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mardi, 20 avril 2010

165. Les derniers jours de Pékin-6-

- Alors, Tinou, tu nous dis enfin ce qu'il y a de si mystérieux derrière la porte devant laquelle se trouvent Loti et trois autres officiers ?

- Voilà, voilà, j'y arrive, pas d'impatience. Une petite recommandation toutefois : si vous le pouvez, mettez la musique pour accompagner la lecture de ce beau texte. Cela sera mieux adapté au récit que Verchuren et son accordéon ! (Je n'ai rien contre l'accordéon, mais bon ...). 

 
podcast

« Maintenant donc, après beaucoup de détours dans des couloirs mal éclairés, nous voici devant la porte des déesses, la porte marquée de deux grandes lettres rouges. La vieille Chinoise alors, toujours mystérieuse et muette, tenant le front haut, mais baissant obstinément son regard sans vie, pousse devant nous les battants noirs, avec un geste de soumission qui signifie : Les voilà, regardez !

Au milieu d'un lamentable désordre, dans une chambre demi-obscure où n'entre pas le soleil du soir et où commence déjà le crépuscule, deux pauvres filles, deux sœurs qui se ressemblent, sont assises tête basse, effondrées plutôt, en des poses de consternation suprême, l'une sur une chaise, l'autre sur le bord du lit d'ébène qu'elles doivent partager pour dormir. Elles portent d'humbles robes noires ; mais çà et là par terre, des soies éclatantes sont jetées comme choses perdues, des tuniques brodées de grandes fleurs et de chimères d'or : les parures qu'elles mettaient pour aller sur le front des armées, parmi les balles sifflantes, aux jours de bataille ; leurs atours de guerrières et de déesses ...

Car elles étaient des espèces de Jeanne d'Arc - si ce n'est pas un blasphème que de prononcer à propos d'elles ce nom idéalement pur -, elles étaient des filles-fétiches que l'on postait dans les pagodes criblées d'obus pour en protéger les autels, des inspirées qui marchaient au feu avec des cris pour entraîner les soldats. Elles étaient les déesses de ces   incompréhensibles Boxers, à la fois atroces et admirables, grands hystériques de la patrie chinoise, qu'affolaient la haine et la terreur de l'étranger, qui tel jour s'enfuyaient peureusement sans combattre, et, le lendemain, avec des clameurs de possédés, se jetaient à l'arme blanche au-devant de la mort, sous des pluies de balles, contre des troupes dix fois plus nombreuses.

Captives à présent, les déesses sont la propriété - et le bibelot curieux, si l'on peut dire - des sept nations alliées. On ne les maltraite point. On les enferme seulement, de peur qu'elles ne se suicident, ce qui est devenu leur idée fixe. Dans la suite, quel sera leur sort ? Déjà on se lasse de les voir, on ne sait plus qu'en faire.

Cernées un jour de déroute, dans une jonque où elles venaient de se réfugier, elles s'étaient jetées dans le fleuve, avec leur mère qui les suivait toujours. Au fond de l'eau, des soldats les repêchèrent toutes les trois, évanouies. Elles, les déesses, après des soins très longs, reprirent leurs sens. Mais la maman ne rouvrit jamais ses yeux obliques de vieille Chinoise, et on fit croire à ces filles qu'elle était soignée dans un hôpital, d'où elle ne tarderait pas à revenir. D'abord, les prisonnières étaient braves, très vivantes, hautaines même, et toujours parées. Mais ce matin, on leur a dit qu'elles n'avaient plus de mère, et c'est là ce qui vient de les abattre comme un coup de massue.

N'ayant pas d'argent pour s'acheter des robes de deuil, qui en Chine se portent blanches, elles ont demandé au moins ces bottines de cuir blanc, qui chaussent à cette heure leurs pieds de poupée, et qui sont essentielles ici, comme chez nous le voile de crêpe.

Frêles toutes deux, d'une pâleur jaune de cire, à peine jolies, avec une certaine grâce quand même, un certain charme comme il faut, elles restent là, l'une devant l'autre, sans larmes, les yeux rivés à terre et les bras tombants. Leurs regards désolés ne se lèvent même pas pour savoir qui entre, ni ce qu'on leur veut ; elles n'ont pas un mouvement à notre arrivée, pas un geste, pas un sursaut. Rien ne leur est plus. C'est l'indifférence à toute chose, dans l'attente de la mort.

Et voici qu'elles nous inspirent un respect inattendu, par la dignité de leur désespoir, un respect, et surtout une compassion infinie. Nous ne trouvons rien à nous dire, gênés à présent d'être là, comme d'un inconvenance que nous aurions commise.

