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samedi, 22 septembre 2012

199. Carnet de voyage au Brésil -8-

podcast

Vendredi 7 septembre : l’arrivée à Brasilia

Ainsi donc, nous passons d’un extrême à l’autre ! Après l’exubérante Manaus et la forêt luxuriante, la chaleur moite de la forêt tropicale, voici la froideur du béton, le futurisme architectural.

Notre nouveau guide s’appelle Roland. À première vue, il semble assez rigolo ce gnome bedonnant aux larges bretelles. Mais très vite, je me rends compte qu’il est plein de suffisance et assez arrogant.

Durant le trajet nous conduisant au Saint-Paul Plaza hotel, il nous indique que rien n’est prévu pour la soirée (il n’est que 20h), mais que, si on le souhaite, il peut organiser une sortie « by night »… moyennant 35 réals par personne :

— Non négociable, s’empresse-t-il de rajouter.  

Il se doute bien que tout le monde va accepter. Notre séjour à Brasilia étant extrêmement bref dans le temps, on veut en profiter au maximum. Après avoir pris un pot au dernier étage de l’hôtel, près de la piscine illuminée, nous récupérons nos valises, les déposons dans les chambres et nous nous retrouvons donc dans le hall pour cette sortie improvisée.

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La première impression ressentie est la démesure des artères, le peu de vie dans les rues et l’uniformité de bon nombre d’immeubles.

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Le tour de ville est assez vite expédié. Arrêt devant la cathédrale, puis devant la place des trois pouvoirs. Tout au long du périple, Roland ne cesse de nous vanter la ville-capitale où il demeure depuis environ 35 ans. Puis il en vient à nous parler de sa situation financière, propriétaire d’un appartement qui  a vu sa valeur multipliée par cinq en quelques décennies.

J’ai envie de lui dire :

— Stop, petit bonhomme, on n’en a rien à cirer ! Mais comme je suis polie, je me tais.  

 

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Après avoir fait un détour devant la résidence de Mme la Présidente, le car nous conduit dans un restaurant pour le dîner. Ce restaurant se trouve sur les bords du gigantesque –tout est gigantesque dans cette ville !- lac artificiel de 80km de périmètre et tout autour duquel ont été construites de magnifiques demeures pour gens fortunés.

Autant dire que le restaurant dans lequel il nous entraîne est à l’image du quartier et n’a rien à voir avec le boui-boui infâme dans lequel nous avions déjeuné la veille en compagnie de Ricardo ! D’ailleurs je pense qu’il n’y a pas de boui-boui à Brasilia.

Bref, nous pénétrons à l’intérieur d’un immense complexe sur deux étages, rempli à craquer d’une jeunesse branchée et très bruyante !

L’attente s’avère interminable. D’abord, il faut que chacun choisisse sur la carte et ce n’est pas une mince affaire : entre ceux qui ne veulent pas poisson (moi), ceux qui choisissent en fonction du prix (c’est horriblement cher)  et ceux qui ne savent pas quoi prendre, il s’écoule facilement une heure. Heureusement qu’entre temps nous avions été plusieurs à prendre une caïpirinha, (je vous donnerai la recette ultérieurement) ça détend un peu l’atmosphère et ça m’enlève toute envie de râler (ou presque).

Notre guide qui semble connaître tout le monde dans ce restaurant, vient alors vers moi et, se penchant et posant ses mains sur mes épaules :

— Comment ça va, ma chère ?

Le « ma chère » me semble superflu, nous n’avons pas gardé les cochons ensemble, quant aux mains, elles ne me semblent pas à leur place et, tout en me dégageant ostensiblement, je rétorque d’un air désabusé :

Bof, ça peut aller !  

Tu parles Charles, bouffer un morceau de viande de bœuf élevé au soja transgénique, accompagné de quatre rondelles de carottes et de trois petits bouquets de choux-fleurs, le tout pour 100 réals, qui dit mieux ? 

Demain commence la visite de la ville. En attendant je rejoins la chambre 1311 …

À suivre

06:58 Publié dans Voyages | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : voyage, bresil, brasilia

198. Carnet de voyage au Brésil -7-

Vendredi 7 septembre : dernière matinée à Manaus.

Il nous reste encore une matinée à Manaus. Rien n’est prévu et Ricardo nous emmène faire un tour à pied :

Une curieuse tour-horloge :

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Visite de la cathédrale Notre-Dame-de-la-Conception située sur un promontoire. Un chemin de croix- qui aurait bien besoin d’un rafraichissement-  est peint sur le mur d’enceinte.

