Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

dimanche, 29 novembre 2009

430. Célestine Chardon -9-

                    LA VIE BIEN ORDINAIRE DE CÉLESTINE CHARDON

Chapitre 9 : un dimanche mouvementé.

podcast
Pendant ce temps, à Tours, Célestine se préparait pour se rendre au rendez-vous fixé à onze heures et où elle devait faire connaissance des membres de l'association "Loisirs en Touraine". Elle n'avait pas le cœur à ça, trop préoccupée par l'absence prolongée et inexpliquée de son chat. Avant de quitter l'immeuble, elle alla frapper à la porte de chez Lucie pour l'informer de cette disparition.

— Si des fois tu le voyais, prends-le chez toi en attendant mon retour ! dit-elle à son amie.

— Ne t'inquiète pas Célie, ce n'est pas la première fois qu'il fugue, il aura trouvé une copine dans le coin ! rajouta Lucie en riant.

celestine9a.jpg

Le rendez-vous était place Jean Jaurès au Continental. Quand Célestine arriva, il y avait déjà une vingtaine de personnes en train de se congratuler et de bavarder assez bruyamment. Béatrice, la directrice de l'association vint au devant de Célestine et la pria de se joindre aux autres en faisant brièvement les présentations.

— Chut.... Un peu de silence, s'il vous plaît ! Merci bien. Je vous présente une nouvelle adhérente, Célestine et je ne doute pas que vous l'accueillerez chaleureusement !

Tous les regards se tournent alors vers Célestine qui se sent d'un coup fort mal à l'aise. Les femmes présentes sont majoritairement des trentenaires, les hommes itou et elle se trouve alors bien âgée. Elle cherche du regard les rares présents qui sont dans sa tranche d'âge. Ouf, elle aperçoit en arrière-plan un petit groupe d'hommes et de femmes qui sont de sa génération. Elle les rejoint donc. Il y a là trois femmes et deux hommes en grande discussion à propos de leurs prochaines destinations de voyage.

Puis tous passent bientôt à table. Les quinquagénaires se regroupent, Célestine laisse les gens prendre place et un des hommes du groupe lui propose alors de venir se mettre à côté de lui.

— Nous pourrons ainsi faire plus ample connaissance, dit-il en avançant la chaise au moment où Célestine s'asseyait. Je m'appelle Alain. Vous c'est Célestine je crois ...Un bien joli prénom pour une femme qui a de si beaux yeux verts!

Il n'est pas très grand, assez rond et semble surtout très bavard. Il engage tout de suite la conversation et au bout d'une demi-heure a fait le tour complet de sa vie. Il est divorcé depuis peu, ayant eu deux enfants. Une enfance dorée passée à l’étranger avec des parents diplomates, un retour en France, une scolarité débridée puis l'opportunité d'entrer dans une grande société de commerce où il exercera des responsabilités importantes. Une vie professionnelle particulièrement stressante qui l'amène à faire un infarctus, puis la dégringolade... Le chômage, la rupture familiale. Actuellement il avait retrouvé un bon job à Paris. 

— J'ai pris un appartement tout près de la gare pour des raisons de commodité. J'ai une vie qui me laisse peu de temps pour les loisirs. Je pars le matin à six heures et je ne rentre à Tours que le soir vers vingt heures trente. Ces rencontres du week-end me permettent de m'évader un peu...Mais je parle, je parle ! Et vous, Célestine, que faites-vous dans la vie, allez racontez-moi un peu, j'ai envie de mieux connaître qui se cache derrière ce regard si envoûtant !

— Regard envoûtant, vous ne croyez pas que vous en rajoutez un peu trop, non ? Bof, ma vie est un long fleuve tranquille. Je vis seule avec mon chat. Je suis à la retraite depuis un jour seulement. Auparavant je travaillais comme vendeuse aux Galeries Lafayette.

— Tu permets que je te tutoie ? Ici, c'est la règle. Tiens je propose qu'on porte un toast à ta venue parmi nous !

Et, le verre à la main, il se tourne vers les autres tables en disant:

— Mes amis, je vous invite à lever vos verres et à trinquer avec moi en l'honneur de notre nouvelle amie ici présente !

— A Célestine !  répondirent en chœur les autres convives.