L'idée nous vient alors de déposer des dollars en offrande sur le lit défait ; mais l'une des sœurs, toujours sans paraître nous voir, jette les pièces à terre et, d'un signe, invite la servante à en disposer pour elle-même ... Allons, ce n'était de notre part qu'une maladresse de plus ...

 Il y a de tels abîmes d'incompréhension entre des officiers européens et des déesses de Boxers, que même notre pitié ne peut sous aucune forme leur être indiquée. Et, nous qui étions venus pour être amusés d'un spectacle curieux, nous repartons en silence, gardant, avec un serrement de cœur, l'image des deux pauvres anéanties, en prison dans la triste chambre où le soir tombe. »

 Pierre Loti, Les derniers jours de Pékin (extraits).

À suivre

164. Le timbre du mois d'avril

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Voici la vue qu'avaient Peggy et Thierry depuis le gîte qu'ils avaient loué dans les côtes-d'Armor pendant les vacances de Pâques.

Il est bon le cidre que vous avez rapporté ?

14:31 Publié dans Thierry | Lien permanent | Commentaires (3)

163. Bon à savoir

installation-de-la-ceinture-de-securite[1].jpgIl vous est surement arrivé, lorsque vous passez à un péage autoroutier, d'adresser un sourire ou même quelques mots avec la personne installée dans la cabine. Eh bien méfiez-vous ! Sachez que maintenant ces personnes sont autorisées à DENONCER toute infraction au code la route ( en particulier le non-respect du port de la ceinture de sécurité). Il leur suffit de prêter serment au Tribunal de Grande Instance et le tour est joué !

Il existait la peur du gendarme, maintenant se rajoute la peur du péagiste.

162. Terra botanica-3-

terrabot.jpg

Nous arrivons au terme de la visite. Après le végétal généreux, nous pénétrons dans le monde végétal convoité : les grandes explorations, les découvertes, les épices, les bois précieux, les orchidées (encore et toujours). Nous sommes un peu fatigués et la fin de la visite est un peu bâclée. Si j'ai l'occasion d'y retourner, je commencerai la nouvelle visite par cet espace.

Un petit clin d'œil à Juju au passage, ICI. 


Terra botanica-3-
envoyé par cheztinou. - Voyage et découverte en vidéo.

161. Le 20 avril 1828



podcast
J'irai un jour à Tombouctou ...

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Il y a des noms qui font rêver, pour peu qu'on aime voyager. Ainsi Tombouctou fait partie de ces mots magiques, empreints de mystère. De nos jours la magie a totalement disparu, Tombouctou est devenue accessible et il n'est pas sûr que sa visite procure l'attente espérée. En décembre dernier, j'avais pris ma décision : je vais à Tombouctou ! Mais je m'y suis prise un peu tardivement et il n'y avait plus de place pour ce voyage (du moins à une période pas trop chaude). Ce n'est - j'espère- que partie remise.

 Mais reportons-nous au XIXe siècle. La ville est interdite aux étrangers sous peine de mort. Aucun explorateur n'a encore réussi à pénétrer cette ville autour de laquelle courent toutes sortes de rumeurs propagées par les Maures.

 ren25c325a9_cailli25c325a9[1].jpgLe jeune René Caillié, né à Mauzé-sur-le-Mignon (dans les Deux-Sèvres) en 1799, rêve lui aussi devant la carte d'Afrique. Orphelin à l'âge de 11 ans, il s'embarque comme moussaillon à 16 ans sur une escadrille comprenant 5 navires, parmi lesquels figure La Méduse.

À force d'obstination et de souffrances il parviendra à entrer dans la ville mystérieuse. C'était le 20 avril 1828.

De son séjour, il rapportera des notes qu'il présentera ultérieurement à la Société de Géographie à Paris, en présence du paléontologue Georges Cuvier. Son récit de voyage lui permettra de toucher les 10 000 francs de récompense prévue pour le premier Européen à pénétrer dans Tombouctou.

Maison où habitait René Caillié à Tombouctou :

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Il publiera par la suite  Journal d'un voyage à Tombouctou et à Jenné dans l'Afrique centrale (Paris 1830).

Cet ouvrage a été réédité en 1996, éd. La Découverte, sous le titre Voyage à Tombouctou (2 vol).

Il décède le 15 mai 1839.

Biographie de René Caillié, ICI.

Alors, Tombouctou,  à inscrire dans les merveilles du monde ?