dimanche, 11 août 2019
Greta la science
Que penser de la petite suédoise Greta Thunberg qui se pose en prédicatrice de la fin du monde ? Ce qui est sûr, c'est qu'elle ne laisse personne indifférent. Du haut de ses seize, avec son air glacial et son discours moralisateur, elle invite la jeunesse à boycotter l'école, elle intime l'ordre aux adultes de sortir de leur inertie face à une fin du monde toute proche selon elle.
On n'a pas attendu Greta Thunberg pour savoir que la planète est en surchauffe. Alors, qui se cache vraiment derrière cette gamine ?
Après une apparition à la COB 24 en Pologne en 2018, une visite au pape François, un discours à Davos, une visite en France (où elle est reçue par le président et où elle assiste à une séance à l'assemblée le jour même où les députés votent le CETA), elle envisage maintenant de se rendre à New-York, puis au Chili. Cela se fera avec des moyens de locomotion "propres" : elle empruntera un voilier ! Elle a intérêt à partir maintenant si elle veut arriver à temps !
Pour ma part, je reste très perplexe sur toute cette opération de communication.
Pour en savoir un peu plus :
Le capitalisme vert utilise Greta Thunberg
17:50 Publié dans Gens peu ordinaires | Lien permanent | Commentaires (8)
mardi, 20 décembre 2016
La dernière heure -2-
Je reprends le récit des dernières heures d'Urbain Grandier, telles que nous les décrit Michel Carmona dans son livre " Les diables de Loudun".
"18 août 1634 : la lecture du jugement s'achève une heure plus tard [ ...]
Le jugement condamne Urbain Grandier, avant d'être porté sur le bûcher, à subir la question ordinaire et extraordinaire — en d'autres termes, la torture. [ ... ]
Le supplice consiste à tenir les jambes du malheureux dans des planches et à insérer entre ces planches des coins de plus en plus gros, de façon à comprimer les jambes jusqu'à briser les os. C'est ce qu'on appelle la "question des brodequins ordinaire et extraordinaire". Le notaire constate avec un rien de dépit que, malgré trois grands quarts d'heure de supplice, Grandier continue à nier.
Au seuil de la mort, le malheureux reconnaît d'autres crimes "plus grands et plus honteux" — les crimes de chair qu'il a déjà confessés dans ses interrogatoires. Aucun intérêt pour les juges qui savent déjà tout cela, mais espèrent autre chose. [ ... ]
Les bourreaux portent Grandier dans une autre chambre pour le réchauffer — nous sommes pourtant en plein été —. Grandier qui n'a jamais perdu connaissance, parle de Dieu, cite les prières de la Semaine Sainte, cette Passion du Christ auquel ses douleurs, aujourd'hui, l'identifient. Et sans cesse il en appelle au "Dieu du ciel et de la terre" qu'il supplie de l'assister.
Vers deux heures de l'après-midi [ ... ] on apprête Urbain Grandier. Avec sa chemise enduite de soufre, la corde au cou, il est porté dans la cour où l'attend un tombereau attelé de six mules. Auprès de lui, le Père Lactance, qui ne le quittera plus. Grandier, épuisé par la torture, est allongé sur le plancher du tombereau, la face tournée vers le ciel.
Vers quatre heures de l'après-midi le cortège s'ébranle. Une première halte l'arrête devant l'église Saint-Pierre-du-Marché dont Urbain Grandier était curé. Le jugement l'a condamné à faire amende honorable devant cette église du Seigneur qu'il a insultée par ses crimes. Le Père Lactance souffle à Grandier les mots de la formule rituelle : "Cor mundum crea in me, Deus". [ ... ]
Une deuxième halte répète la scène devant la chapelle des Ursulines. Puis, à cinq heures, le cortège arrive sur la place Sainte Croix où se dresse le bûcher. Urbain Grandier est attaché au poteau. Le Père Lactance exorcise le bois qui va servir à le brûler. Il exhorte Grandier à recommander son âme à Dieu, lui présente un crucifix. En cet instant, témoignera le Père Lactance, une mouche grosse comme une noix tombe rudement sur le livre des exorcismes.
Urbain Grandier, prié une dernière fois de se convertir à Dieu, répond simplement :
— Je vais tout à cette heure au paradis.
Puis Grandier demande au Père Lactance le baiser de paix. Celui-ci refuse. Urbain Grandier insiste trois fois, quatre fois, revient à la charge. En vain. Le Père Lactance, maintenant, s'écarte. On va mettre le feu au bûcher. Lactance alors se ravise, donne à contrecœur à Grandier le baiser de paix et lui dit :
— Monsieur, voilà le feu. Il n'y a plus de salut pour vous, convertissez-vous !