Après le repas, une balade digestive et culturelle à la fois se déroule dans le quartier de la cathédrale Saint Gatien.

celestine9b.jpg

Alain ne quitte pas Célestine d'un pouce, il la saoule complètement avec ses bavardages à un point tel qu'elle a oublié ses préoccupations matinales. Vers dix-sept heures quelques personnes viennent à partir. Elle voit là l'occasion rêvée de quitter tout ce petit monde. Elle prétexte alors une visite à rendre à une parente hospitalisée pour mieux s'éclipser. Alain parait déçu. 

— Tu nous quittes déjà ? C'est dommage, j'aurais bien aimé te montrer mon appartement, c'est juste à côté. Peut-être accepterais-tu de me donner ton numéro de portable afin que l’on reste en relation ? J'aimerais bien encore discuter avec toi.

— Oui, si tu veux, tu as de quoi noter ?

Il sort un petit agenda et y inscrit le numéro. Puis il embrasse Célestine en lui pressant légèrement le bras.

Ouf ! Enfin seule...

Célestine n'a jamais apprécié les réunions de plus de six personnes. Au delà de ce nombre, cela devient confus, tout le monde parle en même temps et il y en a toujours un ou deux qui veulent se faire remarquer en monopolisant la parole. Alain a l'air gentil, il a même réussi à la faire rire, ce qui est rare. Il ne lui plait pas physiquement mais il a un côté gamin et une telle spontanéité que cela le rend sympathique. Oui, elle aimerait quand même bien le revoir. 

C'est en tournant le coin de la rue qu'elle repense subitement à Théo. Elle presse le pas. Par chance Julie est chez elle:

— Hélas, je ne l'ai pas vu ! J'en ai parlé à Olivier pour qu'il se renseigne. Allez rassure-toi Célie, fit-elle en lui tapant amicalement sur l'épaule, ton Théo connaît bien sa maison et il ne s'est jamais perdu.

Célestine monte lentement l'escalier vers le troisième étage tout en imaginant le pire. Au moment où elle atteint le palier du deuxième il lui semble entendre comme un léger miaulement. Surprise, elle se retourne en regardant dans l'escalier. Non, il n'y a rien. Le miaulement se reproduit, plus perceptible cette fois. On dirait qu'il provient de l'intérieur de l'appartement. Elle s'approche de la porte et colle son oreille sur le bois... Oui, c'est bien ça ! C'est la voix de Théo qu'elle entend. Pas de doute possible, son chat est bien là, enfermé à l'intérieur de l’appartement.

Elle s'accroupit et appelle sous la porte: Théo ! Théo !

Aussitôt un miaulement lui répond. Célestine se redresse. Elle est à la fois soulagée de le savoir vivant mais en même temps paniquée à l'idée qu'il soit prisonnier. Elle redescend l'escalier en quatrième vitesse et frappe chez Lucie.

— Ça y est Lucie, je l'ai retrouvé ! il est enfermé au deuxième chez le peintre. Comment on va faire pour le récupérer ?

Lucie n'entrevoit que deux solutions: soit on a la clé et alors pas de problème, soit on n'a pas la clé et il ne reste plus qu’à forcer la porte.

— Mais personne n'a la clé à part le locataire. Et Marc nous a dit qu'il était parti au Maroc !

— Attends, ne t'affole pas ainsi, rentre et assieds-toi. Je vais téléphoner à Marc et on va trouver une solution. De toute façon ton chat il ne va pas mourir comme ça. C'est résistant les chats, ils peuvent être plusieurs jours sans manger et sans boire, rajoute-t-elle pour essayer de rassurer Célestine.

Par bonheur Marc est chez lui. Malheureusement il ne possède pas de double. Par contre il a le numéro de téléphone du peintre à Marrakech et il veut bien essayer de le contacter.

Marrakech, vingt heures... Ivan est monté sur la terrasse de sa maison. De cet endroit, il peut contempler une partie de la médina et les montagnes qui se profilent dans le lointain. Il vient de mettre une touche finale à son dernier tableau et se dit qu'il n'y a qu'en ce lieu qu'il réussit à peindre bien. Il est heureux, paisible.

celestine9c.jpg

La sonnerie de son portable vient soudain rompre le charme :

— Oui, allo ?

—Monsieur Souborovski ? C’est Marc Legendre de l’agence immobilière de Tours. Nous avons un problème à résoudre.

