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samedi, 17 octobre 2009

370. Le timbre de septembre

Avec un peu de retard, mais Thierry ne m'en voudra pas je pense, voici le timbre de septembre, dont le thème est en rapport avec la Turquie. Il représente les statues colossales construites sur le Nemrut Dagi, montagne qui culmine à 2150m en Anatolie orientale. Plus de renseignements ICI.

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C'est assez impressionnant, non ?

11:27 Publié dans Thierry | Lien permanent | Commentaires (2)

vendredi, 16 octobre 2009

369. Carnet de voyage à Istanbul, épilogue

Mardi 29 septembre : le retour

 
podcast

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Et voilà, c’est la fin du séjour. Je prépare tranquillement ma valise dans la matinée, je règle les quelques dépenses faites à l’hôtel pour les boissons et je sors dans la rue. Un peu plus loin il y a une station de taxi.

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Quelques trente minutes plus tard, me voici à l’aéroport.

L’avion décolle à 13h45 et, trois heures trente plus tard (environ), il atterrit à Roissy. Je remets tout de suite ma montre à l’heure française puis je vais récupérer ma valise. Bon, maintenant direction la gare. Je sais que j’ai un train pour Saint-Pierre-des-Corps vers 17h25. Mais il faut que je change de terminal. Comme j’ai la flemme, je sors directement du terminal 1 et monte dans le bus Air France qui venait tout juste de se garer. Je me dis qu’ainsi j’ai une chance d’arriver plus tôt à la maison. Quelle erreur ! C’était sans compter les embouteillages dus à des travaux entre Roissy et Paris. Des bouchons à n’en plus finir, et les minutes qui s’égrènent inexorablement. Si ça continue, on va y passer la nuit ! En plus, j’ai envie de fumer. Ma dernière cigarette était à Istanbul !

Une fois à Paris, le car se dirige en premier à la gare de Lyon, puis la gare d’Austerlitz. Là, j’ai eu un moment d’hésitation. Mais en songeant aux 2h30 de trajet supplémentaire si je prends le Corail, je préfère aller jusqu’à Montparnasse.

Ah, nous y voilà enfin !... Vite, vite, ma valise, une cigarette, vingt mètres à faire avant d’entrer dans la gare. J’écrase la cigarette à peine fumée (quel gâchis), grimpe l’escalator. Il est 19h25… Le train part à 19h35. Il me faut encore prendre un billet. Je me précipite sur une machine pour en récupérer un. Allez, plus vite le billet !!

19h30… Bon, le quai maintenant, manquerait plus que ce soit à l’autre bout. Ouf, non, c’est le quai n°8.

19h33 : je grimpe dans le premier wagon venu du TGV. Les portes se ferment presque aussitôt. Il était temps !

Il ne me reste plus qu’à remonter tout le train en traînant derrière moi la valise, pour trouver ma place. Naturellement c’est tout au début.

Enfin, me voilà assise. À côté de moi, il y a une jeune fille qui revient du Sénégal où elle a passé trois mois. Elle tient avec précaution un baobab dans un pot rempli de terre archi-sèche. Elle descend aussi à Saint-Pierre. Nous papotons un peu, puis je m’avise de téléphoner à Peggy pour savoir si elle peut venir me chercher. Une heure plus tard, le train arrive en gare.

J’aperçois bientôt ma fille qui arrive sur le quai :

- Coucou la Mutti !

- Ah, ma pauvre fille, si tu savais… Mais attends que j’allume une cigarette...

  Au revoir Istanbul, au revoir la Turquie. Je reviendrai, je le sais !

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FIN

19:15 Publié dans Voyages | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : voyage, turquie, istanbul

368. Carnet de voyage à Istanbul -18-

Lundi 28 septembre : suite et fin

 
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Après être revenue à Eminönü, il a fallu que je repasse sous cet affreux tunnel pour prendre le tramway. Il était aux environs de midi et une foule compacte et bruyante s’y agitait. Avant de traverser cette marée humaine, j’ai pris soin de ranger mon appareil photo dans mon sac, non par crainte qu’on me le vole, mais pour éviter les chocs. On se sent en sécurité à Istanbul, bien plus qu’à Paris. Gina, la Roumaine que j’ai rencontrée lors de mon voyage m’a raconté une anecdote assez surprenante. Lors d’un trajet en tramway, elle a laissé son sac à main sur le siège. Ce n’est qu’une fois sortie qu’elle s’en est aperçue. Mais trop tard, les portes du tramway s’étaient déjà refermées. Elle est allée aussitôt le dire à l’employé qui se tient au guichet (d’où l’avantage de parler anglais !). Il a prévenu le conducteur de la rame et … son sac lui a été rapporté dans la demi-heure qui a suivi, avec son contenu intégral.

Une autre chose qui m’a beaucoup étonnée, c’est la politesse. Il m’est arrivé souvent que des hommes assis se lèvent pour me proposer leur  place. En France, ce genre de courtoisie devient de plus en plus rare.