Devançant le bourreau, semble-t-il, le Père Lactance prend un bouchon de paille, y met le feu, le glisse sous les fagots. Deux capucins l'assistent et en font tout autant. Les flammes s'élèvent. Le Père Lactance avait craint jusqu'au bout que le Diable, malgré les exorcismes répétés, n'empêche le feu de se propager. Allons, ses alarmes, finalement, n'étaient pas fondées. Les flammes jaillissent, le bois crépite.
Avait-on promis à Grandier de l'étrangler dès que le feu aurait été allumé ? Les témoignages divergent. Le fait est que les choses vont si vite que la corde qui le liait au poteau se consume en quelques instants ; Grandier tombe dans le brasier. La mort, sans doute, fut presque instantanée.
Certains, plus tard, affirmeront avoir entendu Grandier dire " Ah mon Dieu !" avant que le silence ne l'enveloppe.
Extraits tirés du livre Les diables de Loudun, de Michel Carmona.
Voici donc la triste fin d'Urbain Grandier, curé de Loudun, le 18 août 1634.
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lundi, 19 décembre 2016
La dernière heure -1-
Demain, c'est la Saint-Urbain. Je ne peux m'empêcher de repenser à ce malheureux curé de Loudun - se reporter ICI-.
Je viens justement de terminer la lecture du livre "Les diables de Loudun", écrit par un éminent historien, Michel Carmona. Une plongée dans ce XVIIe siècle encore empreint de beaucoup d'obscurantisme si l'on en juge la façon dont on traitait les personnes supposées être des suppôts de Satan. Malgré quelques passages assez fastidieux, mais nécessaires pour mieux comprendre l'affaire, ce livre se lit presque comme un roman. C'est pourquoi je vous propose de vivre la dernière journée d'Urbain Grandier comme si vous y étiez ! Voici ce qu'écrit l'historien:
" Le commissaire royal chargé de l'affaire de Loudun, Jean Martin de Laubardemont, comprend en juillet 1634 qu'il est grand temps de clore l'enquête et de mettre sur pied le tribunal qui jugera Grandier.
Il semble qu'un certain nombre de magistrats pressentis aient préféré se récuser. La liste est finalement publiée le 8 juillet.
Le 26 juillet, les quinze juges tiennent leur première séance. Elle débute par une messe solennelle en l'église des Carmes. [ ... ] Il leur faudra dix-huit jours de labeur continu, dimanches compris, à raison de six heures par jour, pour venir à bout de leur tâche. La procédure remplit "cinquante mains de grand papier", c'est à dire 5000 pages grand format. [ ... ]
Urbain Grandier est entendu par les juges durant trois longues séances les 15,16 et 17 août au couvent des Carmes où siège le tribunal. [ ... ]
Le 18 août 1634 à cinq heures du matin, les juges se réunissent au couvent des Carmes. Laubardemont est là. En fait, la cause est entendue depuis longtemps, et quelques minutes suffiront pour rédiger l'arrêt. Grandier est coupable, ainsi en ont décidé les juges :
" Nous [ ... ] avons déclaré et déclarons ledit Urbain Grandier dûment atteint et convaincu du crime de magie, maléfice et possession arrivé par son fait ès personnes d'aucunes (en la personne de quelques) religieuses ursulines de cette ville de Loudun et autres séculières mentionnées au procés. "
Pour réparation desquels (crimes) , l'avons condamné et condamnons à faire amende honorable, tête nue et en chemise, la corde au col, tenant en ses mains une torche ardente du poids de deux livres devant les principales portes des églises de Saint-Pierre-du-Marché et Sainte-Ursule de cette ville de Loudun et là, à genoux, demander pardon à Dieu, au Roi et à la Justice. Et ce fait, être conduit en la place publique de Sainte Croix de cette dite ville pour y être attaché à un poteau sur un bûcher,que pour cet effet sera dressé audit lieu."
Le chirurgien Fourneau se rend à la prison pour raser complètement le condamné. Grandier connait trop les usages de la justice pour se méprendre sur la signification de ce geste : il comprend qu'il va mourir.