À suivre

samedi, 28 novembre 2009

429. Célestine Chardon -8-

                   LA VIE BIEN ORDINAIRE DE CÉLESTINE CHARDON

Chapitre 8 : Ivan Sergueï Souborovski.

podcast
Il était un peu plus de minuit quand l'avion atterrit à Marrakech. Comme à chaque fois Mohamed attendait Ivan sur le parking face à l'aéroport. Il le conduisait ensuite jusqu'à la Médina. C'est à cet endroit, tout proche de la place Djemaa-el-Fna que l'artiste aimait à venir pour se ressourcer. Il y retrouvait ses racines, des odeurs qui ne l'avaient jamais quitté, qui hantaient ses rêves, les couleurs criardes et violentes de cette ville, la population grouillante des ruelles.

Maroc 1 301A.JPG

C'est ici qu'il était né, voilà plus de cinquante ans. Il aurait tout aussi bien pu naître à Varsovie ou encore à Paris, mais le destin en avait décidé. Le destin !photo10.jpg

Le père d'Ivan, Léon, était d'origine russe. Il avait vécu à Tours où son père exerçait la profession de tailleur depuis 1920, dans une petite boutique située dans une rue du vieux Tours. A sa majorité, Léon avait repris le commerce familial. Puis la guerre était survenue et Léon et sa famille, d'origine juive, avaient dû se cacher. Ils avaient été recueillis un certain temps dans une ferme du Lochois, jusqu'au jour où leur présence fut repérée et les parents de Léon furent arrêtés par la police française. Ce fut le départ pour Drancy puis Buchenwald. Ils ne revinrent jamais. Léon, quant à lui, avait réussi à échapper à l'arrestation. Traqué un temps, il put rejoindre un réseau clandestin dans le maquis et bientôt devint un meneur actif dans la résistance. Il avait tout juste vingt-quatre ans. 

En janvier mille neuf cent quarante quatre le réseau fut démantelé car parmi ses membres un mouchard s'était infiltré et les arrestations s'amplifièrent soudain de façon anormale. Cette fois-ci Léon fut arrêté. Il séjourna quelques temps à Tours, dans les locaux de la Gestapo rue George Sand, puis fut expédié vers Auschwitz.

Léon survécut à l'enfer. Lorsque le camp fut libéré, il fit la connaissance d'une jeune polonaise, Irena Gradalska, d'une beauté saisissante malgré son extrême maigreur et son regard vide. Elle semblait ne plus exister, ne savait plus où aller...Léon tomba amoureux d'elle et la prit sous sa protection. Ensemble ils rejoignirent la France, puis Tours.

Lorsque Léon et sa protégée se retrouvèrent devant sa maison d'enfance, celle-ci était occupée par d'autres gens, le commerce avait disparu. Tous les biens de la famille de Léon avait été réquisitionnés. Il ne possédait plus rien !

Il décida alors de quitter ce pays où plus rien ne le retenait désormais. Léon épousa Irena et ils prirent un grand bateau qui les emmena vers le soleil, la lumière, la vie... C'est ainsi qu'ils se retrouvèrent à Marrakech. Là, Léon reprit son ancien métier et en mille neuf cent quarante sept Irena mit au monde un petit garçon auquel ils donnèrent les prénoms de ses deux grands pères : Ivan, le père de Léon, et Sergueï, le père d'Irena qui avait été un très grand architecte avant, avant que ... Le ghetto de Varsovie !  Il ne fallait jamais prononcer le nom de cette ville devant Irena. Elle avait vu trop d'horreurs et subi tant d'outrages pour rester en vie ! Tous les siens étaient morts de faim au début de la construction de l’enclave juive dans cette ville. Elle n’avait dû sa survie qu’à sa beauté. Léon ne sut jamais ce qui s’était réellement passé à cette période, mais il s’en doutait un peu.

fatma.jpgIrena ne se remit jamais de la disparition de tous les siens. Elle sombra peu à peu dans un état léthargique. Le petit Ivan était confié à une arabe, Fatma, qui vivait avec le couple et s’occupait des tâches ménagères. Fatma apprit l'arabe au jeune garçon et lui fit découvrir tous les coins et recoins de cette ville labyrinthique.

Et puis, un jour de mille neuf cent cinquante cinq, Fatma retrouva Irena endormie sur son lit. Son visage si pâle paraissait serein, un léger sourire venait l'illuminer. Elle était morte sans bruit comme pour ne pas troubler l'ordre de cette maison.