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La place Heliodoro Balbi et son kiosque à musique :

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Enfin le Palais provincial restauré en 2005 et devant lequel trônent un zouave et un artilleur français !

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Nous retournons à l’hôtel pour récupérer les valises et c’est le départ pour l’aéroport. Notre avion décolle vers 14h25 et nous atterrissons à Brasilia  aux alentours de 18h.

Finalement, je pense qu’il n’y a que moi qui regrettera Ricardo !

Balade à Manaus :


Brésil 3 par cheztinou

À suivre

05:25 Publié dans Voyages | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : voyage, bresil, manaus

vendredi, 21 septembre 2012

197. Carnet de voyage au Brésil -6-

podcast

Jeudi 6 septembre : escapade en forêt amazonienne.

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 Nous quittons l’hôtel à 8h30 et nous nous dirigeons à pied vers le port fluvial situé à environ 10mn de là. Les quais sont flottants en raison des forts dénivelés du rio Negro.

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Il règne déjà une forte animation : de nombreux bateaux sont sur le point de partir vers des destinations qui font rêver : Santarem, Belem. Les victuailles sont chargées à bord. D’autres bateaux sont tout simplement en escale.

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On peut apercevoir les hamacs suspendus aux crochets.  Tout cela se passe dans une atmosphère un peu surchauffée, ça s’agite de partout, ça crie, c’est coloré.

Notre bateau est identique aux autres, à la différence près que nous sommes les seuls passagers à bord. On ne risque pas de se gêner pour prendre des photos !

 

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Bientôt le bateau appareille et remonte le cours du rio Negro afin d’avoir une vue d’ensemble du port de Manaus. 

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Maintenant nous redescendons le fleuve sur lequel règne un trafic assez intense. Quelques kilomètres en aval, les eaux du rio Negro viennent se jeter dans celles de l’Amazone. Elles ne se mélangent pas tout de suite, formant un trait bien net.

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Notre bateau vire à tribord et remonte maintenant les eaux claires de  l’Amazone. Quelques maisons sur les rives, des pêcheurs, quelques pâturages …

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À midi nous nous arrêtons dans un restaurant sur pilotis pour déjeuner. Au menu, poissons locaux. Bien que n’aimant pas le poisson, je fais tout de même l’effort d’y goûter. Ce n’est pas mauvais.

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Sur un autre ponton se trouve un magasin artisanal. On peut y trouver en particulier de très jolis masques ainsi que des bijoux fabriqués par les Indiens Guarani.

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Vers 15h, nous embarquons à bord de deux petites pirogues à moteur qui nous emmènent plus en aval sur les méandres du fleuve. À notre passage, des dizaines d’oiseaux prennent leur envol. Ils sont magnifiques, mais il est bien difficile de les photographier !

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Les pirogues s’arrêtent peu après sur le bord et nous débarquons.

— Attention, ça glisse un peu !

L’endroit où nous nous arrêtons était submergé par l’eau peu de temps auparavant. Le niveau a baissé de cinq mètres en quinze jours. La différence de niveau peut atteindre jusqu’à plus de quinze mètres. Époustouflant quand on y songe !

Nous suivons donc Ricardo dans la moiteur de la forêt tropicale. Et on s’enfonce progressivement, et on marche, et on sue, et je râle (intérieurement). Cela me rappelle la progression dans la forêt camerounaise. Les Bisounours du groupe, eux, sont ravis !

— Oh le bel arbre ! Oh la belle plante ! 

 

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Tiens, en parlant d’arbre, voici l’arbre qui donne le curare. J’ai oublié son nom. Le curare est fabriqué à partir de la sève de cet arbre par un procédé très complexe que que Ricardo n’a su m’expliquer. Nous nous arrêtons un peu plus loin devant un arbre gigantesque. Sur le tronc, on peut encore apercevoir le niveau atteint par l’eau.  À ce moment là, on perd un temps fou car chacun veut être pris en photo au pied de l’arbre. Puis c’est la traditionnelle photo de groupe. Bon gré, mal gré, je me plie aux exigences, mais j’ai fait une  grimace !

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— Demi-tour tout le monde, on rentre.

