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dimanche, 20 décembre 2015

123. Voyage dans le temps -5-


podcast

En mai, fais ce qu’il te plait !

C’est parfois ce qu’on entend dire et bien souvent ce n’est malheureusement pas le cas. C’est ce que je pense en tout cas en franchissant le hall d’entrée de la clinique en cette belle journée ensoleillée de mai 2002. Une semaine plus tard, j’en ressors fatiguée, certes, mais débarrassée d’un souci.

Dans le courant de juin, un matin, je reçois la visite de l’inspecteur de l’Éducation. Il vient m’annoncer la fermeture prochaine de ma classe.

— Si cela ne tenait qu’à moi, il est sûr que votre classe subsisterait, mais je tiens à vous rappeler tout de même que la loi officielle a déclaré la fermeture des classes de perfectionnement en 1991 ! Nous sommes donc obligés de régulariser la situation.

Effectivement, je suis encore l’unique classe de perfectionnement dans tout le département.

Pour me rassurer, il rajoute aussitôt :

— Dès la prochaine rentrée vous intègrerez le RASED.

La perspective de devoir quitter les lieux est loin de me faire sauter de joie au plafond. J’aime l’endroit où je travaille, j’aime ce que je fais avec les enfants et l’idée d’avoir à me réadapter à une nouvelle façon de travailler ne me réjouit pas forcément. En fait, ce qui me déplait surtout, c’est que cette nomination intervient comme une obligation. Ce n’est pas moi qui décide de ce que je veux faire mais on m’oblige. Et ça, j’ai du mal à l’encaisser. J’ai toujours fait ce dont j’avais envie ce qui est en soi un extrême privilège.

Il faut maintenant prévenir les parents des enfants qui sont encore inscrits dans la classe pour l’année prochaine. Il est prévu que je viendrai tous les matins leur apporter l’aide nécessaire à leur changement de classe.

Et puis les vacances arrivent. En juillet je pars en voyage à Cuba. C’est la première fois que je participe à un voyage organisé et je veux tester cette façon de découvrir un pays.

Le jour du départ arrive enfin. Première surprise de taille au moment où je fais enregistrer ma valise :

Vous voulez une place fumeur ou non-fumeur ?

— On peut fumer dans l’avion ? Ah oui, donnez-moi une place fumeur !

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Je me retrouve donc placée au fond de l’avion avec tous les fumeurs du vol, la plupart étant des Cubains. Comme il n’y a aucune séparation, les non-fumeurs ont commencé très vite à réagir auprès de l’hôtesse.

Je n’ai pas vu le temps passer car l’avion s’est transformé peu à peu en une sorte de boîte de nuit où le rhum s’est mis à couler à flots… On était plongé dans une sorte de brouillard émanant de la fumée ; au bout de quelques heures de ce régime, les premiers cadavres sont tombés au sol, ivres morts, certains gisant dans leur vomi. Un vol apocalyptique !

À l’arrivée à Santiago de Cuba, il a fallu les soutenir pour sortir de l’avion.

De mon côté, je fais connaissance des autres membres du groupe. Je comprends très vite que cela ne va pas être très joyeux. D’ailleurs, dès le lendemain les groupes étaient formés : d’un côté, un groupe de femmes profs BCBG, un peu coincées, (même beaucoup !) et de l’autre une bande de Bidochon. Il ne restait que deux couples discrets et moi, toute seule.

Je dois dire que l’ambiance a quand même plombé ce voyage –au demeurant extraordinaire-.

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Cuba est un magnifique pays, les gens y sont accueillants, la musique est présente à chaque coin de rue.

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Ce circuit nous a donc fait découvrir, Santiago, Camaguey, Trinidad, Santa Clara, Cienfuegos, La Havane et une partie au sud-ouest de la capitale dont j’ai oublié le nom aujourd’hui.

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À mon retour, je n’écoutais que de la musique cubaine et cela a duré ainsi plusieurs mois.

Quand j’ai appris que les États-Unis reprenaient des contacts avec Cuba, je me suis dit que c’en était fini de l’identité cubaine. C’est le moment d’y aller avant que disparaisse toute l’authenticité car après vous n’aurez plus droit qu’à une succursale américaine !