Mais reprenons le récit. Je rentre donc à l’hôtel pour y déposer les livres et me reposer un peu. Vers 15h, je ressors et décide alors de retourner dans la ville moderne, voir cette fameuse rue de Péra, devenue l’Istiklâl Caddesi , voie piétonne qui ne désemplit pas, de jour comme de nuit. J’aurais dû lire la rubrique du guide du routard avant d’y aller car je me suis aperçue, à mon retour, que j’avais raté pas mal de choses intéressantes… De toute façon, ce n’est pas en sept jours que je pouvais tout voir !

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Dans cette rue on découvre de très beaux immeubles Art nouveau restaurés ou en voie de l’être. Il y a également de beaux magasins. La ligne de l’ancien tramway a été conservée, ce qui donne un petit côté rétro à la rue. Les touristes se bousculent pour y grimper.

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Les rues adjacentes sont remplies de cafés avec terrasses. J’ai beaucoup de difficulté à photographier car la rue est surexposée sur le côté droit. J’ai été obligée de retoucher fortement certaines photos –ce qui explique le ciel parfois un  peu trop clair-.

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Au bout de la rue, il y a un téléphérique qui permet de redescendre sur les bords de la Corne-d’Or. Me voici donc de retour au pont de Galata que je franchis à pied. Puis, pour terminer la journée, je décide d’emprunter le tramway jusqu’au terminus (station Zeytinburnu). Le tramway se dirige vers l’ouest. Au fur et à mesure que l’on s’éloigne du centre, les constructions sont de plus en plus récentes, de grands immeubles insipides, alignés les uns à côté des autres. Cela me fait penser à la banlieue parisienne, ni plus ni moins…

Arrivée au terminus, je fais demi-tour, tandis que certains voyageurs se dirigent vers la ligne de métro qui les conduit encore plus loin.

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Je descends à la station Aksaray et comme il est environ 19h, je vais dîner. Dernier repas, demain je rentre en France…

 

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À suivre     

 

14:55 Publié dans Voyages | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : voyage, turquie, istanbul

jeudi, 15 octobre 2009

367. Un peu de gaieté, tout de même !

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366. Le papillon de mite

 
podcast

 

J’espère que vous avez toujours le paquet de Kleenex à portée de mains car vous allez probablement en avoir encore l’utilité !

Comme toutes les grandes villes, Istanbul a son lot de mendiants, de miséreux, d’estropiés qui affichent leurs  monstruosités, accroupis sur le trottoir. Comme partout, les gens passent indifférents. Indifférents n’est peut-être pas le terme exact, disons que les gens détournent le regard par gêne ou par crainte d’être horrifiés par le spectacle des infirmités exposées ainsi.

Chaque soir lorsque j’allais dîner au bord de l’avenue, j’ai eu l’occasion d’en voir un certain nombre. Il y eut tout d’abord une femme avec ses deux enfants. Elle avait un bébé dans les bras et une petite fille d’à peine six ans marchait derrière elle. Au moment où elles sont passées devant le restaurant, la petite s’est approchée furtivement de la table voisine  pour quémander du pain. Lorsque le serveur l’a vue, il s’est empressé de la chasser.

Le lendemain, de l’autre côté de la chaussée, il y avait un mendiant accroupi. Il observait le va-et-vient des clients. Tout à coup, il a traversé la rue et il est venu me demander de l’eau. Il avait soif. Je n’avais encore rien sur la table, si ce n’est un verre en plastique contenant de l’’eau. Je lui ai donc donné mon verre ainsi que quelques cigarettes.

Le dernier soir, alors que j’avais fini mon repas et que je prenais un café, est apparue une masse informe, marchant sur la chaussée et traînant derrière elle un énorme sac poubelle, à moitié éventré d’où s’éparpillaient toute sortes de détritus : cannettes, bouteilles en plastique, vieux papiers, vieux chiffons, épluchures diverses. Des ordures en somme. L’homme –car il s’agissait bien d’un homme- s’est alors arrêté à mon niveau, mais il me tournait le dos. Il était vêtu de haillons, ce qui lui servait de pantalon laissant paraître tout l’arrière des cuisses. Il s’était arrêté soudainement et semblait figé. Je le voyais maintenant de profil. Il n’y avait pas la moindre lueur dans son regard, sur ce visage tout noir de crasse. Une fois de plus, je n’avais plus rien sur ma table. Je me suis levée et lui ai donné des cigarettes ainsi que quelques pièces. Il a fallu que je lui écarte les doigts pour lui mettre les pièces dans la main. Quels malheurs l’ont conduit à n’être plus qu’une chose informe ? Un jour, on le retrouvera probablement dans le caniveau, mort. Ce soir-là, son image s’est gravée à jamais dans mon esprit et j’ai eu bien du mal à trouver le sommeil.

Dans «Constantinople fin de siècle», Pierre Loti évoque le souvenir pénible d’un pauvre enfant aperçu sur le pont de Galata :

 


«Dans ma maison familiale, — dans mon logis particulier qui est comme un coin d’Orient ancien, — un soir terne et voilé de printemps, entre les rideaux sombres et presque fermés, une lueur de crépuscule se glisse, triste, dessinant une longue raie dans l’air obscur.