Je suis juste derrière Ricardo quand soudain je le vois s’arrêter, regarder autour de lui et, sans un mot, faire demi-tour. Personne n’y prend garde, ils sont tous à bavarder.

Un peu plus loin, même topo ; là, je commence à avoir des doutes. Serait-il perdu ?

Les autres finissent par remarquer le manège et questionnent le guide :

— Que se passe-t-il ?

Mais silence de Ricardo. Il finit par sortir son portable de sa poche, téléphone, mais pas de réponse. Les bavardages ont brusquement cessé et s’installe alors un silence pesant. Tous les yeux sont braqués sur Ricardo qui lance alors son cri de Tarzan qui résonne dans toute la forêt :

 Seul un oiseau répond dans le lointain.

La panique s’empare alors de certains membres du groupe. Une femme, appuyée à un arbre et se tenant le front, s’écrie : Mon Dieu, Mon Dieu !

Une autre, un peu mystique, entend des voix de toutes parts. L’un déclare qu’il faut aller à droite, l’autre à gauche et Ricardo disparait subitement de notre champ de vision. Déjà que la situation est critique, mais si en plus on perd le guide, on est dans de beaux draps ! Pour mettre un peu d’animation, je rétorque qu’on pourra toujours allumer un feu puisque, étant la seule fumeuse du groupe, je possède UN BRIQUET ! Et une soirée autour d’un feu de camp peut être un moment convivial.

Pierre a retrouvé Ricardo et nous invite à rester groupés et à ne pas le lâcher d’une semelle. Et nous voilà donc repartis, à gauche, à droite, demi-tour. On arrive bientôt dans une zone marécageuse que l’on n’avait pas eue en arrivant.

Ricardo rejoue les Tarzan à plusieurs reprises jusqu’au moment où … Mais oui ! Une voix nous répond dans le lointain. Ça y est, nous sommes sauvés ! Il ne reste plus qu’à localiser la bonne direction. Et une vingtaine de minutes plus tard, nous retrouvons les deux pirogues et leurs conducteurs. Il était temps car la nuit ne va pas tarder à tomber. Et elle tombe vite dans ce pays !

 

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Au retour, nous nous arrêtons dans un petit village de pêcheurs pour une pêche aux piranhas. Je zappe totalement … Puis nous revoici au point de départ. Notre bateau nous attend. J’ai envie de rentrer, mais la journée n’est pas terminée. Ricardo propose une autre balade (courte) pour aller observer des singes.

 

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Je zappe encore, préférant rester sur le bateau à regarder le soleil se coucher et à rêver : je repense alors au film de Werner Herzog, « Fitzcarraldo » , avec Klaus Kinski dans le rôle principal. J’y suis ! La nuit tombe, les oiseaux ont rejoint les arbres et poussent leurs derniers cris. Les premiers moustiques attaquent en piqué, et sur le fleuve, au loin, j’aperçois une pirogue. Je suis Fitzcarraldo remontant l’Amazone sur son bateau.

Mon rêve s’achève bientôt au retour du groupe. Il fait nuit à présent et nous sommes dévorés par les bestioles malgré l’anti-moustique !

Mais ce n’est pas encore fini. Une nouvelle sortie est au programme : la chasse aux caïmans !

Accompagné par un Indien, le groupe repart sur une autre pirogue. L’Indien éclaire l’eau avec sa torche, attirant ainsi de petits caïmans, puis il s’en empare et les sort de l’eau afin que l’on puisse les filmer. Je n’ai pas participé à cette escapade nocturne, ainsi qu’Andrée et Thérèse. Ce sont les autres qui nous ont raconté la scène. À savoir que la pirogue est tombée en panne au retour pendant un bon quart d’heure !

Retour sur Manaus, un moment inoubliable ! L’air frais du fleuve rafraîchit le visage et loin, très loin on aperçoit les lumières de la ville. Un de mes souvenirs les plus forts depuis que je voyage !

À la descente de l’embarcadère, on retrouve la civilisation dans toute son horreur : une foule considérable de jeunes, beaucoup ivres, gueulant à tue-tête, des amplis déversant les décibels à en faire péter les tympans, des filles provocantes qui se déhanchent  au rythme de la musique. C’est Manaus dans toute son authenticité !

