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mardi, 01 décembre 2009

435. Célestine Chardon -11-

                            LA VIE BIEN ORDINAIRE DE CÉLESTINE CHARDON

Chapitre 11 : les débuts d’une nouvelle vie

podcast
Le lendemain Célestine téléphona dans la matinée à la section locale des restos du cœur, l'association fondée en 1985 pour venir en aide aux plus démunis. Au départ cette association s'était fixée un but de relais en attendant que la situation sociale de la France s'améliore. Mais voilà, on était en 2002, et les restos étaient toujours là.

Jusqu'à présent Célestine n'avait jamais prêté une attention particulière aux œuvres caritatives, estimant que c'était à l'état à subvenir aux besoins de tous, après tout, on payait suffisamment d'impôts comme ça ! Mais cette fois-ci, elle s'était bien rendu compte que les restos rendaient d'immenses services et puis elle avait envie de se sentir utile à quelque chose, utile à quelqu'un, cela lui donnait des raisons supplémentaires pour poursuivre une existence qui jusque là avait été bien triste.

Elle aimait à dire qu'elle entamait sa troisième vie. Après tout les chats ont sept vies, pourquoi il en serait différent pour les humains ?

Sa première vie avait été son enfance, entourée des siens, ses souvenirs de petite fille aimée et heureuse. Puis elle était entrée dans le monde du travail, le monde des adultes, c'était sa deuxième vie remplie de désillusions, une quête du grand amour qui s'étiola au fur et à mesure que les années passaient, un monde où elle finit par devenir une mécanique bien huilée qui fit ce qu'on lui demandait sans jamais se poser de questions. Il valait d'ailleurs mieux de ne pas s'en poser de trop, des questions, car la déprime peut mener parfois à des gestes irréversibles...Elle avait tenté par deux fois l'expérience, loupées par chance. Elle passa ainsi de nombreuses années sous une sorte d'éteignoir.

On aurait pu penser que la petite flamme qui était cachée dessous avait fini par s'éteindre. Mais non, elle attendait l'instant où elle serait délivrée pour briller de nouveau, pour étinceler dans la nuit et revivre pleinement. C'est ce qui était en train de se produire depuis deux jours...Le couvercle de l'éteignoir s'était légèrement soulevé et la petite flamme, au contact de l'oxygène se remit à brûler ! Et cette fois-ci Célestine, avec la maturité de réflexion qu’amène les années, était bien décidée à vivre pleinement, sans contrainte, sans tabou aucun, à aller jusqu’au bout de toutes les expériences, tenter les pires folies. Elle n’avait de comptes à rendre à personne.

Pour l’instant elle contactait la responsable des restos qui fut enchantée de récupérer une nouvelle bénévole au moment où les vacances arrivaient.

— Vous pouvez passer au local cet après-midi si vous voulez. J’y serai et je vous ferai visiter les lieux.

Ce local était situé dans la rue Febvotte. Quand on passe devant, on est toujours surpris de voir une longue file d'attente sur le trottoir, une file qui s'allonge de plus en plus à mesure que les années passent.

— Bon, voilà une bonne chose de faite ! se dit-elle en raccrochant le combiné. Maintenant, au tour de la banque.

Et elle s'en fut voir son banquier préféré. Elle n'était pas riche, mais elle avait hérité de ses parents d'un petit pécule qu'elle avait placé, puis, étant peu dépensière, elle avait réussi à mettre de côté une rondelette somme d'argent. Et elle avait dispersé ses placements dans plusieurs banques, histoire de ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier.

Elle se pointa à la banque dès l'ouverture afin de pouvoir rencontrer le responsable aussitôt. C'était un homme de son âge qui partageait avec elle l'amour des félins. A chaque fois qu'ils se voyaient, ils se donnaient des nouvelles de leur chat.

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L'entretien s'éternisa donc un peu et il était déjà onze heures quand elle quitta les locaux de la banque située boulevard Heurteloup. Elle coupa en biais derrière l'hôtel de ville et se retrouva bientôt rue Nationale. 

