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mardi, 24 novembre 2009

420. Remember

magny4[1].jpgMelocoton et Boule  d'Or, deux gosses dans un jardin...

Cela vous dit quelque chose ? Non, sans doute pas ou alors, vous êtes comme moi, vous avez oublié. Et pourtant, comment oublier la voix de Colette Magny ! 

Non, je n'ai pas oublié sa voix...

419. Célestine Chardon -5-

Chapitre 5


podcast

Mentalement elle fit un rapide tour d'horizon des locataires de son immeuble. La Froju, comme elle l'appelait, habitait au rez-de-chaussée, donc ce ne pouvait pas être elle. D'autre part, elle l'avait vue la veille et cette dernière n'avait pas parlé de déménagement. Au premier étage vivait un couple de retraités. Ils étaient partis un mois auparavant voir leur fils qui travaillait à La Martinique. Célestine avait d'ailleurs reçu la semaine précédente une fort jolie carte qu'elle avait aussitôt mise sur son réfrigérateur.

photo20.jpg

Ne restait plus que la voisine du dessous. Effectivement elle vit la porte du deuxième étage grande ouverte quand elle arriva sur le palier. Une jeune femme était en train de passer l'aspirateur dans l'appartement vidé de tous ses meubles à présent. Célestine frappa trois petits coups à la porte:

— Je peux entrer ? Alors, vous nous quittez ?

 Ah, c'est vous mademoiselle Chardon ! Oui, je me dépêche car l'appartement est repris de suite et le nouveau locataire arrive cet après-midi. Il faut que je laisse les lieux dans un état à peu près correct quand même!

 Et ce n'est pas indiscret de vous demander où vous allez ? renchérit Célestine.

 Ah, je ne vous ai pas dit ? Eh bien j'ai été mutée dans la région parisienne. Ce n'est pas que cela m'enchante mais le travail va y être intéressant et je ne dois pas laisser passer une telle occasion. Et puis vous savez, plus rien ne me retient maintenant ici depuis que....

 Oui, oui, je sais, s'empressa d'ajouter Célestine.

Oui Célestine savait, elle se souvenait de l'arrivée de ce jeune couple trois ans auparavant. Ils avaient un petit garçon d'à peine un an. Lui, son mari, travaillait comme représentant dans une firme automobile et elle était employée dans un bureau. Ils étaient, jeunes, beaux, et tout semblait s'annoncer sous les meilleurs auspices, sauf qu'un jour il est sorti et a omis de rentrer. La jeune femme s'est retrouvée seule avec son petit garçon. Au fur et à mesure qu'il grandissait le bambin devenait de plus en plus coléreux et capricieux. Célestine n'avait plus besoin de mettre son réveil à sonner le matin car elle était régulièrement réveillée vers sept heures par les cris du petit monstre refusant de se lever, de s'habiller, de manger, d'aller à l'école. Et tous les matins c'était la même comédie, les cris, les injonctions de la pauvre mère qui voyait l'heure passer et qui devait encore le conduire chez la nourrice avant de partir à son travail.

Célestine avait bien tenté de lui expliquer qu'elle devait se montrer plus ferme avec lui, mais la jeune femme ne réagissait pas:

 Il est encore si petit, il ne comprend pas!. Le gamin, caché derrière sa mère, en profitait pour faire des grimaces à Célestine.

Décidément, Célestine n'aimait pas ce petit, encore un enfant-roi, un futur bourreau de parents. Puis après tout, cela ne la regardait pas, chacun balaie devant chez soi, se disait-elle en soupirant.

 J'ai un service à vous demander, reprit la jeune femme en s'arrêtant deux secondes dans son nettoyage.

— Oui, si je peux, sans problème.

 Eh bien voilà, comme j'ai fini le ménage, je voudrais partir tout de suite avec mes amis afin que nous ayons le temps de poser les meubles dans mon nouvel appartement ; je ne peux donc pas attendre le nouveau locataire pour lui remettre les clés comme nous en avions convenu. Pouvez-vous le faire à ma place ?

 Euh...à vrai dire, je ... Elle est bien embarrassée, Célestine. Elle n'aime pas qu'on lui force ainsi la main, surtout qu'elle ne connait pas ce nouveau venu.

— À quelle heure doit-il venir ?