À suivre 

Complément d'informations :

L'Amazone

 

jeudi, 20 septembre 2012

196. Carnet de voyage au Brésil -5-

podcast

Mercredi 5 septembre : suite et fin

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 Tout le groupe se retrouve dans le hall de l’hôtel vers 15h30 et nous partons visiter le centre historique de Manaus. C’est aujourd’hui la fête régionale et presque tous les magasins sont fermés l’après-midi.

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Nous voici bientôt devant l’entrée du fameux Théâtre Amazonas. Il fallut quinze ans pour en achever la construction car tous les matériaux provenaient d’Europe (fonte de Manchester, pierre du Portugal, les tuiles de la coupole –aux couleurs du drapeau brésilien- d’Alsace, marbre de Carrare, lustres de Murano, mobilier et tissus de Paris, etc). Il fut terminé en décembre 1896. La petite histoire veut que ce soit le ténor Caruso qui l’ait inauguré, mais rien n’est moins sûr !

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Hélas, la richesse de Manaus ne dura qu’un temps. Les Anglais introduisirent en effet l’hévéa en Malaisie et y créèrent  d’immenses plantations pour la fabrique du caoutchouc. La petite histoire –encore elle !- raconte que c’est un voyou anglais du nom d’Alexandre Wickham qui déroba quelques milliers de graines d’hévéa qu’il cacha ensuite dans deux crocodiles empaillés pour les faire sortir du Brésil. Une fois en Angleterre il cultiva ces graines, en fit des plants qu’il introduisit en Malaisie.

En 1910, la Malaisie produisit plus de caoutchouc que le Brésil et le cours s’effondra, sonnant dans le même temps la fin de l’âge d’or pour Manaus. 

Le théâtre ne produisit alors plus aucun spectacle de 1924 à 1990.

La ville fut classée en zone franche dans les années 1950 afin de redynamiser l’économie dans cet endroit éloigné de tout. Aujourd’hui les magasins regorgent de produits de toutes sortes, de la quincaillerie de mauvais goût et de qualité médiocre venue d’Asie, principalement de Chine.

Ricardo, qui, en marchant, semble traîner toute la misère du monde, nous annonce qu’il n’y a plus rien à voir pour ce jour. Il est 17h30, la nuit ne va pas tarder à tomber, déjà dans les rues les gens sortent, la musique commence à se faire entendre par les fenêtres ouvertes et sur les trottoirs. En compagnie de quatre autres membres du groupe, je m’installe alors sur la place face au théâtre pour déguster un merveilleux cocktail de fruits !

 

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Se pose alors la question du dîner :

— Où va-t-on bien pouvoir manger ?

On ne trouve rien hormis une pizzeria. Franchement, on ne vient pas au Brésil pour manger italien. On se rabat alors sur le restaurant de l’hôtel qui est ouvert mais où il n’y a pas un chat ! On retrouve alors Andrée et Marcelle dans le hall.

Mouvement de panique pour le serveur. Mazette, sept personnes d’un coup ! Nous ne parlons pas portugais, il ne parle pas anglais, la tâche s’annonce périlleuse … Et elle le fut !

Andrée se montra particulièrement odieuse en faisant renvoyer son assiette sous prétexte que la viande était trop cuite. Quant à Marcelle qui avait pris un simple velouté d’asperges, préférant réserver ses économies pour les options à venir, elle commençait à s’endormir et il s’en est fallu de peu qu’elle ne pique le nez dans son bol de soupe !

Au programme de demain : escapade en forêt !

À suivre

Complément d’informations :

Les rêveurs de l’Amazone.

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mercredi, 19 septembre 2012

195. Carnet de voyage au Brésil -4-

podcast

Mercredi 5 septembre : Manaus

La nuit fut relativement courte et très chaude, c’est là qu’on apprécie d’avoir la climatisation !

À 7h je suis déjà levée et je retrouve Michel pour le petit déjeuner. Arrivent bientôt Marcelle et Andrée. Cette dernière est âgée de 87 ans ( !) ; elle est veuve d’un colonel et a eu l’habitude durant sa longue vie de voyager beaucoup, de séjourner dans de nombreux pays et d’être servie comme une reine. Elle partage sa chambre avec Marcelle, (80 ans !), ancienne vendeuse de fromages dans une supérette, qui, elle aussi, voyage beaucoup, mais en économisant tout au long de l’année pour pouvoir s’offrir des voyages. Elle continue -malgré son âge avancé- à faire des ménages afin de pouvoir assouvir sa passion.