Quelques instants plus tard, Laubardemont arrive afin de s'assurer du bon déroulement des opérations. Grandier, rasé, est revêtu d'une ample chemise enduite de soufre. Laubardemont dans son carrosse conduit Grandier sous escorte au Palais de Justice où doit avoir lieu la lecture solennelle de l'arrêt. Les rues sont noires de monde ; un Loudanais affirme que huit mille curieux se pressaient ce jour-là dans la ville.
Au Palais, dans la salle d'audience archicomble, les juges attendent en vêtements de cérémonie. Non loin d'eux, les exorcistes avec leurs ornements et les notables de Loudun. Urbain Grandier est prié de s'agenouiller face à ses juges. Le greffier Nozay donne lecture de l'arrêt : 18 août 1634, 7 heures du matin ...
La lecture du jugement s'achève une heure plus tard. [ ... ]
À suivre
16:59 Publié dans Gens peu ordinaires | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 09 novembre 2016
Les fantômes -3-
Alors que le fantôme d'Urbain Grandier s'estompe peu à peu, j'entends maintenant des chuchotements qui s'amplifient au fur et à mesure que nous traversons la ville de Loudun :
— Vous vous rendez compte ! 12 personnes ! Même le chien y est passé !
— Ça vous étonne ? Moi, pas ! Cette mort n'avait rien de normal. Et puis, comme on dit, il n'y a jamais de fumée sans feu ...
Trois cents ans après l'affaire des possédées, voilà que surgit soudain une nouvelle affaire dans cette petite ville si calme -en apparence seulement-. Il faut toujours se méfier des petites villes tranquilles ; elles cachent bien souvent de lourds secrets, des rancœurs, des haines qui, un jour, explosent sans qu'on sache vraiment pourquoi.
Tout débute le 25 octobre 1947 : Ce jour-là, Léon, 53 ans, meurt à son domicile, d'une crise d'urémie selon son médecin, en laissant son épouse Marie, 51 ans, veuve pour la seconde fois.
La semaine précédant sa mort, il avait reçu la visite de quelques amis parmi lesquels Louise Pintou, sa locataire, une veuve employée des Postes et dont la Rumeur ( eh oui, toujours elle !) disait qu'elle était la maîtresse de Léon.
Quelques jours seulement après l'enterrement de Léon, Louise confie à un proche, Auguste Massip, propriétaire du château de Montpensier et connu pour être un maniaque de la délation - :
— Léon m'a dit, avant de mourir, que Marie lui a servi de la soupe dans une assiette où se trouvait déjà un autre liquide.
Massip se précipite sur un dictionnaire médical et les symptômes de la mort de Léon lui font alors penser à un empoisonnement à l'arsenic. Le 4 novembre, il envoie une lettre au procureur de la République pour lui faire part de ses doutes. Mais l'affaire est classée sans suite après que les gendarmes signalent que :
" Mme Pintou est fréquemment en congés pour neurasthénie et Mr Massip est un illuminé qui a la manie d'écrire à toutes les autorités , même au Président de la République, pour y exprimer sa pensée."
Tout semble revenir au calme mais ça n'est que pour mieux rebondir. La rumeur s'enfle, gagne peu à peu la population loudunaise. On chuchote à l'oreille à la sortie de l'église :
— Il parait que Marie Besnard a empoisonné son mari !
Il faut cependant attendre le 17 octobre 1948. Ce jour-là le château de Montpensier, propriété du sieur Massip, brûle. Puis, peu après, Louise Pintou est victime d'un cambriolage (ou rien n'a été volé). Ces deux-là décident d'agir et le 5 février 1949 ils portent plainte contre ... MARIE BESNARD, l'accusant d'être "une sorcière".
Une commission rogatoire est ouverte par un juge d'instruction de Poitiers le 9 mai 1949 mais les charges n'étant pas suffisantes pour une inculpation, le juge ordonne deux jours plus tard l'exhumation du corps de Léon. Les analyses révèlent un taux d'arsenic anormalement élevé dans les viscères.
On s'intéresse alors de plus près aux autres morts de la famille (au total 12 personnes décédées entre 1927 et 1949). Pour le juge d'instruction chargée de l'enquête, deux mobiles paraissent évidents : l'argent et la passion.
Le 21 juillet 1949 Marie Besnard est inculpée pour empoisonnement avec des circonstances aggravantes de parricide et de matricide et, le jour même, elle est déférée à la prison de la Pierre levée à Poitiers.
Je vous passe les détails de cette affaire, sachez seulement qu'il y eut en tout trois procès :
Le premier s'ouvre à la Cour d'Assise de Poitiers le 20 octobre 1952.