 Il m'a dit qu'il passerait à quatorze heures et comme il n'est que midi, ça m'ennuie d'être obligée d'attendre deux heures !

 Vous ne pouvez pas lui téléphoner ? insista Célestine.

 Non, il a oublié de me donner son numéro de portable. Je n'ai que son adresse et son fixe. Et il ne doit pas être chez lui car ce n'est pas la porte à côté !

 Ah bon ? Parce qu'il n'habite pas dans la région ? fit Célestine, soudain curieuse.

 Je ne sais pas où il habite exactement, il m'a donné son adresse de travail à Paris.

 Il est marié ?  Célestine regrettait déjà sa question, mais trop tard, les mots avaient jailli d'un coup, comme l'eau jaillit d'une source.

La jeune femme la regarda d'un air amusé :

— Je crois que oui, mais quand il est venu visiter, il était seul.

Retiens-toi Célestine, garde pour toi la question qui te brûle les lèvres: il est comment ? À ce moment précis trois brefs coups de klaxon stoppent net la conversation.

— Ah ! Ce sont mes amis, ils trouvent le temps long. Bon, je vous laisse les clés. Merci beaucoup mademoiselle Chardon pour votre gentillesse. Pour mon courrier, je me suis arrangée avec mademoiselle Froju. Si des fois il y avait le moindre problème, elle pourra vous donner ma nouvelle adresse. Je peux vous embrasser ?  

Et avant que Célestine ait eu le temps de réagir, elle se sentit serrée comme dans un étau et reçut sur les joues deux belles marques rouges.

— Chéri, fais un bisou à la voisine !

 Non, j'veux pas! répondit aussitôt le gamin tout en tirant sur la veste de sa mère pour la forcer à partir.

 Allons Minou, sois mignon, fais plaisir à maman ! S'il te plait, m’amour!

Je t’en ficherai, moi, des mamours, ne put s’empêcher de penser Célestine.

De mauvaise grâce, le gamin s'approcha alors de Célestine qui se pencha vers lui et, en lui faisant les gros yeux et lui disant d'une voix qu'elle voulait grave et impressionnante:

— Tâche d'être gentil avec ta maman, sinon tu auras affaire à moi !

Dans la rue on entendit le vrombissement d'un moteur, les copains s'impatientaient.

 Ah, une dernière chose ! Vous pouvez rendre l'aspirateur à mademoiselle Froju ? Elle m'a prêté le sien ce matin et m'a dit que je pouvais vous le confier quand j'aurai fini  si elle n'était pas chez elle.

 Oui, oui, pas de problème. Allez, sauvez-vous vite, on vous attend ! Bonne chance à vous !

Mais déjà la jeune femme, tirant le gamin par le bras, avait franchi le porche d'entrée.

Son panier à la main, Célestine pénétra dans l'appartement. Cela semblait d'un coup  plus grand, pourtant il avait la même superficie que le sien. Elle s'empara de l'aspirateur de l'autre main, sortit et ferma la porte à clé. Puis lentement elle monta l'étage qui la séparait de son antre à elle. Ainsi elle allait avoir un nouveau voisin !

À suivre

418. Les villes fantômes -4-

Etes-vous prêts à repartir pour une nouvelle destination ? Oui ? Bon,  très bien, alors en route vers l’état de Pennsylvanie aux États-Unis.

Ne cherchez pas la ville sur la carte, elle a été rayée ! En tout cas, je ne l’ai pas trouvée.

carte-usa[1].png

Centralia était  une petite ville qui comptait environ 1600 habitants au début des années soixante. Rien de particulier à signaler, si ce n’est peut-être une ancienne mine abandonnée où les habitants avaient pris l’habitude de déverser tous leurs déchets dans les galeries.

En 1962 ils eurent l’idée de faire brûler cette décharge. Et c’est là que se produit la catastrophe : impossible d’éteindre ce brûlot ! Néanmoins la vie continue.centralia2.jpg

Au début des années quatre-vingt surviennent alors des évènements étranges :

- Les réservoirs d’essence d’une station service atteignent les 80°.

- Des animaux meurent sans raison apparente.

- Le sol se dérobe soudain sous les pieds d’un enfant qui est sauvé de justesse de l’engloutissement par son cousin.

