mardi, 11 mars 2014
44. Carnet de voyage en Éthiopie -9-
Dimanche 23 février : en route pour Hawasa.
Lorsque j’arrive pour le petit déjeuner, je trouve Sonia tout excitée :
— Figure-toi que j’ai trouvé ce matin, dans la salle de bain, une bestiole avec une grosse carapace noire. Puis, dans le bac à douches, ça grouillait de blattes aussi longues que mon pouce ! Beurk …
— Ah non, je n’ai rien vu si ce n’est que je n’avais pas d’eau au lavabo et que le pommeau de la douche ne fonctionnait pas. Je me suis donc lavée au gant de toilette !
Les autres arrivent et c’est le même leitmotiv. On dirait un concours à qui en aurait compté le plus !
Le petit déjeuner n’est pas fait pour nous rendre de bonne humeur : une petite tasse de café et une crêpe, point final !
Bon, voici une journée qui commence plutôt mal.
Nous quittons cet endroit sans regret et à la sortie de la ville nous nous arrêtons sur le marché aux bestiaux.
D’un côté, tout autour de la mosquée, sont regroupés les zébus et de l’autre côté de la route ce sont les chèvres et les dromadaires.
Puis nous reprenons la route. La région est très belle, nous passons d’une vallée à l’autre. La culture du café y est très répandue et nous nous arrêtons à Agre Mariyam pour une dégustation et une pause pipi aussi.
Je n’arrive pas à avaler le café que je trouve beaucoup trop fort et je sors dans la rue faire quelques photos :
L'étal du boucher :
L’après midi, nous traversons une région de cultures fruitières. Sur la route, les jeunes vendent ananas, avocats, oranges, fraises, mangues. Nous demandons alors à Izhar d’en acheter car depuis notre arrivée, nous n’avons guère eu l’occasion de manger des fruits.
Nous sommes dans une région habitée par les Sidamo qui forment une communauté d'environ trois millions d'habitants. Izhar nous emmène alors chez un pasteur qui accepte de nous recevoir dans sa maison traditionnelle.
La route est goudronnée mais dans un état pitoyable et le trafic est intense. Soudain un choc violent à l’avant de la voiture : un cable électrique est soudain venu percuter la voiture. Plus de peur que de mal par chance ! Le temps change, le vent s’élève et le ciel prend des teintes sombres. L’orage n’est pas loin.
Nous arrivons le soir à Awasa. Quand nous pénétrons dans les jardins de l’hôtel, nous n’en croyons pas nos yeux : sur le parking, que des grosses voitures neuves et dans les jardins des gens bien habillés qui dînent au son d’une musique d’ambiance ; Les chambres sont impeccables, mon lit est parsemé de pétales d’hibiscus. Le confort quoi ! Ça va nous changer de la veille.
— Sonia, si on allait prendre un gin tonic ?
Aussitôt dit, aussitôt fait. Comme il n’y avait plus de place, le serveur nous installe une table supplémentaire. Des éclairs sillonnent le ciel noir ; finalement il pleuvra dans la nuit.
Nous nous retrouvons bientôt à trois pour le dîner, Kiki étant arrivé entre temps.
Il nous a fallu attendre plus d’une heure pour obtenir le premier plat. Les autres membres du groupe arrivent bientôt. Ayant fini la salade de fruits, je prends congé de tout le monde.
— Bon appétit et à demain !
J’apprendrai qu’après notre départ, Muriel Robin, qui ne tient pas en place plus de cinq minutes, a pris les choses en mains ; elle a tout d’abord montré aux serveurs comment on débarrasse une table puis elle est allée en cuisine pour « secouer » les cuisiniers. Il y a des fois où l’on a honte de dire que l’on est Français !
08:40 Publié dans Voyages | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : voyage, ethiopie, hawasa
dimanche, 09 mars 2014
43. Carnet de voyage en Éthiopie -8-
Samedi 22 février : dans la région de Yabello
La première chose que je fais en me réveillant est de regarder mon pied : ouf, il n’est pas gonflé ! Ce matin, je vais mettre des chaussures de sport par précaution.
Avant de quitter l’endroit, je photographie quelques beaux oiseaux dans le jardin :
Nous partons vers 8h30 et longeons pendant plusieurs kilomètres la chaîne de montagne sur une piste parfois très chaotique.
Le paysage est très changeant : après une région verdoyante au sol fertile où les paysans sont en train de labourer des parcelles en terrasses, nous voici bientôt dans une région de savanes où l’on aperçoit les premiers troupeaux de dromadaires.
Après cinq heures de route, nous nous arrêtons dans la ville de Yabello pour le déjeuner. Il n’y a qu’un seul hôtel, c’est là que nous passerons la nuit.
Mais pour l’instant, c’est l’heure du déjeuner et l’on retrouve notre cuistot itinérant venu spécialement dans cet hôtel pour nous faire la cuisine ! Tant mieux, c’est signe que l’on va bien manger.
L’après midi nous partons nous balader dans les environs. Nous découvrons un lac salin niché au creux d’un ancien cratère. Le sel est ensuite récupéré puis expédié dans le reste du pays et même dans les pays voisins.