Les lauriers roses étaient en fleurs et il faisait un superbe temps...Elle s'engouffra dans la Galerie Nationale et emprunta l'escalator qui menait à la FNAC. Arrivée au rayon informatique, elle demanda à voir un conseiller. Il lui fallut attendre un certain temps car il y avait pas mal de monde et tous les employés étaient occupés. Un jeune arriva enfin :

— Voilà, lui dit-elle, je veux m'acheter un ordinateur, quelque chose de bien, le prix importe peu. C'est pour mon usage personnel, donc je n'ai pas besoin de choses compliquées. Et ne vous lancez pas dans des explications techniques car je n'y comprends rien ! Je vous fais entièrement confiance, ne me décevez pas !

 Le jeune employé ne put s'empêcher de sourire. Il aurait pu lui fourguer les articles en promotion qui étaient déjà « out » mais il la trouva si sympathique qu'il lui proposa un modèle d'un bon rapport qualité-prix. Et comme elle avait la carte du magasin, elle bénéficiait d'une remise de 5% sur le prix d'achat, ce qui ma foi n'était pas négligeable. Par contre elle devait revenir avec sa voiture pour récupérer le matériel. Elle se dit qu'elle passerait au retour des restos.

Elle rentra toute guillerette chez elle. Au passage elle croisa Lucie qui rentrait déjeuner.

— Ah Lucie ! Je vais avoir besoin de toi. Figure-toi que je viens de m'acheter un ordinateur. Mais tu vas devoir m'aider à l'installer.

Voyant la mine amusée de Lucie, elle s’empressa de rajouter :

— Oui, je sais, j’ai toujours dit que je trouvais ça inutile, mais que veux-tu, il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’idée, non ?

— Mais non, Célie, je ne me moque pas de toi, je suis très contente au contraire. Tu vas voir, c’est génial. Et puis, te connaissant, curieuse comme tu es, tu n’as pas fini de découvrir plein de choses !

— Bon, parfait. Ah, je commence à être sur les nerfs… Tiens, au fait, as-tu mangé ?

— Non,  j’y allais ; pourquoi ?

— Eh bien on va fêter l’évènement ; je t’emmène grignoter un truc quelque part, allez, suis-moi !

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Et les voilà parties, bras dessus, bras dessous, Lucie commençant à vanter à son amie tous les avantages de l’internet. Elles finirent par entrer dans la crêperie de la place Plumereau.

L'après midi Célestine se rendit rue Febvotte en voiture. Le local des restos était fermé mais la responsable s'y trouvait ainsi que quelques bénévoles, occupés à ranger les denrées alimentaires. Elle fut accueillie chaleureusement et sentit tout de suite que l'ambiance y était fraternelle, sans chichi et qu'elle s'y plairait. Elle sentait ces choses d'instinct sans pouvoir l'expliquer clairement. 

Elle se rendit ensuite au service après-vente de la FNAC pour récupérer son bien. Ce n'est pas sans difficulté qu'elle parvint à gravir les trois étages qui la séparait de son appartement. Une fois chez elle, elle réfléchit à l'endroit où elle pouvait installer l'ordinateur. Il fallait que le téléphone soit à côté, donc son choix se porta tout naturellement dans son salon-bureau, petite pièce qui lui servait aussi de chambre d'ami avec son canapé clic-clac.

La prise du téléphone était située dans l'angle près de la fenêtre. L'endroit lui parut parfait car ainsi elle pourrait jeter un coup d'œil de temps en temps par la fenêtre pour voir ce qui se passait dans la rue.

Elle repoussa un peu le canapé de façon à libérer de la place et s'en fut dans sa cave à la recherche d'une table. La cave de Célestine pouvait prétendre au titre de caverne d'Ali Baba... Elle eut d'ailleurs bien du mal à se frayer un chemin parmi tous les meubles entassés et dénicha enfin ce qu'elle cherchait: une table en bois, rectangulaire et dont les pieds étaient munis de roulettes. Elle était même assez grande pour y poser ultérieurement une imprimante et un scanner.