Toutes les deux habitent la même ville et se sont connues fortuitement lors d’un précédent voyage à Dubaï. Tout les oppose et la cohabitation n’est pas sans heurt. Ce matin, au petit déjeuner, le ton monte rapidement quand on aborde le sujet de la climatisation : Andrée se plaint de n’avoir pas pu dormir car Marcelle n’a pas voulu allumer la clim. Soudain, cette dernière explose :

— Ah mais je commence à en avoir assez que vous me parliez sur ce ton ! Vous êtes sans cesse en train de me rabaisser devant les autres !

J’essaie de temporiser la situation tandis que Michel tente de se faire oublier. Tout au long de ce voyage, je serai la confidente des deux, écoutant avec bienveillance leurs doléances.

Marcelle :

— Vous vous rendez compte,  à son âge, faire un voyage pareil, c’est de l’inconscience ! Elle est incapable de se débrouiller toute seule. Elle a de la chance que je sois là pour m’occuper de tout !

Andrée :

—  Vous vous rendez compte, à son âge, faire des ménages pour se payer des voyages ! Elle est méritante quand même ! Vous savez comment on l’appelait quand elle travaillait dans la supérette ? Le TGV … Ma pauvre, elle n’arrête pas une minute ! Toujours en train de parler, de s’agiter. Figurez-vous que tous les matins elle fait son lit. Si j’ai le malheur de faire tomber trois gouttes d’eau sur le sol, aussitôt elle passe pour essuyer. Elle est gentille, mais qu’est-ce qu’elle est saoulante !

C’est vrai qu’elle bouge beaucoup, Marcelle ! Quand on visite un endroit, elle court de ça, de là, appareil photo tenu à deux mains et à l’affût de tout ce que l’on peut photographier. Très vite cela m’insupporte à tel point qu’un jour je m’accroupis et photographie le sol. Cela ne loupe pas ; Aussitôt Marcelle arrive et me demande :

— Qu’est-ce que tu photographies, Danielle ?

— Un insecte.

— Où ça ? Je  ne le vois pas !

— Sans doute s’est-il envolé.

Je sais, c’est méchant, mais flûte alors, ce n’est pas en copiant sur les copines qu’elle apprendra à faire de la photo.

Enfin, une chose est sûre : ces deux-là ne repartiront sûrement plus ensemble en voyage !

Mais revenons à cette matinée du 5 septembre : Après le petit déjeuner, nous retrouvons le guide Ricardo qui nous emmène faire un tour sur le marché très animé de la ville.

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Avec ses 1.700.000 habitants, Manaus est la capitale de l’Amazonie. Le trafic fluvial y est très important, c’est de là que partent et arrivent tous les habitants de la forêt amazonienne. Certains voyages sur le fleuve peuvent durer jusqu’à vingt jours ! La ville est relativement sale, mais il y règne une atmosphère très spéciale qui lui donne un caractère spécifique qui me plait beaucoup.

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Ricardo nous explique que depuis quelques années maintenant le climat s’est profondément détérioré : la chaleur y atteint des températures inégalées jusqu’à présent, les pluies sont de plus en plus conséquentes et les écarts de  niveau du Rio Negro s’amplifient de façon inquiétante. La cause de ces dérèglements est essentiellement due à la déforestation sauvage. 35%  de la forêt amazonienne a été brûlée et remplacée par des cultures intensives de soja, de palmiers à huile, de canne à sucre et d’élevage bovin.  

— C’est une véritable catastrophe aux retombées planétaires, s’exclame ce pauvre Ricardo. Hélas, je ne suis pas certaine que son discours ait reçu l’écoute qu’il méritait.  Pourtant il sait de quoi il parle, c’est un homme de terrain, il est né et a toujours vécu en Amazonie : son grand-père était Hollandais, venu au Brésil pour y faire fortune. Il avait créé une plantation d’hévéas et construit sa maison. Quelques années plus tard, la plantation périclita et la maison, rongée par les termites, s’écroula comme un château de cartes. Ruiné, il se lança alors dans le transport fluvial sur le rio Negro et l’Amazone.

Après cette balade, nous allons déjeuner dans un restaurant au kilo, puis retour à l’hôtel pour une sieste bien méritée (la température frôle les 40°).

 

Complément d’informations :

- Forêt amazonienne

- Chico Mendes

 

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À suivre

05:49 Publié dans Voyages | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : voyage, bresil, manaus