À suivre


Cuba, été 2002 par cheztinou

lundi, 14 décembre 2015

121. En vrac

Samedi matin, j'ai eu la visite d'un technicien venu m'expliquer les modifications à venir sur les téléviseurs dans les prochaines  semaines ( passage à la haute définition).

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Il déballe alors un énorme classeur plein de graphiques et commence ses explications. Au début ça allait à peu près, mais très vite j'ai perdu le fil pour différentes raisons. La première - et la plus normale- est la technicité de son langage. Puis, après, j'ai remarqué qu'il avait des ongles extrêmement sales ; autant ça ne me choque pas pour quelqu'un qui effectue des travaux, autant là, pour un commercial, c'est plutôt mal-venu. Ensuite, mes yeux ont été attirés par des fautes d'orthographe dans son catalogue. Il continuait imperturbablement à essayer de me convaincre que la HD et la très HD était l'avenir du monde (ou presque) et sortit alors sa feuille d'inscription pour un abonnement. Je l'ai aussitôt pris de court :

— Si j'ai bien compris vos explications, le changement va s'opérer tout seul. Il suffira simplement d'adapter un décodeur au cas où la télévision est trop ancienne. Or la mienne n'a qu'un an. Je pense donc que ça ne posera aucun problème et je n'ai aucunement l' intention de prendre un abonnement.  

Et voilà, zou, l'affaire est réglée. Il range son catalogue et part prospecter plus loin.

Hier après-midi, je suis sortie de ma tanière pour aller faire un tour en ville. Le temps est tellement doux qu'on a peine à croire que Noël est dans seulement deux semaines ! Il y avait du monde un peu partout.

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Au château de Tours se tient actuellement une exposition des photos en couleur de Robert Capa. J'en suis repartie un peu déçue. La couleur enlève beaucoup de force à certains clichés. Enfin, c'est mon point de vue ...

 

jeudi, 26 novembre 2015

117. Voyage dans le temps -4-


podcast

Nous voici donc en 2002. Le jour du déménagement arriva bientôt : c’était le mercredi 23 et il pleuvait. Le remue-ménage des déménageurs avait fait fuir mes chats dans le jardin et le soir, lorsque je revins pour les récupérer, je n’en trouvai qu’un, Théo. J’eus beau appeler, Popy resta introuvable. Ce soir-là Peggy et Maria vinrent partager une pizza dans ma nouvelle demeure envahie- encore- par les cartons. Deux jours plus tard je récupérai Popy ; il ne se fit pas prier pour arriver à mon appel. Le pauvre, il avait dû se croire abandonné !

Très vite les chats s’adaptèrent à leur nouvelle demeure. Seul le bruit des voitures les effraya pendant longtemps car il n’était pas habitué à cela. Leur terrain de chasse était très nettement réduit. Finies les courses poursuites dans les arbres ! Cependant ils avaient encore la possibilité de grimper dans le faux-acacia qui se trouvait dans mon nouveau jardinet. Pour nous trois une nouvelle vie allait peu à peu se mettre en place.

Les deux mois qui suivirent, je fus largement occupée par l’aménagement de l’intérieur. J’avais trouvé un bricoleur qui venait m’installer tout ce qui demandait à être accroché ou suspendu. De mon côté, je préparai un nouveau départ en voyage pour les vacances de Pâques : la côte ouest des États-Unis. Durant l’été précédent, j’avais eu la visite d’un couple d’amis qui étaient partis s’installer près de San Francisco depuis une bonne vingtaine d’années. On se voyait parfois quand ils revenaient en France et cet été ils étaient venus à la maison quelques jours seulement après le décès de mon mari. Il fut alors décidé à ce moment que j’irais chez eux pour les vacances de Pâques. Je n’étais pas très partante mais Peggy me poussa un peu :

— Mais si, vas-y, ça va te changer les idées.

— Peut-être, mais je ne parle pas anglais !

— Mais ça n’a aucune importance, tu n’es pas toute seule !

Alors, après tout pourquoi pas ? Et ce dimanche 1er avril me voici donc à la gare de St Pierre-des-Corps. J’avais pris un vol sur Air France, cela me parut terriblement long.

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Je suis restée dix jours avec eux. Ils avaient organisé un circuit en voiture durant lequel je découvris Hollywood, Le Grand Canyon, Las Vegas et d’autres lieux dont j’ai oublié le nom depuis.