Dés lors, tout s'accéléra : Léon, fou de douleur, décida de quitter le Maroc et de revenir en France. Les évènements politiques semblaient le conforter dans cette idée. Un autre bateau emmena Léon et le petit Ivan de l'autre côté de la Méditerranée. Les adieux à Fatma furent déchirants. Elle promit de s'occuper de la tombe d'Irena.

bateau.jpg

 Le deux mars mille neuf cent cinquante six le Maroc proclamait son indépendance. Ce jour là, Léon venait de trouver un appartement à louer dans le vieux Tours. A cette époque le quartier faisait un peu penser aux ruelles de la Médina, la population y était tout aussi bigarrée...Seul, le soleil avait perdu de son éclat.

C'est ainsi que le père et le fils se retrouvèrent dans la rue des Trois Pucelles, à cet endroit précis où ce matin même Ivan avait emménagé. Un retour aux sources, pensa t-il  tout en regardant les lumières de la ville au loin, tandis que Mohamed conduisait silencieusement.

(Changement de décor, changement de musique).

podcast
Il était donc heureux de revenir à Marrakech, il avait à chaque fois l'impression de rajeunir et même si la ville avait beaucoup changé depuis l'arrivée des charters de touristes, il y avait encore tant de recoins qui restaient vierges de toute invasion occidentale.

Mohamed laissa Ivan au coin d'une ruelle et partit garer la voiture un peu plus loin. Ivan s'engouffra dans un dédale de petites rues sombres. photo13.jpg

Au bout de quelques minutes il s'arrêta devant une grande porte en bois de cèdre. Comme par enchantement la lourde porte s'ouvrit alors en laissant entrevoir une cour intérieure où seul le clapotis d'une fontaine faisait entendre sa douce musique.

— Enfin chez moi, murmura-t-il dans un profond soupir. Dans le lointain on percevait le bruit d'une étrange mélopée.

À suivre

428. Les villes fantômes -7-

taiwan.jpgQuittons l’île de Chypre pour celle de Taïwan, en Asie.

À San Zhi, au nord-est de la capitale, se trouve une résidence dont la construction débuta dans les années soixante-dix et destinée aux familles fortunées de Taïpei.

Lors des travaux, plusieurs ouvriers trouvèrent mystérieusement la mort. Cela suffit pour créer une rumeur, comme quoi le lieu était maudit. Le projet fut alors abandonné, les logements pourrissent sur place et il n’est pas question de démolir cet ensemble par crainte des fantômes habitant les lieux.

sanzhi2.jpg

sanzhi1.jpg

13:06 Publié dans Ici ou là | Lien permanent | Commentaires (0)

vendredi, 27 novembre 2009

427. La macro, ça se mérite !


podcast
Tout a débuté vendredi dernier. J'avais décidé d'aller m'acheter mon cadeau de Noël, à savoir un objectif pour faire de la macro. Auparavant, j'étais allée sur internet me renseigner sur ce que je pouvais trouver de valable et dans mes prix. Mon choix s'était porté sur deux objectifs, un Sigma et un Pentax.  Je suis donc partie au magasin habituel, là où jusqu'à présent j'ai toujours trouvé ce qui me convenait. Manque de bol, le vendeur n'avait pas ces modèles en magasin et d'ailleurs, en consultant les sites d'achat, il ne pouvait même pas les avoir ! Ça commençait plutôt mal.  

En revanche il me propose un autre objectif qui, d'après lui serait comparable , voir même meilleur. J'hésite un peu, puis comme il insiste, appuyé par son chef qui était à côté, je me laisse convaincre. Je passe donc la commande en sachant que l'objectif devrait arriver mardi au plus tôt (le 24) ou vendredi au plus tard (le 26).

Mardi 24, après les deux heures de conversation en anglais ( yes, I speak good now), je me rends à l'hôpital Bretonneau recevoir ma première raclée de la semaine au scrabble avec Christine. Puis, au pas de course, je vais voir Thierry au musée et en quittant les lieux, je téléphone au magasin pour savoir si l'objectif est arrivé : YES ! Vous imaginez la joie...

Sitôt à la maison, je place le nouvel objectif sur mon appareil et commence à vouloir prendre divers objets. Résultat très décevant ! Les photos sont floues ou alors l'appareil refuse de s'enclencher. Je mets ça sur le compte du manque de lumière.  Mercredi, comme il pleut une partie de la journée, je laisse l'appareil de côté.