Le deuxième procès à lieu à Bordeaux et débute le 15 mars 1954. À la suite de quoi Marie Besnard est mise en liberté provisoire contre une caution de 1.200.000 francs.
Le chanteur Charles Trenet se propose de payer la caution !
Finalement la somme est ramenée à 200.000 francs -somme payée par des cousins de Marie-et cette dernière retourne chez elle, à Loudun. Imaginez un peu l'ambiance dans la ville ! Elle retrouve sa maison pillée, dévastée.
Le troisième procès s'ouvre le 20 novembre 1961 et Marie Besnard est acquittée au bénéfice du doute. Elle redevient "la bonne dame de Loudun".
Cette histoire aura tenu la France en haleine pendant plus de treize ans. Je me souviens très bien du dénouement ; nous suivions avec intérêt le compte-rendu des audiences donné par Frédéric Pottecher à la télévision.
En 1962, Marie Besnard publie ses mémoires. Elle meurt à Loudun le 14 février 1980, refusant d'être inhumée et faisant don de son corps à la science !
De temps à autre, on reparle de cette affaire, la preuve, en 2014 :
Des archives de Marie Besnard, « l’empoisonneuse de Loudun », vendues aux enchères à Poitiers.
Le procès de Marie Besnard, « l’empoisonneuse de Loudun », fascine toujours autant ! Un petit carnet à spirale écrit de la main de la « Bonne Dame de Loudun » (un autre de ses surnoms), une quarantaine de lettres reçues pendant les années 50, dont des courriers de ses avocats et le carnet de famille du couple Besnard... Toutes ces archives ont été vendues aux enchères pour 520 €, à Poitiers.
Un journal intime daté de 1971.
La pièce maîtresse de cette vente aux enchères était un petit carnet contenant le journal intime et quotidien, daté de 1971. Il a été acquis avec le lot d'archives et le livre écrit par Marie Besnard, « Mes Mémoires », dédicacé en 1976 par un libraire de Poitiers, spécialisé en documents anciens.
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Ouf, le car quitte enfin Loudun, on peut clore ce chapitre !
FIN
Pour en savoir davantage :
— Arsenic et vieilles dentelles
01:05 Publié dans Gens peu ordinaires | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 08 novembre 2016
Les fantômes -2-
En 1627, un nouveau couvent d'ursulines est créé à Loudun. Jeanne de Belcier, issue d'une famille de la petite noblesse de Saintonge y est nommée Prieure. Elle avait prononcé ses vœux en 1623, prenant le nom de Jeanne des Anges.
La sœur est atteinte d'une infirmité ; elle a le corps de travers suite à une chute durant l'enfance. Dans son autobiographie, elle revient sur la conduite tout à fait déréglée qu'elle avait à l'époque :
" J'ai donc passé trois années en grand libertinage, en sorte que je n'avais aucune application à la présence de Dieu. Il n'y avait point de temps que je trouvasse si long que celui que la Règle nous oblige à passer à l'oraison".
Voilà qui est dit et cela a son importance pour mieux comprendre la suite des événements.
Au couvent, son directeur spirituel vient à mourir et Jeanne songe alors à prendre comme nouveau confesseur Urbain Grandier qu'elle n'a jamais rencontré mais dont la réputation de séducteur lui est parvenue.
Malheureux Grandier ! Il refuse l'offre qui lui est faite. De dépit la Prieure se tourne alors vers le chanoine Mignon, un bossu qui hait profondément Grandier qui est beau et plait aux femmes, tout ce que lui ne pourra jamais obtenir.Ajoutons que de surcroît -et ça a aussi son importance pour la suite- il est le neveu du baron Jean de Laubardemont, lui-même apparenté à la famille de Jeanne. Voici donc notre petit réseau de comploteurs : une sœur hystérique, un chanoine bossu et jaloux, un notable sans aucun scrupules pour arriver à ses fins.
Revenons donc à cette fameuse année 1632 :
Dans la nuit du 21 septembre, la Supérieure (Jeanne des Anges) et deux autres sœurs reconnaissent la voix et aperçoivent l'ombre de leur ancien confesseur.
Le 23 septembre une boule de feu noire traverse soudainement le réfectoire. Durant la messe, les trois femmes sont prises de convulsions, elles injurient Dieu et recrachent l'hostie.
La folie gagne bientôt les quatorze autres sœurs ursulines. La nuit, elles courent à demi-nues sur les toits du couvent, elles grimpent aux arbres.