Il fallut bien se rendre à l’évidence : la zone était devenue totalement contaminée par le monoxyde de carbone !

centralia1.jpg

En 1988 les habitants furent expropriés, les routes barrées, la zone déclarée dangereuse et interdite.

Le feu continue de brûler sous la terre plus de quarante ans après et il faudra plusieurs siècles pour que la zone redevienne habitable.

En savoir plus ? ICI.

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lundi, 23 novembre 2009

417. Célestine Chardon -4-

               LA VIE BIEN ORDINAIRE DE CÉLESTINE CHARDON

Chapitre 4

podcast

La maison se dresse toujours fièrement à l’angle des deux rues. Les platanes du boulevard ont disparu peu à peu, rongés par la maladie. Ce grand boulevard sert de limite entre la commune de La Riche et Tours. Il part de la Loire, au nord, et aboutit plus au sud jusqu'au Cher.

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Au milieu du dix-neuvième siècle un jardin botanique y a été créé, dans la partie marécageuse où coulait l'ancien ruau de Sainte Anne. Et face au jardin se dresse l'hôpital Bretonneau, construit à l'emplacement de l'ancien " Sanitas" qui accueillait les lépreux au Moyen-Age. Cet hôpital s'est agrandi au fil des ans. En mille huit-cent cinq on lui adjoignit un hôpital militaire où de nombreux grognards des armées napoléoniennes vinrent se faire soigner. En mille huit-cent quatorze une école préparatoire de médecine et de pharmacie vint compléter l'ensemble hospitalier. Le service de l'infirmerie était confié à des sœurs de La Présentation, reconnaissables à leur grande cornette.

Elle s'en souvient la petite Célestine des bonnes sœurs avec leur cornette ! C'était en mille neuf-cent cinquante trois, elle les voyait presque tous les jours quand elle accompagnait sa maman qui allait voir sa mère mourante. Cela dura une année entière. Sa grand-mère était atteinte d'un cancer généralisé, une saloperie qui lui rongeait les chairs petit à petit. Et Célestine jouait avec sa poupée dans les couloirs de l'hôpital. Un jour un monsieur est arrivé. Il a dit quelques mots à l'oreille de sa maman et celle-ci s'est mise alors à pleurer. Elle a saisi Célestine par la main et elles sont parties en courant. Célestine revoit une pièce sombre où un homme était allongé sur un lit, immobile. C'est son grand-père, il vient de mourir d'une rupture d'anévrisme.

Célestine comprendra plus tard, beaucoup plus tard, beaucoup trop tard aussi pour pouvoir en parler, pourquoi sa maman à partir de ce jour-là ne fut plus jamais la même.  

La maison de Célestine était située à l'extrémité sud du boulevard, dans la partie la plus lugubre car elle donnait sur les abattoirs de la ville de Tours. Après c'était la voie ferrée où passaient les grosses locomotives rugissantes et crachant des flammes. Une fois le passage à niveau franchi, on trouvait sur la droite l'usine d'épuration des eaux, puis sur la gauche l'entreprise des pompes à merde. Il fallait se boucher le nez quand on passait devant. Après une petite montée, on arrivait dans un vaste espace de verdure, rempli d'arbres et d'herbes hautes qui s'étendait jusqu'aux rives du Cher. C'était le " Menneton", un lieu de prédilection pour les gens du quartier qui allaient y  pêcher, pique-niquer ou se baigner aux beaux jours. Les enfants s'y amusaient en toute tranquillité. Les parents de Célestine en leur temps y avaient joué, s'y étaient aimés, avaient fait des rêves d'avenir...

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Aujourd'hui il ne reste rien de tout ça, si ce n'est la petite maison du garde-barrière, branlante mais toujours debout. Les champs ont fait place à une zone industrielle. Sur le boulevard, l'abattoir a été remplacé par des barres de logements locatifs. Dans la rue d'à côté, les usines ont été démolies pour laisser la place à des petites résidences et à une zone commerciale. La maison de sa copine a disparu aussi, c'était une ancienne bergerie datant du quinzième siècle où le confort était pour le moins précaire. Mais qu'importe, elles s'amusaient bien les petites sur ce boulevard!