Jeudi matin, je pars au cours d'anglais avec mon appareil et je prends quelques photos de fleurs avant le début du cours. A la sortie, je rencontre ma fille. Je lui explique mon problème. Elle essaie à son tour de faire quelques photos, résultat nul ! Elle me conseille alors de retourner au magasin.

Je la quitte bientôt pour retourner à Bretonneau où je prends ma deuxième raclée au scrabble. En sortant de l'hôpital je m'attarde dans le jardin botanique pour prendre des cœurs de fleurs et autres détails. À la maison je télécharge les photos. Ça ne va pas du tout !

Je retourne au magasin. Là, j'attends plus d'une demi-heure car le vendeur est occupé avec une cliente. Je lui expose mes difficultés tant bien que mal (surement mal d'ailleurs car il fait des recherches sur son ordinateur et finit par me convaincre que c'est de ma faute !). Je repars donc avec l'objectif. Ultime tentative à la maison... Inutile de vous préciser, je pense, que cela se termine par une crise de nerf. Je téléphone alors à un magasin spécialisé, à Tours, et je lui explique le problème : je voudrais faire de la macro, j'ai déjà un 55-250 et un 70-300. Que me conseillez-vous ? ... Un macro SMCDFA 100. Ah, bien, merci !

Et me voilà repartie au magasin initial. Imaginez la tête du vendeur quand il m'a vue !

Bon, ça ne va pas du tout ! Je ne peux rien faire de bien avec cet objectif ! Je ne fais pas mieux qu'avec mon 70-300. Il me faut un... Et je lui sors la référence que l'on m'avait conseillée dans l'autre magasin.

Regardez sur votre ordinateur si vous ne pouvez pas me l'avoir !

Effectivement, il trouve l'objectif, ce n'est pas le même prix, mais tant pis, au point où j'en suis... D'autre part, il doit le commander et je le recevrai de la fabrique. Il faut compter un délai d'environ trois semaines.

Tout est rentré dans l'ordre, pensez-vous. Eh bien non, tout à l'heure je reçois un texto :

Votre magasin ... vous informe que votre commande n'est pas disponible pour le moment. Nous vous tenons informé.

Mon sang n'a fait qu'un tour : je me suis précipitée sur le téléphone. Naturellement la fille à la caisse m'a redirigée sur une autre ligne occupée et au bout de dix minutes d'attente la communication s'est éteinte. Pas de panique ! Je prends la voiture et file au magasin. Tout en conduisant, j'élabore des plans pour la suite. S'ils ne peuvent pas l'avoir dans les trois semaines , j'annule purement et simplement la commande. Ouf, le magasin est encore ouvert ! Là je retrouve le vendeur (le pauvre, il n'est pas prêt d'oublier ma tête).

Il téléphone à l'usine qui lui confirme l'envoi du texto. Il s'agit simplement de me prévenir du délai déjà fixé la veille ( trois semaines). Bon, cette fois, tout est en règle. Ah non, un peit détail que je ne dois pas oublier : quand je vais recevoir le colis, il faut que je pense à l'ouvrir devant le facteur afin de vérifier que l'objectif n'a pas subi de dégât !...

Enfin, pour clore cette journée, j'ai perdu tous mes mouchards d'un seul coup ! Je ne suis donc plus en mesure de savoir qui est sur mon blog en temps réel... Pfff... Tiens, je vais me coucher.

426. Célestine Chardon -7-

     LA VIE BIEN ORDINAIRE DE CÉLESTINE CHARDON

Chapitre 7

podcast
C'était Lucie Froju qui venait de sonner.

— Coucou Célestine ! Alors, comment ça va depuis hier ?

— Bien, bien, répondit celle-ci. Tu savais, toi, que nous avions de nouveaux locataires ?

Elles se tutoyaient toutes les deux depuis qu'elles avaient travaillé ensemble aux Nouvelles Galeries. Lucie Froju était une jeune femme chaleureuse, toujours prête à rendre service. Elle avait trouvé en Célestine une oreille attentive à qui elle pouvait se confier quand cela n'allait pas. Et les occasions ne manquaient pas ! Lucie était à la recherche du prince charmant, mais elle avait beau chercher, elle n'avait rencontré jusqu'à présent  que des hommes mesquins, médiocres et pantouflards. Sa peur de la solitude était telle qu'elle choisissait un peu n'importe qui.

— Les nouveaux ? Oui, je sais, Marc m'en a parlé.

Marc Legendre était un ami d'enfance de Lucie qui travaillait dans une agence immobilière située dans le vieux Tours. Il connaissait le quartier par cœur et était au courant de tous les potins.