Quand Lucie fit tinter les cloches de la porte d'entrée, Célestine venait tout juste de poser l'écran sur la table. Son amie fit tous les branchements puis le moment tant attendu arriva. Cérémoniale, Célestine appuya sur le bouton et l'écran s'alluma. Elle se mit alors à battre des mains et à sautiller comme une gamine ! Lucie avait récupéré des logiciels qu'elle installa sur l'ordinateur.

— Je te mets AOL comme fournisseur d'accès à Internet, c'est celui que j'utilise. Mais tu verras par la suite, tu pourras changer si cela ne te convient pas. Tu as un mois d'accès gratuit. Bon alors, tu te souviens ? Pour éteindre tu appuies sur « Démarrer ». Si des fois tu avais des problèmes, passe-moi un coup de fil, mais pas après vingt-deux heures, n'est-ce pas Célie ?

— Oui, oui, pas de problème.Allez, sauve-toi, moi je vais faire mumuse !

Sitôt son amie partie, elle se précipita vers l'ordinateur et se brancha sur internet. Elle cliquait un peu partout, ébahie par toutes ces images, les bandes sonores ; elle ne comprenait pas encore tous les fonctionnements mais elle arrivait tout de même à accéder à plein de sites. Lucie lui avait mis « Google » dans ses favoris et Célestine tapa son nom. Elle fut surprise de le voir apparaître écrit en gros ! Elle eut soudain l'impression d'être espionnée et elle ferma aussitôt toutes les fenêtres, puis elle éteignit tout.

Il était plus de onze heures et Théo miaulait dans la cuisine.

— Mon pauvre vieux, je t'avais complètement oublié dans tout ça ! Excuse-moi mon Théo, pour me faire pardonner, je vais te donner quelque chose que tu aimes !

Elle ouvrit son placard et en sortit une boîte de « délices crémiers » dont raffolait son chat. Quand minuit sonna, Célestine dormait déjà à poings fermés et Théo furetait dans le bureau à la découverte de ce nouveau matériel qui avait l'air de tant plaire à sa maîtresse.

À suivre

434. Les villes fantômes -8-

namibie.gifAprès les deux séjours sur des îles, pas forcément paradisiaques je le reconnais, je vous emmène aujourd'hui en Afrique, plus précisément en Namibie. Allons à la découverte de la ville de Kolmanskop (Kolmannskuppe en allemand) située à une dizaine de kilomètres de Lüderitz (voir sur la carte).

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À la fin du XIXème siècle des colons allemands vinrent dans cette région du désert de Namib pour y exploiter le diamant. La ville fut bâtie en 1908 et connut rapidement une très grande prospérité jusque dans les années vingt. L'exploitation des mines de diamant durent alors connaître un déclin et peu à peu la ville se vida de ses habitants. C'est aujourd'hui une ville fantôme où le sable du désert reprend tous ses droits.

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Plus de photos ICI.

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05:59 Publié dans Ici ou là | Lien permanent | Commentaires (1)

lundi, 30 novembre 2009

433. Célestine Chardon -10-

              LA VIE BIEN ORDINAIRE DE CÉLESTINE CHARDON

Chapitre 10 : Célestine récupère son chat.

podcast
Marc expose alors brièvement la situation à Ivan : le chat s'est probablement introduit à l'insu de tous dans son appartement au moment de l'emménagement et il s'est retrouvé enfermé. Il faut maintenant trouver une solution pour l'en sortir!

— Vous êtes certain que le chat est bien à l'intérieur ?

— Oui, oui, aucun doute ! C'est le chat de mademoiselle Chardon qui habite juste au-dessus de chez vous. Elle l'a entendu miauler.

Ivan réfléchit quelques instants. La voisine du-dessus, celle qui était penchée à sa fenêtre et qu'il a observé la veille, intrigué par cette apparition. Il lui semblait la connaître, mais à savoir d'où, c'était une toute autre affaire pour lui qui dans sa vie avait toujours été entouré de femmes, celles qu'on aime à vouloir en mourir, celles qu'on désire dans l'espoir de les posséder un jour, celles qu'on affiche à son bras pour se mettre en valeur, celles qu'on baise et qu'on oublie dès le lendemain. Pourquoi avait-il été troublé ainsi en la voyant ? A bien y réfléchir elle n'avait rien de particulièrement remarquable, hormis ce sourire candide et ce regard insistant qu'elle avait posé sur lui.

