuellement toujours en prison.

28 août  : marche de protestation contre les discriminations raciales  et l'inégalité des droits à Washington. Cette manifestation est menée par le pasteur Martin Luther King.

30 août : installation d'une ligne directe reliant Moscou à Washington que l'on désignera sous le nom de téléphone rouge.

31 août : mort du peintre Georges Braque.

4 septembre : mort de Robert Schuman, l'un des fondateurs du projet européen.

10 octobre : mort d'Edith Piaf à l'âge de 47 ans. Cet évènement bouleversa la France entière. Une vie bien courte mais tellement remplie !
Edith Piaf - Non je ne regrette rien
envoyé par popefucker. - Regardez d'autres vidéos de musique.

11 octobre : mort de Jean Cocteau.

 21 novembre : assassinat de John Kennedy à Dallas. Saura-t-on enfin un jour qui furent les commanditaires de ce meurtre ?

 Du côté de la chansonnette, on ne sait plus où donner de la tête. Les anciens résistent bien malgré l'assaut des jeunots. Ça donne un mélange très hétéroclite où chacun trouve son bonheur finalement. Parmi les succès de l'année, citons :

Adamo, Tombe la neige - Colette Magny, Melocoton - Brigitte Bardot , La Madrague - Enrico Macias, Enfants de tous pays - Franck Alamo, Biche - Gilbert Bécaud, Le dimanche à Orly - Isabelle Aubrey, La Fanette - Jean-Claude Pascal, Elle était si jolie - Jean Ferrat, Nuit et brouillard - Johnny Halliday, Da dou ron ron, Marie Laforêt, Les vendanges de l'amour -Patricia Carli, T'en vas pas comme ça - Richard Anthony, C'est ma fête - Serge Gainsbourg, La Javanaise.

Pour ma part, j'ai retenu celle-ci :


Maurice Fanon-L'écharpe
envoyé par mai70. - Regardez d'autres vidéos de musique.

Enfin au cinéma en 1963 il y eut -parmi bien d'autres films-

cinema1963.jpg

Les cons, ça ose tout. C'est même à ça qu'on les reconnait...La bave du crapaud n'empêche pas la caravane de passer. Ça ne vous rappelle rien ? Mais si, bien sûr !


Les Tontons Flingueurs - cuisine 2
envoyé par dnombre6. - Regardez plus de vidéos comiques.

À suivre

07:08 Publié dans Nostalgie | Lien permanent | Commentaires (3)

samedi, 20 février 2010

67. Sur les bancs de l'école -10-

Count Basie, How long blues
podcast

 

Nous voici en 1963. En écrivant mes souvenirs d’école, je m’aperçois au fur et à mesure des notes que j’ai oublié plein d’anecdotes. En fait, il faudrait que je fasse des fiches et que je note peu à peu les souvenirs qui me reviennent sur la fiche de l’année qui y correspond. Un travail qui demande du temps. Remarquez bien que ce n’est pas le temps qui me manque, c’est peut-être le courage ! Et puis je me dis que je pourrai toujours reprendre ces notes pour plus tard dans une sorte de journal de vie.

Donc pour l’instant, considérons que j’effectue une ébauche en notant les principaux évènements, enfin plutôt les évènements qui m’ont marquée et intéressée car  dans certains domaines (la politique en particulier), je n’avais pas alors d’opinion très tranchée. Je n’en ai jamais eu d’ailleurs. Sans doute est-ce dû au fait qu’à la maison on parlait beaucoup trop de politique – surtout mon père- et qu’il était mal venu d’avoir un autre avis que lui !

3eme.jpg

 

En septembre 1963, j’entre en 3ème. Ce fut une année merveilleuse, mes résultats scolaires, qui jusqu’à présent étaient moyens, furent soudain nettement meilleurs. Physiquement je n’étais plus la petite boule informe, j’avais minci, j’étais bien dans ma peau. Sans doute ceci explique cela … 