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Elles jouaient à la marelle, installaient des couvertures sur la terre battue pour jouer à la marchande, faisaient des concours de corde à sauter, jouaient à la balle le long des murs, se construisaient des arcs avec les branches du sureau qui dépassaient du jardin des voisins ou encore s'amusaient pieds nus dans le caniveau quand le balayeur venait ouvrir en grand la vanne d'eau. De cette époque il  ne lui reste qu'une photo, vieille photo un peu jaunie qui suscite tant de nostalgie. C’est pourquoi Célestine évite toujours de passer dans ce quartier.

 Mais pour l'instant elle ne pense qu'à une chose: aller au marché ! Elle se dépêche car ce marché qui s'installe autour des Halles ne dure que jusqu'à dix heures. On y trouve des maraîchers qui viennent vendre directement leur production. Il y a déjà du monde quand elle débouche sur la place. Le soleil commence à chauffer doucement et pas un seul nuage ne vient tacher le ciel d'un bleu pur. Elle flâne devant les étals, se laisse tenter par des fraises, des petites gariguettes bien rouges. Un peu plus loin elle trouve des radis ronds, ceux qui piquent légèrement lorsqu'on les croque. Elle achète également une botte d'oignons nouveaux, de l'ail vert qu'elle mangera avec un fromage de Sainte-Maure frais. Justement elle vient d'apercevoir son marchand attitré. Elle le connaît depuis très longtemps, elle l'a toujours vu, à croire qu'il est éternel, avec sa petite table sur laquelle il dispose œufs et fromages. Il ne vend que ça, mais il a ses clients fidèles. Célestine sait, pour avoir discuté avec lui, qu'il fait ainsi plusieurs marchés de la région pour vendre ses produits et que cela lui suffit pour vivre.  Il ne gagne sûrement pas beaucoup d'argent mais cela n'a pas l'air de le soucier ! Il est toujours de bonne humeur, heureux de vivre...marche.3[1].jpg

Un peu plus loin elle retrouve un couple de personnes âgées qui viennent vendre les fleurs de leur jardin. Ah c'est vrai qu'ils n'ont jamais beaucoup de fleurs à chaque fois, ils ne mettent pas du beau papier autour des bouquets, mais qu'elles sont belles leurs fleurs, elles embaument l'amour qu'ils ont mis à les cultiver. Célestine se laisse tenter par des pivoines roses, presque blanches. Elle songe qu'elle a déjà le bouquet qu'on lui a offert hier, mais qu'importe, elle mettra celui-ci dans sa chambre...

Et sur cette pensée elle pénètre maintenant sous les Halles. Il est bientôt dix heures et ça grouille de monde, une vraie ruche, mais une agitation normale pour un samedi. Sans hésitation elle se rend chez son crémier; elle aime bien dire SON crémier, comme s'il lui appartenait!  C'est ainsi qu'elle s'approprie les gens qu'elle aime. Dans le même registre, on trouve son boucher, son boulanger, son garagiste...

Il lui faut de la bonne crème fraîche, celle qui se vend au détail, celle que le crémier verse dans un pot avec une louche. Puis elle en profite pour acheter un morceau de beurre, le beurre à la motte que l'on coupe avec le fil.

— Bon, il ne me manque plus que le pain, se dit-elle en quittant le grand bâtiment et en se dirigeant vers la place du Grand Marché. Au passage, elle s'arrête pour prendre un pain de campagne tout chaud encore. Elle ne peut résister au plaisir de casser le croûton pour le manger aussitôt. Quand elle arrive devant chez elle, elle constate qu'un camion de location est garé le long du trottoir, tout près de la porte d'entrée. Plusieurs personnes s'affairent autour tandis que dans l'escalier des hommes sont en train de descendre des cartons.

— Tiens,  qui peut bien déménager ?

À suivre

416. Le timbre de novembre

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podcast

Ce mois-ci, Thierry nous propose une reproduction des chalands qui naviguaient autrefois sur la Loire et autres rivières : gabares, toues, fûtreaux, sapines. Depuis plusieurs années maintenant on peut revoir ces anciens chalands voguer sur l'eau grace à des passionnés qui reconstruisent ces bateaux.

Les plus grosses gabares pouvaient faire jusqu'à 25m de long. Elles transportaient toutes sortes de marchandises (sel, charbon, vin etc) et s'arrêtaient dans les nombreux ports qui existaient sur les rives.

Plus de renseignements ICI.

Enfin quelques photos prises sur la Loire, la Vienne et le Cher :

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