vendredi, 30 avril 2010
176. En rade
Tout allait trop bien pour que ça dure ... Hier, le modem qui me sert à la connection internet a rendu l'âme. Après avoir contacté AOL ce matin et essayé de réparer en ligne, il s'est avéré que l'on va m'envoyer un nouveau modem. Ce qui signifie donc que je serai plusieurs jours absente de ce blog... C'est ainsi, il faut prendre son mal en patience.
Vous rajoutez là-dessus que je souffre à nouveau du dos et le tour est joué. Je vous dis donc à bientôt !
10:27 Publié dans Croque mots | Lien permanent | Commentaires (5)
jeudi, 29 avril 2010
175. Expression en image
Voilà ce qui s'appelle : faire le dos rond !
08:10 Publié dans Les insolites | Lien permanent | Commentaires (5)
174. Les derniers jours de Pékin-8-
Loti part à la découverte de ce qui reste de la ville de Tong-Tchéou :
«Personne, naturellement, dans les longues rues dévastées, où les charpentes ont croûlé, avec les briques et les tuiles des murs. Des corbeaux qui croassent dans le silence. D'affreux chiens, repus de cadavres, qui s'enfuient devant nous, le ventre lourd et la queue basse. À peine, de loin en loin, quelques rôdeurs chinois, gens de mauvais aspect qui cherchent encore à piller dans les ruines, ou pauvres dépossédés, échappés au massacre, qui reviennent peureusement, longeant les murailles, voir ce qu'on a fait de leur logis.
Le soleil est déjà très bas, et, comme chaque soir, le vent augmente ; on frissonne d'un froid soudain. Les maisons vides s'emplissent d'ombre.
Elles sont tout en profondeur, ces maisons d'ici, avec des recoins, des séries de cours, des petits bassins à rocailles, des jardinets mélancoliques. Quand on a franchi le seuil, que gardent les toujours pareils monstres en granit, usés par le frottement des mains, on s'engage dans des détours qui n'en finissent plus. Et les détails intimes de la vie chinoise se révèlent touchants et gentils, dans l'arrangement des pots de fleurs, des plates-bandes, des petites galeries où courent des liserons et des vignes.
Là, traînent des jouets, une pauvre poupée, appartenant sans doute à quelque enfant dont on aura fracassé la tête. Là, une cage est restée suspendue ; même l'oiseau y est encore, pattes en l'air et desséché dans un coin.
Tout est saccagé, arraché, déchiré ; les meubles, éventrés ; le contenu des tiroirs, les papiers, épandus par terre, avec des vêtements marqués de larges taches rouges, avec des tout petits souliers de dame chinoise barbouillés de sang. Et çà et là, des jambes, des mains, des têtes coupées, des paquets de cheveux.
En certains de ces jardinets, les plantes qu'on ne soigne plus continuent gaiement de s'épanouir, débordent dans les allées, par-dessus les débris humains. Autour d'une tonnelle, où se cache un cadavre de femme, des volubilis roses sont délicieusement fleuris en guirlande - encore ouverts à cette heure tardive de la journée et malgré le froid des nuits, ce qui déroute nos idées d'Europe sur les volubilis.[...]
En-dehors des grandes voies à peu près droites, qui laissent paraître d'un bout à l'autre leur vide désolé, il y a des ruelles sans vue, tortueuses, aboutissant à des murs gris, et ce sont les plus lugubres à franchir, au crépuscule et au chant des corbeaux, avec ces petis gnomes de pierre gardant des portes effarantes, avec ces têtes de mort à longue queue traînant partout sur les pavés. Il y a des tournants, baignés d'ombre glacée, que l'on aborde avec un serrement au cœur ... Et c'est fini, pour rien au monde nous n'entrerions plus, à l'heure qu'il est, entre chien et loup, dans ces maisons épouvantablement muettes, où l'on fait de macabres rencontres ...
Nous étions allés loin dans la ville, dont l'horreur et le silence nous deviennent intolérables, à cette tombée de nuit. Et nous retournons vers le quartier des troupes, cinglés par le vent du nord, transis par le froid et l'obscurité ; nous retournons bon pas, les cassons de porcelaine craquant sous nos pieds, avec mille débris qui ne se définissent plus.»
Le lendemain, jeudi 18 octobre 1900 : Loti quitte la jonque au petit matin pour l'ultime étape de son voyage qui le conduit jusqu'à Pékin. Restée sur le fleuve, la jonque est gardée par deux marins du détachement français de Tong-Tchéou. Le reste du trajet s'effectue à cheval.
« Nous faisons cette dernière étape en compagnie du consul général de France à Tien-Tsin et du chancelier de la légation, qui l'un et l'autre montent à Pékin, escortés d'un maréchal des logis et de trois ou quatre hommes de l'artillerie.
Longue route monotone, par un matin froid et gris, à travers des champs de sorghos roussis par les premières gelées, à travers des villages saccagés et désertés où rien ne bouge plus : campagnes de deuil et d'automne, sur lesquelles commencent de tomber lentement une petite pluie triste.»
Pierre Loti, Les derniers jours de Pékin (extraits).
À suivre
03:42 Publié dans Pierre Loti | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : voyage, chine, pékin, pierre loti
mardi, 27 avril 2010
173. Et vive les vivaces !
Je lis sur le carton adjoint à la plante : "Rustiques et faciles, les vivaces renaissent chaque année au jardin."
Cette année, je n'avais pas envie d'investir dans des plantes annuelles ( pélargoniums, pétunias et j'en passe), mis à part quleques graines de capucines et de cosmos. Les soucis de l'année dernière repoussent tout seuls, donc je vais en avoir un peu.