emploidutemps3b.jpgDepuis que j’étais entrée en 6ème, je travaillais seule, mes parents n’ayant pas le temps et l’envie de superviser mon travail. D’ailleurs ils n’en avaient pas eu besoin. J’ai toujours eu un tempérament consciencieux. Ma vie était réglée comme du papier à musique : je rentrais du lycée, je montais dans ma chambre et là, je bossais jusqu’à l’heure du dîner tout en écoutant « Salut les copains » sur mon petit transistor.  Je crois que c’est cette année-là que mes parents m’offrirent mon premier électrophone. Je me souviens encore très bien de mes premiers achats de 45 tours (je les ai conservés !) : Johnny Hallyday, Eddy Mitchell. Oui, je sais, personne n’est parfait !  Parallèlement ma grand-mère me mettait de côté une revue sur la musique classique. Elle était accompagnée d’un 33 tours. C’est ainsi que peu à peu, j’ai découvert la musique dite classique avec un répertoire des plus variés. Enfin, je me suis mise aussi à écouter du jazz. J’ai commencé par les musiciens connus en France, Louis Armstrong, Sydney Bechet, Django Reinhardt, Stéphane Grapelly, Claude Bowling. Puis j’ai continué avec les grands orchestres comme ceux de Duke Ellington, Dizzie Gillespie, Count Basie etc.

 

Cette année-là un autre évènement vint changer le cours de ma vie : ma famille était fâchée depuis au moins trente ans avec la sœur de mon arrière-grand-mère, la fameuse Blanche que je vous ai présentée ICI.

Or, tout à fait par hasard, maman et moi l’avions rencontrée à la sortie de l’hôpital alors que nous étions allées voir mon aïeule qui était soignée pour un zona. Maman n’avait aucune raison de ne pas lui parler et moi-même je la connaissais déjà un peu pour l’avoir vue quelquefois chez mon arrière-grand-mère. Ce furent  donc les grandes retrouvailles ! De son côté elle était heureuse de renouer avec les seuls membres de la famille qui lui restaient. À partir de cet instant, je passais la plupart de mes jeudis chez elle. Elle habitait dans la rue du maréchal Foch, près de la place de la Résistance. Nous allions toutes deux fréquemment au cinéma. Elle m’apprit également à jouer aux cartes (rami, crapette, belote).

Les cinémas étaient assez nombreux dans le centre-ville : le Majestic, le Caméo, puis le Cyrano et le Rio place Jean Jaurès, le Rex rue Nationale, l’Olympia et l’ABC (ce dernier s’étant spécialisé dans les films X). Il y avait également un cinéma boulevard Thiers (j’ai oublié le nom).

Aller au cinéma avec ma tante n’était pas une sinécure : elle parlait constamment et un peu fort, puis elle portait souvent des chapeaux qu’elle refusait d’ôter si bien que les gens, excédés, faisaient souvent des remarques assez désobligeantes. Mais le pire restait la conduite en voiture ! Elle avait conduit à une époque où les panneaux de signalisation n’existaient pas encore. Elle s’était donc adaptée tant bien que mal à la réglementation, plutôt mal que bien d’ailleurs. J’avais peur en voiture avec elle ! Elle ne conduisait pas vite, mais elle était assez inattentive. Un jour, rue du Commerce, elle raya plusieurs voitures garées à droite avec son pare-choc. Elle ne s’en rendit même pas compte. Le pire fut quand même lorsque nous allâmes au Croisic dans sa Dauphine. Nous nous traînions derrière un camion depuis au moins une demi-heure quand soudain elle décida de le doubler. Elle se cramponna à son volant et appuya comme une malade sur l’accélérateur. Moi, à côté, je serrais les fesses et je regardais le bas-côté. Elle choisit le moment où la route amorçait une côte avec une belle ligne en continu ! Et, en haut… les gendarmes l’attendaient, sourire aux lèvres ! 

Ma hantise était quand elle se garait sur le port. Il n’y avait alors pas de garde-fou et j’avais toujours peur qu’elle redémarre en 1ère. On aurait alors piqué un plongeon dans les eaux boueuses. J’avais trouvé la parade : je la laissais monter et démarrer puis je montais ensuite…

Par la suite elle devint un peu sourde. Quand elle mettait le contact, on devait l’entendre à l’autre bout de la ville ! Par bonheur, personne n’eut à lui dire qu’elle devenait un danger public, elle s’en rendit compte toute seule et cessa de prendre sa voiture. Elle devait avoir 78 ans (ma tante, pas la voiture).

Parmi mes activités favorites, il y avait aussi la lecture. Le goût pour la lecture m’est venu très rapidement. Il faut dire que les distractions étaient assez rares quand j’étais enfant et lire procurait un bon moyen d’évasion. J’avais dévoré tous les livres de la bibliothèque rose, puis de la bibliothèque verte, les romans de cape et d’épée, les voyages avec Jules Verne. J’avais pleuré en lisant Sans famille ou encore Les misérables.