Le 11 octobre, elles affirment reconnaître dans le fantôme le curé Urbain Grandier et l'accusent de les avoir ensorcelées. Le Père Mignon procède alors à des séances d'exorcisme sur les sœurs. N'y parvenant pas, il fait appel à Pierre Barré, curé connu pour être totalement désaxé et qui officie dans la paroisse Saint-Jacques à Chinon. Aussitôt ce dernier répond à l'appel de son confrère et part à pied à Loudun en compagnie d'une partie de ses paroissiens. On imagine bien la procession à travers la campagne ! D'ailleurs j'aperçois des têtes connues. Il y a parmi eux quelques ancêtres chinonais de mon mari.
Les séances d'exorcisme se déroulent maintenant en public dans la Collégiale de Loudun. Vous ne pouvez pas vous imaginer le monde qui affluait de partout pour assister à cette mascarade. Les commerces de la ville prospérèrent à plein régime et ça dura ainsi plusieurs mois.
Les sœurs sont dénudées, rasées, on les asperge d'eau bénite, on leur introduit des seringues à clystères. Elles se tordent dans tous les sens, éructent toutes sortes d'obscénités, se masturbent devant une foule en délire !
Ça n'a que trop duré et il faut maintenant agir. En novembre 1633 Laubardemont reçoit l'ordre d'enquêter sur cette affaire. Une commissions spéciale de 12 magistrats présidée par ce même Laubardemont recueille alors tous les témoignages possibles -et ils sont relativement nombreux car le curé s'était fait beaucoup d'ennemis parmi la population locale- récupère des papiers pour le moins douteux -preuve en est ce pacte prétendument signé par Grandier avec le Diable !-
Il est décidé que le jugement qui découlera de ce tribunal d'exception sera sans appel possible auprès du Parlement de Paris. Ce qui revient à dire qu'Urbain Grandier est déjà jugé coupable de sorcellerie.
Le 6 décembre 1633 Urbain Grandier est arrêté et c'est Mignon qui est chargé de son interrogatoire.
En juillet 1634 la Commission se réunit pour examiner les 4000 pages du dossier. Comme le malheureux refuse d'avouer, il est alors soumis à la Question ordinaire et extraordinaire et on lui inflige la torture des brodequins.
Les brodequins
On ne donnait guère cette question qu’aux accusés de grands crimes et dont la condamnation paraissait inévitable : on cherchait, au moyen de la torture des brodequins, à en obtenir des éclaircissements ou des aveux. Voici comment on procédait :
On faisait asseoir le patient, on lui attachait les bras, on lui faisait tenir les jambes à plomb, puis on lui plaçait le long des deux côtés de chaque jambe deux planches, une en dedans et une en dehors ; on les serrait contre les jambes ; on les liait sous le genou et au-dessus de la cheville du pied ; ensuite, ayant placé les jambes près l’une de l’autre, on les liait toutes deux ensemble avec des cordes pareilles placées aux mêmes endroits ; puis on frappait des coins de bois dans les deux planches placées en dedans entre les genoux, et par en bas entre les deux pieds : ces coins serraient les planches de chaque jambe, de façon à faire craquer les os. La question ordinaire était de quatre coins, l’extraordinaire de huit. On condamnait certains criminels à être pendus et brûlés ; on les pendait d’abord, puis on les descendait de la potence pour être placés sur un bûcher et brûlés.
Au bout du huitème coin, Grandier n'avait toujours pas avoué ; alors Laubardemont exige qu'on lui inflige deux coins supplémentaires. Mais rien n'y fait !
Pendant ce temps, les sœurs, sans doute prises de remords, reconnaissent avoir menti. Hélas c'est bien trop tard.
Le 18 août 1634 six mille personnes se ruent sur la place du Marché où un bûcher a été dressé. Là on traîne le malheureux, vivant encore, et après l'avoir attaché, il est enduit de soufre et le feu est mis.
Voilà la triste histoire de ce prêtre qui eut le malheur d'être au mauvais endroit au mauvais moment.
Et les sœurs dans tout ça ? Eh bien leurs crises de possession dureront jusqu'en 1637. Jeanne des Anges fut reçue par Richelieu et assista à la naissance du futur Louis XIV auprès de la reine Anne d'Autriche. Elle est pas belle la vie ?
Si vous en avez l'occasion, regardez le film "Les diables", réalisé par Ken Russell en 1971.
Quelques ouvrages sur ce sujet :
01:03 Publié dans Gens peu ordinaires | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : urbain grandier, loudun possédées, sorcellerie