Il finit par rétorquer:

— Les clés sont avec moi. Vous savez que j'ai récupéré mon appartement pour un certain temps. Je le louerai à nouveau dès que vous m'aurez déniché ce que je cherche. D'autre part, il est hors de question que je rentre à Tours pour un chat ! Certes j'aime les chats, j'en ai un moi-même à Paris...Voilà ce que je vous propose de faire

Et Ivan d'expliquer à Marc qu'il n'a qu'à faire venir un serrurier ou S.T.P

— Je vous fais confiance pour que la porte soit réparée aussitôt le chat sorti et naturellement vous vous chargez des frais. Vous me rappelez pour me tenir au courant!

— Très bien, monsieur Souborovski, c'est très gentil de votre part de m'autoriser à intervenir chez vous. Ne vous faîtes aucun souci, je serai présent lors de l'ouverture et je vérifierai que tout se passe normalement. C'est mademoiselle Chardon qui va être heureuse car elle était aux quatre cents coups !lc[1].gif

— Oui, je peux l'imaginer, fit Ivan se représentant Célestine en larmes, se tirant les cheveux de désespoir et criant à sa fenêtre comme la mère Michel. Il aurait été le père Lustucru dans cette histoire...cela le fit sourire!

Marc s'empressa de rappeler Lucie pour la tenir informée de la réponse et contacta aussitôt S.T.P. Dans l'heure qui suivit la camionnette de dépannage arriva dans la rue endormie.

Le réparateur n'eut aucune peine à ouvrir la porte ; Théo, apeuré par le bruit, était allé se réfugier à l'autre bout de l'appartement et dans la semi-obscurité Célestine eut bien du mal à le voir. L'appartement du peintre avait la même superficie que le sien mais la disposition en était tout autre. Des cloisons avaient été abattues ce qui donnait une impression de grandeur. Il n'y avait plus que deux pièces, le séjour et la chambre, mais le séjour était très vaste. Il y avait des cartons empilés un peu partout sur le plancher, des tableaux étaient posés le long des murs en attente d'être accrochés. Sur une grande table rectangulaire divers objets s'amoncelaient...

plage1.jpgCélestine prit Théo dans ses bras et tout en se dirigeant vers la sortie, son regard fut attiré par un cadre posé sur la table. Elle jeta un coup d'œil à la photo et fut alors saisie ! Elle connaissait cette photo, elle l'avait vue si souvent par le passé, elle reconnaissait l'homme et l'enfant qui jouaient sur cette plage.

Elle était toute troublée en sortant et pendant que le réparateur changeait la serrure, elle dit à Marc:

— Comment s'appelle-t-il, ce peintre ?

— Ivan Souborovski, pourquoi ?

— J'ai connu un Léon Souborovski qui habitait ici autrefois, quand je suis arrivée. Tu crois que c'est la même famille ?

Marc hésita puis lui répondit:

— Je ne sais pas, je sais seulement qu'il est propriétaire de cet appartement et qu'il attendait que la locataire s'en aille pour s'y installer.

— Alors, pas de doute, c'est le fils de Léon. Je ne l'ai pas connu, mais son père m'a bien souvent parlé de lui.

C'est Célestine qui régla la facture, la note était salée mais elle était trop contente d'avoir récupéré Théo et trop troublée par la photo pour y prêter la moindre attention.

Ivan était retourné à la contemplation de sa dernière œuvre. Mais ses pensées bientôt le transportèrent à Tours. Il avait hérité de cet appartement à la mort de son père, en 1999. Quand ils étaient arrivés du Maroc, c'est dans cet endroit qu'ils avaient posé leurs valises. C'était en 1955... Il y a si longtemps déjà !