J’abordai maintenant les romans d’amour. Vaste programme …

 

À suivre

16:57 Publié dans Nostalgie | Lien permanent | Commentaires (2)

vendredi, 19 février 2010

65. Sur les bancs de l'école -9-

Claude Nougaro, Quand le jazz est là
podcast

 L’année 1962 est surtout marquée par le retour massif des Pieds-noirs sur le sol français. La plupart d’entre eux n’étaient jamais venus en France et n’avaient aucune famille en métropole. Il ne leur fallut pas  bien longtemps pour comprendre qu’ils étaient loin d’être les bienvenus !

Propos de Gaston Deferre, maire socialiste de Marseille, en juillet 1962 :

Marseille a 150 000 habitants de trop, que les pieds-noirs aillent se réadapter ailleurs. 

On vit même des dockers affiliés à la CGT brandir des pancartes sur lesquelles il était inscrit : « Les Pieds-Noirs à la mer ». Nombre de containers appartenant aux familles de rapatriés échouèrent comme un fait du hasard dans le port. Je vous laisse méditer ces propos !

Revenons maintenant à quelques évènements qui marquèrent cette année :

annee1962.jpg

 

 29 janvier : présentation de la première collection du couturier Yves Saint-Laurent (tiens, encore un Pied-Noir !).

8 février : manifestation contre l’OAS et pour la paix en Algérie à Paris. Le rassemblement avait été interdit par la préfecture de     Paris. Pourtant environ 60 000 personnes se réunirent pour défiler. À la station de métro Charonne, subitement, les forces de police intervinrent et la répression fut sanglante.

20 février : premier Américain dans l’espace, il s’agit de John Glenn.

18 mars : signature des accords d’Évian reconnaissant l’indépendance de l’Algérie.

3  juillet : proclamation officielle de l’indépendance de l’Algérie.

9 juillet : révolution au sein de l’église, désormais les prêtres ont le droit de s’habiller en civil, le port de la soutane ne restant obligatoire que lors de l’office religieux. De nos jours, disparue, la soutane ? Pas si sûr …

Chinon, août 2009

Chinon 068d.jpg

5 août : mort de l’actrice américaine Marylin Monroe.

9 août : mort de l’écrivain allemand Herman Hesse.

 

En août 1962, nous partons pour la première fois en vacances. Direction Paris ! Je découvre la tour Eiffel, le zoo de Vincennes. Puis nous tentons de retrouver l’endroit où ma grand-mère a passé toute sa jeunesse. C’était dans une belle propriété à Chatou où son père était régisseur. Hélas pour elle, en quarante ans les lieux avaient complètement changé et elle ne reconnut rien !

 

22 août : attentat du Petit-Clamart contre de Gaulle.

4eme.jpg

 

En septembre, j’entre en 4èmeA. En 2ème langue je choisis ou plutôt devrais-je dire mon père décide que j’apprendrai le russe. Nous n’étions que 6 élèves dans le cours de madame Lossky, la femme du conservateur du musée des Beaux Arts de Tours. Parmi ces élèves il y avait la fameuse P.citée dans la note n° 61, puis aussi ma copine Odette. Elle est la troisième à partir de la gauche sur la photo (rangée du bas). C’est une des rares élèves du lycée que j’ai retrouvée plus tard, tout à fait par hasard d’ailleurs. Elle, si petite et si menue,  avait épousé un grand gaillard de 2m08, basketteur américain, Slem Dewitt-Menyard, bien connu des Tourangeaux car il avait joué à l’ASPO.

slem.jpg

Dans les années quatre-vingts, il avait ouvert un bar dans le vieux Tours, le Slem’s bar. En faisant quelques recherches sur le web, j’ai appris qu’il était décédé le 23 mai 2009 à Angers à l’âge de 64 ans.

29 septembre : Ben Bella devient le premier dirigeant de l’Algérie.

28 octobre : lors d’un référendum, les Français optent à une large majorité pour l’élection du Président de la République au suffrage universel.

22 novembre : mort du président René Coty.

 

Au cinéma, on pouvait voir cette année-là :

cinema1962.jpg

 

Si je vous dis : Mon pantalon est décousu et si ça continue on verra l'trou d'mon ..pantalon est décousu...

 

À suivre

06:55 Publié dans Nostalgie | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : souvenirs, enfance, école