Des plis d’une tenture murale en velours rouge, brodée d’archaïques dessins d’or, quelque chose d’infiniment petit s’échappe, comme attiré vers cette traînée mourante de jour, et, une fois là, se met à voltiger follement : un à peine visible papillon gris, un fétu ailé, qui sans doute vient d’éclore au renouveau si pâle de cette année.

La saison d’avant, tandis que je courais les mers chinoises, il avait été quelque affreux petit ver, rongeant en sournois la trame du velours précieux dans la continuelle obscurité et le continuel silence de cet appartement.

Et, aujourd’hui, une vie toute neuve grisait cet atome, et ce peu d’espace lui semblait grand, et cette pénombre lui semblait de la lumière. C’était son heure jeune, et son heure exubérante, et son heure d’amour, et le but et le couronnement de toute son inférieure existence de larve. Vite, vite, dans le délire d’exister, il agitait ses ailes de soyeuse poussière, pour décrire ces petites courbes gaies et fantasques…

En passant, je le fis tomber d’une pichenette irréfléchie. Alors, par terre, sur le rouge pourpre d’un tapis oriental, je distinguai de nouveau son petit corps abattu, secoué du tremblement de la fin, — et, par pitié, pour replonger sans plus de souffrance ce rien dans le néant de tout, je posai le pied sur sa microscopique agonie…

Après, je restai songeur une minute … Qu’est-ce donc que cela me rappelait ? Quelque chose d’à peu près semblable, une sorte d’agitation, de papillonnement gris pareil, m’ayant causé jadis, ailleurs, une courte mélancolie de même ordre, mais plus vive… Où donc avais-je vu ça ?

mendiants.jpgAh ! Oui ! … À Constantinople, un soir d’avril terne comme celui-ci, sur le pont de bois qui réunit Stamboul à Péra !... Je passais, à la tombée d’une journée de printemps, brumeuse comme aujourd’hui. Tous les mendiants qui hantent ce lieu étaient à leurs postes ; le long des rampes, leurs figures coutumières s’alignaient : aveugles, estropiés, idiots rongés par des plaies. Entre autres, un enfant lamentable de quatre ou cinq ans, aux mains recroquevillées, aux yeux malades, chaque jour immobile à la même place, effondré sur des loques, au bord du trottoir, apathique et lent comme une larve. Et, derrière lui, sa mère accroupie, vieille femme exhibant ses moignons rouges de deux jambes tranchées aux genoux.

Les gens passaient, affairés ou flâneurs, les cavaliers, les voitures, les hommes en fez rouge, les belles voitures des harems. Et, derrière ces foules, Stamboul échafaudait magnifiquement ses dômes dans le ciel crépusculaire.

D’une voix presque douce, la femme sans jambes appela son petit, disant en turc :

« Viens mettre ton manteau, Mahmoud ! Viens vite, voilà le vent qui froidit !»

Il se leva docile et vint. Son manteau était un vieux petit burnous sordide, grisâtre à rayures indécises, d’une forme orientale avec un capuchon. La mère lui tendait cette loque, et il présentait ses menus bras que terminaient des mains croches.

Mais, tout à coup, avant que la seconde manche fût passée, il s’échappa, dans un subit élan d’espièglerie, et il se mit à courir, à courir, décrivant des cercles fous devant les passants, s’amusant à agiter, dans le vent froid qui se levait, les manches de son burnous comme des ailes…

Un peu de l’éternelle et si fugitive jeunesse, un peu de cet enfantillage joueur du début de la vie, qui est commun aux hommes et aux bêtes, venait par hasard de s’éveiller en lui. Parmi ses ascendants, jadis il avait dû avoir, comme tout le monde, des êtres sains, connaissant les élans de la joie physique, de la simple joie d’exister et de se mouvoir ; alors quelque chose de ces disparus revivait furtivement dans sa frêle chair atrophiée.

Je le regardais, étonné, l’ayant toujours connu inerte, et je ne sais quelle impression d’infinie tristesse se dégageait pour moi de sa pauvre petite gaîté si éphémère, de sa course follette, du papillonnement de son burnous grisâtre dans le vent refroidi et dans la lumière pâlie.

La mère sans jambes s’inquiétait à cause des chevaux, des voitures ; l’appelait, se fâchait, essayant de se traîner vers lui pour l’attraper. Mais il tournait toujours, autour des groupes indifférents qui passaient ;  il tournait éperdument, semblable aux phalènes grises des soirs…

Il revint pourtant s’accroupir à son poste de misère ; il reprit son attitude effondrée et ne bougea plus. Ce fut fini, brusquement, comme cela avait commencé.

Quelque chose de plus cruel que la pichenette donnée au papillon de mite  venait d’abattre ce petit être déjà pensant : l’inquiétude du gîte et de la soupe du soir ; la conscience d’être misérable et si différent des autres, d’avoir des mains mortes et d’être un paria.

Tête baissée, il regardait maintenant par terre avec une impression sournoise et mauvaise, clignant ses paupières pleines de mal…

Entre lui et le papillon de mite, l’association qui s’est faite dans ma tête est encore plus intime que je n’ai su l’exprimer…»