La vie avec son père avait été difficile. Ce dernier ne s'était jamais complètement remis de la mort de sa femme Irena. Il avait trouvé un emploi de contremaître dans une usine de textile à Tours. Mais il était devenu taciturne, irritable.

Ivan, lui, avait poursuivi ses études au lycée Descartes. Son enfance dans le sud marocain avait développé chez lui un goût prononcé pour le dessin et la couleur. Il suivit des cours à l'école des Beaux Arts et en 1968 il fut admis à l'école des Beaux Arts de Paris. Son père n'avait pas accepté ce choix. Selon lui ce n'était pas un métier sérieux et leurs relations devinrent de plus en plus tendues jusqu'à la rupture qui intervint le jour du départ d'Ivan pour Paris. Ce fut la dernière fois qu'Ivan vit son père vivant. Bien souvent il lui téléphona, mais le vieux Léon resta intransigeant.

Célestine savait pourtant combien Léon adorait son fils, elle savait tout de la jeunesse d'Ivan. Que de fois Léon lui avait raconté leur vie là-bas, elle avait l'impression étrange d'y être allée. Et sur la photo de tout à l'heure, elle avait reconnu Ivan et Léon, lors d'un séjour à Mogador.

Tandis que Théo se remettait de ses émotions en dévorant tout le contenu de sa gamelle, Célestine prit son petit carnet pour y noter les évènements de la journée... Quel dimanche ! C'est à cet instant que la sonnerie du téléphone retentit.

— Allo Célestine, c’est Alain. J’espère que ta visite à l’hôpital n’a pas été trop pénible. Es-tu bien rentrée ?

— Bonsoir Alain, merci. Et puis j'ai retrouvé mon chat, alors je suis très contente.

— Tu sais j'ai été ravi de faire ta connaissance et j'apprécierai beaucoup que l'on puisse se revoir. Serais-tu d'accord pour un dîner au restaurant samedi prochain ? 

—Euh...oui, pourquoi pas. Attends que je regarde si je n'ai rien de prévu à cette date!

Elle n'avait évidemment rien d'inscrit pour ce jour-là, mais elle voulait faire croire qu'elle était très occupée.

— Non, je n'ai rien de prévu pour l'instant, donc c'est d'accord.

— Ah, je suis très content ! Eh bien, on dit vingt heures devant la gare ?

— Parfait Alain, j'y serai...Ah, au fait, toi qui sais plein de choses, tu connais un peintre du nom de Souborovski ?

— Ah, tu veux sans doute parler du sulfureux Soubo. Il a fait la une des journaux à une époque. Pourquoi me poses-tu cette question ?

— Oh comme ça. Figure-toi qu'il va habiter en-dessous de chez moi. J'ai bien connu son père qui...

Mais Alain n'avait que faire de Souborovski et il l'interrompit:

— Je te quitte car il est presque minuit et demain je me lève à cinq heures ! Bisous Célestine, bonne semaine et à samedi donc.

Presque minuit ? Célestine n'en revenait pas, elle qui d'habitude se couchait vers vingt et une heures. Vite elle se glissa sous la couette et se remémora les instants forts de cette journée:

Il est amusant cet Alain ... Léon Souborovski, ce vieil homme taciturne dont elle s’était occupée quand il était tombé malade… Le regard d’Ivan qui l’avait troublée …

Elle s'endormit bientôt, Théo entre ses bras.

À suivre

dimanche, 29 novembre 2009

432. Une nuit à Las Vegas


podcast

Cela remonte au mois d’avril 2002. Je travaillais encore et je venais juste d’emménager dans ma nouvelle maison. Durant les vacances de Pâques je pars alors toute seule aux États-Unis suite à l’invitation de mes amis Jean-Paul et Clarisse, un couple de Tourangeaux installés à Frémont, près de San Francisco, depuis les années quatre-vingt.

Je ne suis pas et je n’ai jamais été une admiratrice du pays des Mickeys. Mais l’occasion ne se reproduira pas toujours et de plus j’ai la possibilité financière à ce moment-là.