— Marc m'a dit que c'était un couple en instance de séparation ; lui, c'est un artiste peintre. Il recherchait un petit appart' par ici car il adore le quartier. Mais apparemment il loue pour lui tout seul en attendant de trouver une maison dans la région.

— Quelle drôle d'idée de venir ici ! Et pourquoi spécialement à Tours ? ajouta Célestine très intriguée.

— Ah, il parait qu'il est né à Tours et qu'il avait envie de revoir sa ville natale. Peut-être qu'il va peindre des tableaux du quartier; ce serait amusant, non ? questionna  Julie. 

— Il est connu comme peintre ? renchérit Célestine.

— Il parait que oui, moi je n'y connais rien. Marc m'a dit qu'il faisait parfois les gros titres des journaux, mais surtout pour sa vie privée qui est assez, comment dire, déjantée !

— Comment ça, déjantée ? s'inquiéta Célestine qui imaginait déjà son immeuble envahi par une faune d'excentriques de tous poils.

— Ah, tu sais, les artistes sont des gens bizarres, il parait qu'il picole pas mal et il est souvent entouré d'une bande de gens du même acabit. Ecoute, on verra bien !...Mais je n'étais pas venue pour ça ! Ton invitation pour dix-neuf heures chez Olivier, ça tient toujours ?

— Oui, oui, tu viens, n'est-ce pas ? Je compte sur toi !

— Pas de problème ma petite Célie, je serai là. Tu as eu une excellente idée d'inviter tout le monde chez Olivier. Ça va être sympa... Tiens, au fait, pendant que j'y pense, je récupère mon aspirateur ! Ce n'est pas qu'il me manque, mais je risque de le chercher un peu partout quand je voudrai m'en servir. Allez, à plus Célie!  Et la voilà repartie d'un pas rapide.

C'est Lucie qui, un jour, avait trouvé ce diminutif de Célie pour Célestine. Cela lui allait bien et tous ses amis l'appelaient souvent ainsi. Elle regarde l'heure : dix-sept heures ! Encore deux heures à attendre avant de se rendre chez ses voisins d'en face, le café tenu par Olivier et sa femme, des gens qu'elle affectionne et chez qui elle a donné rendez-vous à tout son petit groupe d'amis pour fêter, joyeusement cette fois, son départ à la retraite. 

Elle n'a pas entendu la camionnette et la voiture partir. Ainsi donc, ils allaient avoir un artiste dans l'immeuble ! Elle réalise qu'elle a oublié de demander à son amie  comment s'appelle ce peintre. Et qu'est-ce qu'il peignait ? Du figuratif ? De l'abstrait ?...

A dix-neuf heures, Célestine poussa la porte du petit café. Quelques-uns de ses amis étaient déjà arrivés : il y avait Pierre, le jeune bouquiniste de la rue, qui depuis une dizaine d'années maintenant vivotait tant bien que mal dans sa petite boutique envahie par les livres ; on y trouvait de tout et c'était peut-être là le problème ! Célestine avait toujours pensé qu'il aurait dû se spécialiser dans un genre, la science fiction ou les B.D, par exemple. Au lieu de cela, il emmagasinait tout ce qu'il pouvait récupérer et n'avait ainsi jamais ce que ses clients recherchaient.

Pierre était en pleine conversation avec Laura, sa copine qui tenait une boutique d'objets qu'elle créait  elle-même, des boîtes décoratives, des bijoux, des mobiles... Son commerce marchait assez bien car elle avait su varier ses créations et les prix étaient très abordables.

Dans la cuisine, Ahmed, l'épicier marocain de la rue, aidait la femme d'Olivier à garnir les assiettes. Ahmed, c'était le rayon de soleil de cette rue, toujours de bonne humeur, toujours chantant et blaguant. Il était marié à une Française, Françoise, qui travaillait comme secrétaire médicale. Ils avaient deux adorables petites filles dont Ahmed était très fier. Il ravitaillait en fruits et légumes tous les habitants de la rue et même du quartier. Son étal méritait qu'on en fasse un tableau !

Turquie 1 828b.JPG

Marc était en train d'aider Laura à déballer les acras de morue encore tout chauds que Maria, une autre amie de Célestine, avait préparées durant tout l'après midi. Manquaient encore à l'appel Roseline et Maryse. Roseline arriverait plus tard, c'était prévu. Quant à Maryse, elle devait laisser ses enfants chez son "ex" avant de venir...