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On fit également quelques balades à pied dans San Francisco.

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À un carrefour, il y avait des musiciens et on s’installa sur un banc pour les écouter. J’eus soudain comme un choc violent : comment était-ce possible que je me retrouve si loin de chez moi ?

À Alcatraz, je pris en photo la cellule d’Al Capone. Lorsque nous étions à Las Vegas, je me suis retrouvée dans une immense chambre au 26e étage du Hilton. Les fenêtres ne s’ouvraient pas et j’ai pensé au film « La tour infernale ». J’ai eu peur …

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La veille de mon départ, j’ai invité mes amis dans un restaurant, libres à eux de choisir l’endroit. Ils m’ont alors emmené dans un lieu étrange : on paie à l’entrée et après on mange tout ce qu’on veut ! Quel spectacle abominable : les gens se précipitent et remplissent d’immenses assiettes de victuailles. Ils n’en dévorent qu’une partie et retournent se servir une autre assiette. Je n’avais encore jamais vu un tel gâchis de nourriture. Dans le coup, ça m’a coupé l’appétit. Quelle étrange société !

Mes amis se sont pliés en deux pour me faire plaisir ; je ne leur ai pas dit que je n’aimais pas le pays où ils vivaient, que j’ai trouvé Las Vegas totalement irréel. Bref, comme dirait l’autre, veni et vidi.

Dans le train qui me ramenait à la maison, j’ai revu avec émotion les vaches dans les champs, les clochers des églises dans le lointain, les petits hameaux, bref tout ce qui fait le charme de notre pays.

— Salut les chats, me revoici !

À suivre

mercredi, 25 novembre 2015

116. Voyage dans le temps -3-


podcast

Le matin au réveil je me précipitai pour admirer la vue : que du bonheur ! Un cadre idyllique, mais ce qui me frappa fut l’extrême moiteur ambiante. C’était nouveau pour moi et il me fallut un certain temps pour m’adapter. Les premiers jours j’eus de terribles maux de tête.

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Avec Peggy on mit à profit cette semaine pour partir à la découverte de l’île en voiture, plonger une tête dans une eau à 28°, visiter le magnifique jardin de Balata, flâner dans les rues de Fort-de-France, découvrir les plages de sable noir au nord-ouest.

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On s’inscrivit également à une excursion qui nous fit découvrir une bananeraie, une plantation de canne à sucre, des petits coins perdus avec des cascades d’eau fraîche, la visite chez un éleveur de coqs de combat.

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Peggy s’initia à la plongée sous-marine tandis que, de mon côté, j’allai me plonger dans les entrailles du porte-hélicoptères la Jeanne d’Arc, en escale à La Martinique.

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Le jour de Noël, nous étions parties à l’aventure et au moment du déjeuner, nous nous étions arrêtées dans un restaurant qui ne payait pas de mine au Morne Rouge. La patronne nous servit un plat typique, un ragoût de porc servi avec de l’igname et des pois d’angole.

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Le matin du départ, on alla faire les courses sur le marché de Fort-de-France : vanille, cannelle, sans oublier une bouteille de shrubb ( rhum aromatisé avec des écorces d’orange), etc.

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Aujourd’hui encore je garde un excellent souvenir de ce voyage lointain. Toutefois, je ne m’y vois pas vivre. La tombée du jour hâtive sur le coup des 18h m’a paru gênante, moi qui apprécie tant les longues soirées d’été jusqu’à pas d’heure. Et puis je suis attachée aux saisons même si on râle après l’hiver. Quel plaisir de voir chaque année le printemps revenir ! C’est à chaque fois comme une nouvelle naissance.

Le trajet du retour me parut moins pénible qu’à l’aller, d’abord parce que je repensais à tout ce que nous avions découvert, et puis, j’ai réussi à dormir. Nous arrivâmes à Paris le 30 décembre au matin. Le soir je retrouvai mes chats et la maison encombrée de cartons.