Ce matin je suis donc allée faire un tour à la jardinerie près de chez moi. Le choix est si vaste que j'ai hésité un long moment, puis, finalement, j'ai acheté :
1 agapanthe bleue, 1 lobelia speciosa, 1 hellébore rose, 1 sedum telephium, 1 bergenia hybride et enfin 1 leptospermum scoparium Martini. J'ai placé des étiquettes au pied des plantes pour me souvenir des noms ! Voilà, tout est en place, il n'y a plus qu'à attendre que ça pousse... J'ai le temps de faire plusieurs siestes.
17:55 Publié dans Coups de cœur | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : jardin, plantes, vivaces
172. Les derniers jours de Pékin-7-
Loti quitte Tien-Tsin le lundi 15 octobre. À Yang-Soun le train s'arrête, faute de voie. Mais la jonque est là, sur la rive du Peï-Ho.
« Et à présent, il va falloir, pour trois jours au moins, s'arranger une existence de lacustre, dans le sarcophage qui est la chambre de l'étrange bateau, sous le toit de natte qui laisse voir le ciel par mille trous et qui, cette nuit, laissera la gelée blanche engourdir notre sommeil. Mais c'est si petit, si petit, cette chambre où je devrai habiter, manger, dormir, en promiscuité complète avec mes compagnons français, que je congédie l'un des soldats ; jamais nous ne pourrions tenir là-dedans quatre ensemble.
Les Chinois de mon équipage, dépenaillés, sordides, figures niaises et féroces, m'accueillent avec de grands saluts. L'un prend le gouvernail, les autres sautent sur la berge, vont s'atteler au bout d'une longue amarre fixée au mât de la jonque, et nous partons à la cordelle, remontant le courant du Peï-Ho, l'eau lourde et empoisonnée où ça et là, parmi les roseaux des bords, ballonnent des ventres de cadavres.»
Le voyage se poursuit donc au rythme des tireurs de la jonque sur la berge. De temps à autre Loti descend et marche le long du fleuve. Dans la matinée, la jonque s'arrête près d'un fortin occupé par les zouaves. Il faut penser au ravitaillement ! Ce sera du pain, du vin, des conserves et du thé pour deux jours. Puis la remontée du fleuve se poursuit.
Mardi 16 octobre :
« Réveil au petit jour, pour faire lever et repartir notre équipage.
À l'aube froide et magnifique, à travers la limpidité d'un ciel rose, le soleil surgit et rayonne sans chaleur sur la plaine d'herbages, sur le lieu désert où nous venons de dormir.
Et tout de suite je saute à terre, pressé de marcher, de m'agiter, dans un besoin irréfléchi de mouvement et de vitesse ... Horreur ! À un détour du sentier de halage, courant à l'étourdie sans regarder à mes pas, je manque de marcher sur quelque chose qui gît en forme de croix : un cadavre nu, aux chairs grisâtres, couché sur le ventre, les bras éployés, à demi enfoui dans la vase dont il a pris la couleur ; les chiens ou les corbeaux l'ont scalpé, ou bien les autres Chinois pour lui voler sa queue, et son crâne apparaît tout blanc, sans chevelure et sans peau ...[...]
Vers le soir de cette journée, les montagnes de Mongolie, celles qui dominent Pékin, commencent à se dessiner, en petite découpure extra lointaine, tout au ras de l'horizon, tout au bout de ce pays infiniment plat.»
Mercredi 17 octobre : la jonque arrive à Tong-Tchéou, devenue depuis Tongzhou.
« Tong-Tchéou, occupant deux ou trois kilomètres de rivage, était une de ces immenses villes chinoises, plus peuplées que bien des capitales d'Europe, et dont on sait à peine le nom chez nous. Aujourd'hui, ville fantôme, il va sans dire ; si l'on s'approche, on ne tarde pas à s'apercevoir que tout n'est plus que ruines et décombres.
Lentement nous arrivons. Au pied des hauts murs crénelés et peints en noir de catafalque, des jonques se pressent le long du fleuve. Et sur la berge, c'est un peu l'agitation de Takou et de Tien-Tsin, compliquée de quelques centaines de chameaux mongols, accroupis dans la poussière. [...]
Pendant deux mois, les rages de destruction, les frénésies de meurtre se sont acharnées sur cette malheureuse « ville de la Pureté céleste », envahie par des troupes de huit ou dix nations diverses. Elle a subi les premiers chocs de toutes les haines héréditaires. Les Boxers d'abord y ont passé. Les Japonais y sont venus, héroïques petits soldats dont je ne voudrais pas médire, mais qui détruisent et tuent comme autrefois les armées barbares. Encore moins voudrais-je médire de nos amis les Russes ; mais ils ont envoyé ici des cosaques voisins de la Tartarie, des Sibériens à demi mongols, tous gens admirables au feu mais entendant encore les batailles à la façon asiatique. Il y est venu de cruels cavaliers de l'Inde, délégués par la Grande-Bretagne. L'Amérique y a lâché ses mercenaires. Et il n'y restait déjà plus rien d'intact quand sont arrivés, dans la première excitation de vengeance contre les atrocités chinoises, les Italiens, les Allemands, les Autrichiens, les Français.»
Pierre Loti, Les derniers jours de Pékin (extraits)
Un siècle plus tard, Tong-Tchéou n'est plus une ville fantôme, non, mais elle s'est transformée en ville-poubelle, envahie par les déchets de Pékin, toute proche ! Voir ICI.
Enfin, mondialisation oblige, vous pourrez toujours aller acheter votre pizza au Carrefour du coin !
À suivre
08:31 Publié dans Pierre Loti | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : voyage, chine, pékin, pierre loti