Le dimanche 1er avril, me voici donc à la gare de Saint-Pierre-des-Corps. C’est mon deuxième voyage en avion. J’ai pris un billet sur un vol d’Air France et l’avion décolle de Roissy en début d’après-midi.

Une petite dizaine d’heures plus tard, je sors  de l’aéroport. Clarisse est là. Je suis chargée comme un bourricot, valise-coque, énorme sac de voyage, sac à main et banane autour de la taille.

Jean-Paul a préparé un circuit d’une petite semaine durant laquelle nous irons à Hollywood, Las Vegas et dans le grand Canyon.

Départ le mercredi 3 avril. Nous passons la première nuit à Ventura, petite ville située entre Santa Barbara et Los Angelès.

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Le lendemain matin, arrêt à Hollywood, balade sur Hollywood boulevard, puis passage éclair dans le quartier de Beverly Hills et après la traversée de la banlieue de Los Angelès, nous prenons la route 15 en direction de Las Vegas.

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Des heures interminables sur une route traversant un paysage aride, désolé, sans habitation. On roule, on roule toujours. Le soir tombe, on roule encore…

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Soudain Clarisse demande à Jean-Paul :

—Comment cela se fait que tu roules aussi lentement ?

—Je n’ai pratiquement plus d’essence. J’ai peur de tomber en panne d’ici peu !

Il faut savoir que sur cette route les stations sont peu nombreuses et on a déjà passé la dernière avant Las Vegas depuis déjà longtemps. Or à cette station, Jean-Paul n’a pas voulu s’arrêter car il trouvait que c’était trop cher !

La nuit est maintenant tombée. Nous roulons toujours, mais à 60km/h… Bientôt dans le lointain on aperçoit de temps à autre des éclairs illuminer le ciel.

—Tiens, il y a un orage !

—Non, me répond Clarisse. Ce sont les lumières de Las Vegas que tu vois au loin !

Au volant Jean-Paul est de plus en plus stressé, il est maintenant dans la zone rouge du réservoir. Finalement nous arrivons à Las Vegas. Dans la voiture le climat est soudainement plus détendu.

— Regarde sur ta droite Jean-Paul, il y a une station !

— Oui, je l’ai vue, mais dans la station d’en face, l’essence est moins chère… Et il file pour aller tourner un peu plus loin sur la gauche afin de rattraper la route en sens contraire. Et là, je ne sais pas trop ce qui s’est réellement passé, mais Jean-Paul a loupé l’entrée de la station et nous nous sommes alors retrouvés de nouveau sur la route 15 en direction de la montagne sans possibilité de faire un demi-tour !

Une demi-heure plus tard, nous voici de nouveau à l’entrée de Las Vegas.

— Cette fois-ci, tu t’arrêtes à la première station, pas de blague hein !

Après avoir fait le plein, Jean-Paul va téléphoner à son fils pour savoir dans quel hôtel il nous a réservé des chambres. Finalement nous serons logés au HILTON.

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Avant de rejoindre l’hôtel, Jean-Paul nous balade sur l’avenue principale, bordée de casinos. Ça clignote de partout, la musique est amplifiée par des hauts parleurs. Les trottoirs sont envahis par une foule de badauds en tongs et T shirt.

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Dans un périmètre assez réduit on passe des pyramides égyptiennes à Big Ben puis la tour Eiffel, la statue de la Liberté après avoir longé les canaux d’Amsterdam et entre-aperçu le vaisseau fantôme. Serions-nous à Disneyland ?

Il est environ minuit. Nous allons alors poser nos bagages à l’hôtel et nous rafraîchir un peu avant de ressortir.

Welcome ! dit le voiturier en prenant les clés de la voiture de Jean-Paul, tandis que plusieurs employés se saisissent de nos valises.  Derrière nous arrive une énorme limousine blanche.

Nous voici maintenant dans l’immense  hall de l’hôtel qui ressemble plus à un hall de gare qu’à autre chose. Il y a foule à la réception et on est obligé de faire la queue. La première chose qui me frappe est le négligé des gens qui attendent d’avoir leur clé. Ils sont débraillés, parlent fort, ont des taches de sueur sur leurs vêtements.