Lucie arriva en retard, à cause de ma quiche qui n'était pas cuite ! ajouta-t-elle en signe d'excuse. Olivier avait préparé un punch  à réveiller un mort comme il dit en servant chacun des convives. Puis, profitant que son dernier client venait de partir, il ferma le café et toute la joyeuse équipe continua à discuter tranquillement des nouvelles.

— Dis-donc Marc, fit Pierre, c'est qui le zigoto qui a emménagé cet après midi ? Il n'avait pas grand chose comme meubles. Au bout de deux heures, ils avaient fini de décharger. Et la nana, quelle pimbêche !

— Bof, c'est un artiste, répondit Marc. Il ne fait que passer, il recherche une propriété en dehors de la ville avec pas mal de terres autour. Côté finance, il assure ! Il est parti pour le Maroc tout le mois de juin et revient en juillet. Je suis chargé de lui trouver la perle rare, mais ça ne va pas être coton, car je ne suis pas le seul sur l'affaire, tu penses bien !

— Flûte alors, je les ai loupés, s'exclama Lucie que le punch avait rendue toute excitée. Il paraît que la nana avait une belle voiture ?

— Oui, une M.G, c'est un roadster anglais, la classe..., renchérit Marc. C'est la voiture de madame. Monsieur, lui, ne conduit pas d'après ce que j'ai pu comprendre. En attendant, c'est une affaire en or si je la réussis. Je vais me faire une commission du tonnerre si je lui dégote une propriété qui lui plait, je croise les doigts, fit-il en accompagnant le geste aux paroles. Si ça marche, je vous invite tous au restaurant !

— Oui, bravo, c'est toi le plus beau ! s'écria Lucie et tout le monde d'applaudir, de rire et de bavarder jusqu'à une heure avancée de la nuit.

Il était deux heures quand Célestine réintégra son petit appartement. Mais, en entrant, elle fut surprise de ne pas trouver Théo. Elle réfléchit pour se souvenir à quel moment de la journée elle l'avait aperçu pour la dernière fois. Bon, à midi il était là puisqu'elle lui avait donné du jambon...Et quand elle est partie à sept heures ? Elle ne se souvenait pas l'avoir vu à ce moment précis. Il se sera sauvé,  cela arrive quelquefois. Il profite d'un moment d'inattention pour se faufiler entre les jambes de Célestine et il va se balader dans le quartier. Elle n'est jamais tranquille dans ces cas-là, elle a peur qu'il se fasse renverser par une voiture ou bien encore qu'il soit kidnappé  pour servir ensuite de cobaye dans un laboratoire.

Célestine a bien du mal à trouver le sommeil ce soir-là. Avant de se coucher, elle a pris soin de laisser la fenêtre ouverte, des fois que son chat  serait grimpé sur les toits... Durant la nuit, d'étranges rêves viennent la harceler : elle voit la pimbêche au volant de sa voiture. Théo est sur la route, immobile. La voiture fonce alors à vive allure, mais au moment où elle va écraser le chat, un homme apparaît brusquement, il prend le chat dans ses bras. La voiture fonce sur l'homme, mais au fur et à mesure qu'elle se rapproche elle devient plus petite et elle disparaît mystérieusement dans le corps de l'homme qui reste impassible. Plus de voiture ! Célestine est au bord de la route, assise sur un banc. Elle a assisté à la scène sans bouger. Elle reconnaît le peintre qui s'avance vers elle. Théo se met alors à parler:

— Tu vois Célestine, j'ai un nouvel ami, il s'appelle Ivan, il m'a sauvé la vie. Tu dois te montrer très gentille avec lui car c'est un homme malheureux.

Elle se réveille brusquement, en sueur. Sa première pensée est pour Théo. Elle se lève précipitamment et va dans la cuisine. La gamelle du chat est intacte. Il n'est pas venu manger !   

Ivan ! D'où sort-elle ce prénom ? Elle a oublié de demander à Marc le nom du peintre. S'appellerait-il Ivan ? Ce serait bien étrange quand même ! Mais sa préoccupation première est Théo. Elle regarde l'heure à sa montre: six heures.

celestine7.jpg

Pour sûr qu'elle ne va pas se recoucher maintenant. Elle jette un coup d’œil par la fenêtre ; au dehors tout est silencieux et sombre. C’est dimanche…

À suivre