À suivre

mercredi, 11 novembre 2015

113. Voyage dans le temps -2-

En septembre, j’ai repris le chemin de l’école, mais quelque chose en moi avait été brisé. C’est comme si j’avais perdu une partie de moi-même. Cela doit sans doute faire la même chose à tous ceux qui perdent leur conjoint. Assez vite, j’ai éprouvé le besoin de changer de lieu de vie afin de ne pas avoir à ressasser l’existence d’avant et quand les premiers jours sombres de novembre sont apparus, ma résolution était définitivement prise : j’allais déménager ! Il me fallait trouver une petite maison avec un jardin pour mes deux chats. C’est alors que j’ai découvert une résidence en construction à 5 minutes à pied de mon lieu de travail. Dans cet endroit il y avait des appartements mais aussi des maisons avec un jardinet. Je m’empressai alors d’aller visiter. C’était une maison sans étage avec trois chambres et un petit jardin. Cela me convenait à souhait et je versai aussitôt des arrhes. Les clefs me seraient données au début de janvier.

Je ne vis pas passer les trois derniers mois de l’année 2001, occupée à faire le tri des meubles que je comptais garder. Comme j’avais le plan de la maison, je pouvais ainsi organiser le futur agencement et voir ce que je pouvais conserver et ce que je devais vendre. Et il apparut très vite que je devais me séparer de beaucoup de choses !

Le déménageur m’avait fourni des piles de cartons et chaque soir j’en remplissais trois ou quatre. Peu à peu la maison prit des aspects de camp retranché sous l’œil inquiet des chats qui se rendaient bien compte que quelque chose d’anormal était en train de se jouer.

La vente du mobilier se passa en quatre temps : en premier je fis venir quelques antiquaires pour certains meubles anciens, puis un brocanteur me proposa une somme qui me parut correcte pour l’achat d’un lot varié. Ensuite ce fut le tour d’Emmaüs et enfin, une fois le déménagement terminé, un ferrailleur ramassa tout ce qui restait pour faire le vide complet.

Aux vacances de Noël, Peggy et moi avions prévu de faire un voyage à La Martinique. Elle appréhendait cette fête de Noël où nous nous serions retrouvées seules, comme deux âmes en peine… C’est vrai que cela n’avait rien de réjouissant et je me suis donc chargée de faire les réservations. C’est la première fois que j’allais prendre l’avion !

Le vol pour Fort-de-France était prévu le dimanche matin à 5h, aussi avions nous passé la nuit dans un hôtel près d’Orly et à 3h nous faisions enregistrer les bagages. On apprit peu après que le vol avait du retard. Une attente interminable commença alors … J’avais en tête la chanson de Bécaud, « Le dimanche à Orly », plus le temps passait et plus je m’énervais. Ce n’est que vers 15h que l’avion décolla enfin ! J’étais coincée près du hublot et je commençais déjà à trouver le temps long. Peggy, imperturbable, s’était plongée dans la lecture d’un roman. J’avais bien essayé de faire des mots croisés, mais cela ne suffisait pas à me calmer.

— Dans combien de temps on arrive ?

— Bah attends un peu, on a décollé il y a à peine une heure !

— Je ne vais jamais tenir le coup ! C’est effroyable.

Il a pourtant bien fallu tenir. Je n’ai pas réussi à dormir, par moment je pleurnichais, me jurant que c’était bien la dernière fois que je prenais l’avion (le retour n’étant pas compté).

Plus de dix heures après, l’avion se posa enfin.

— Ah, enfin, on va pouvoir bouger ! Je retrouvai le sourire qui se figea bientôt quand une hôtesse annonça :

— Mesdames et messieurs, nous vous prions de bien vouloir rester à votre place. L’avion fait une escale d’environ deux heures à Saint-Martin !

Nous arrivâmes vers 3 heures du matin à Fort-de-France. La première chose qui me frappa fut la moiteur qui régnait à l’extérieur. Il faut dire que nous étions équipées de nos manteaux et au-dehors la température avoisinait les trente degrés.

Après avoir récupéré une voiture de location, nous prîmes donc le chemin de l’hôtel, situé aux Trois Ilets, à la Pointe du Bout.

Que de bruits étranges dans cette nuit tropicale ! Nous roulions fenêtres ouvertes, j’avais retrouvé le sourire et il me tardait d’arriver.

Nous eûmes droit à un cocktail d’accueil malgré l’heure tardive et l’employé nous indiqua qu’une collation nous attendait dans la chambre.

J’étais impatiente que le jour se lève pour admirer l’endroit !

À suivre