Ah mais c’est maintenant notre tour ! Apparemment on n’était pas attendu. Le réceptionniste nous fait poireauter un long moment. Il va chercher un responsable. Au bout d’une petite heure nous finissons tout de même par obtenir les deux clés de nos chambres. Je suis au 26e étage et mes amis au 27e.

— Bon, on se retrouve en bas, près de l’ascenseur dans une petite heure ? me dit Jean-Paul avant que je sorte de l'ascenseur au niveau 26.

— OK, à tout à l’heure.

Je me retrouve dans un couloir sans fin. La chambre est immense, la salle de bain aussi. Ce qui m’impressionne surtout, c’est la baie vitrée donnant sur la ville. Les fenêtres ne s’ouvrent pas et c’est à cet instant précis que m’est revenu en tête le film « La tour infernale ». Je sens une certaine angoisse m’envahir peu à peu.

À l’heure convenue, je suis au rez-de-chaussée mais personne ! J’attends un peu, puis je décide de monter chercher mes amis directement dans leur chambre. Arrivée devant la porte, je constate qu’ils ont quitté leur chambre. Je redescends donc. Toujours pas de Jean-Paul et de Clarisse ! Peut-être ont-ils eu la même idée que moi ? Je remonte alors dans ma chambre. Impossible de les joindre car ils n’ont pas de portable. Je téléphone alors à la réception.

— Allo, ze roume tou séveune oine tou, plize !

Le téléphone sonne bien, mais personne ne répond. Mais où diable sont-ils passés ?

Cette chasse à l’homme va durer plus d’une heure ! Finalement nous finissons quand même par nous retrouver au moment où je descendais de l’ascenseur et qu’ils s’apprêtaient à y monter.

Il est plus de deux heures du matin. Nous dînons rapidement dans un des restaurants du Hilton avant de sortir au-dehors. À ce moment là je sature complètement, j’ai surtout envie de dormir et tout ce que je vois me parait tellement factice. Nous entrons dans un casino. Les gens s’affairent aux machines à sous, autour des tables de jeux, ça crie, ça rigole, ça picole, ça fume… Je m’installe à une machine à sous sans aucune conviction. D’ailleurs je ne dépenserai pas plus de 10 dollars. À côté de moi, une petite vieille vient de faire banco. Elle crie, s’affaire à ramasser sa mise  et placer les jetons dans un petit panier.

Nous ressortons peu après. Il doit être quatre heures du matin et il y a toujours autant de monde dans les rues. J’ai un terrible mal à la tête.

— Bon, si on allait se coucher ? Tu dois être fatigué mon pauvre Jean-Paul.

À huit heures  je me réveille. Un œil par la baie vitrée. Mon Dieu, que cette ville est laide.

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431. Le roi du burger

hubertkeller.jpgSavez-vous qui est le roi du burger aux États Unis ? Contrairement à ce que l'on pourrait supposer, ce n'est pas un Américain, mais un... Français ! Je vous présente Hubert Keller d'origine alsacienne qui est arrivé à San Francisco dans les années soixante-dix. Après avoir ouvert un restaurant haut de gamme dans cette ville (Fleur de lys), il s'est tourné vers Las Vegas. Là, il a eu l'opportunité d'ouvrir un burger-bar dans un des multiples casinos et ce fut un succès immédiat.

Il faut dire que son burger est pour le moins surprenant : un pavé de bœuf de Kobé (ville japonaise) surmonté d'un sauté de foie gras entre deux tranches de pain brioché, le tout accompagné d'une sauce aux truffes. N'oublions pas quelques frites autour. Et si en plus vous prenez une bouteille de Petrus 1990, il vous en coûtera la bagatelle de ... 5000 dollars et sans doute en prime une bonne crise de foie !

Ce burger est en photo sur le site à la rubrique "Sleek".

Il envisage maintenant de s'implanter en Chine.

Un p'tit tour dans le monde de la frime, ICI.

Et puisqu'on parle de Las Vegas, je vais vous raconter prochainement mon rapide passage dans la ville du jeu et du sexe !