Notre arrivée a fait sortir tous les habitants du village et un vieux déballe alors plein d’objets anciens. Un peu plus loin, le guide nous montre un puits immense dans lequel les hommes vont puiser l’eau et la remonte dans des seaux en faisant une chaîne humaine pour la déverser ensuite dans un abreuvoir qu’ils ont creusé dans le roc. Un large chemin pentu permet ensuite aux troupeaux de venir boire. Les photos ne rendent pas l’effet escompté, mais imaginez voir débouler du haut tout un troupeau assoiffé ! Mieux vaut se ranger sur le côté !
La nuit tombe au moment où l’on rentre à l’hôtel et sur la piste il faut faire du gymkhana entre les dromadaires qui déboulent de chaque côté.
Je me couche très vite, un peu fatiguée par la journée et j’en oublie de vérifier l’état des lieux.
À demain
05:29 Publié dans Voyages | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : voyage, ethiopie, yabello
samedi, 08 mars 2014
42. Carnet de voyage en Éthiopie -7-
Vendredi 21 février : Rencontre avec les Karo et les Hamer.
Cette nuit sous la tente fut assez agréable. Nous allons prendre le petit déjeuner là où la veille au soir nous avons dîné. C’est également dans cet endroit que nous reviendrons dormir ce soir.
Quel est le programme pour la journée ?
Ce matin, visite d’un village karo situé à deux heures sur une piste en très mauvais état. Les Karo forment une communauté d’environ trois cents personnes, ils vivent sur les hauteurs dominant la vallée de l’Omo. Ils se percent la lèvre inférieure dans laquelle ils introduisent différentes décorations.
Les petits greniers à grains :
De nouveau deux heures de piste et après le déjeuner, nous avons droit à une petite sieste jusqu’à 16h pour nous remettre avant de partir à la rencontre d’un village occupé par une autre tribu, les Hamer.
Le principe reste toujours le même : 5 birrs pour une photo. Ma réserve de petites coupures a largement diminué et je suis obligée d’y aller au compte-goutte.
Ah, justement, j’aperçois un vieil homme très digne ; je le photographie et lui tends mon billet. Mais il n’en veut pas, le jugeant trop usagé et il s’avance vers moi afin de me le redonner.
Je recule et pose alors le pied sur une branche épineuse au sol, parmi les excréments d’animaux, les longues épines viennent se planter dans ma cheville gauche et aussitôt le sang se met à dégouliner ! Et ça coule, ça coule, un kleenex, puis deux ne suffisent pas à arrêter l’hémorragie. Le pire dans tout ça est l’arrivée des mouches ! Les autres regardent :
— Oh dis donc, qu’est-ce que tu perds comme sang !
Par chance Muriel Robin qui est suréquipée prend les choses en mains :
— Bon, va t’asseoir sur le marche-pied du 4x4. Fais voir … Ah dis donc, qu’est-ce que ça saigne ! On va mettre tout de suite un antiseptique, puis un pansement.
Aussitôt dit, aussitôt fait ; le pansement ne tient pas très bien et je regarde avec appréhension les plaies afin qu’aucune mouche ne vienne s’y poser. Le sang a fini par s’arrêter de couler, mais j’ai perdu toute envie de faire de la photo.
Et pendant ce temps-là, le vieil homme nous a suivies, brandissant toujours le billet de cinq birrs !
Le soir en arrivant à l’hôtel Sonia me refera un autre pansement plus solide après que j’aie redésinfecté avec de la biseptine ( qui était restée au fond de la valise). Sur ce coup-là, j’ai manqué de prudence, j’aurais dû mettre des chaussures fermées. Ça me servira de leçon pour une prochaine fois.
Pour me remettre de mes émotions, je déguste un gin-tonic en compagnie de Sonia à la terrasse de l’hôtel. La nuit tombe bientôt. Sonia réussit à avoir du réseau et me prête son téléphone pour appeler Peggy. Depuis le départ je n’ai pu lui envoyer qu’un seul texto et je ne sais même pas si elle l’a reçu :
— Allo Peggy ? Bon, je te téléphone pour te dire de ne pas t’inquiéter si tu ne reçois pas de nouvelles, mais il n’y a pratiquement jamais de réseau. Aujourd’hui je me suis écorchée la jambe, le sang n’arrêtait pas de couler et il y avait des mouches partout, partout. Mais bon, à part ça, tout va bien. Je ne te rappellerai pas, préviens Christine ! Grosses bises.
C’est alors que l’on voit monsieur Bidochon arriver avec Sa bouteille de pastis et Ses cacahuètes et s’installer sans complexe à une table avec ses amis ! J’hallucine devant un tel sans-gêne. Je suppose qu’en France il ne se permettrait pas un tel comportement.
Avant de me coucher j’enfile une chaussette afin de maintenir le pansement. Ça ne me fait pas mal mais j’appréhende le lendemain :
— Si ça se trouve, ça va gonfler, peut-être même s’infecter … Si ça se trouve, on va peut-être devoir me couper le pied !
Mais je finis par m’endormir.
À demain !
Pour en savoir davantage :
Rencontre avec les Hamer d’Éthiopie
04:43 Publié dans Voyages | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : voyage, ethiopie, karo, hamer
vendredi, 07 mars 2014
41. Carnet de voyage en Éthiopie -6-
Bienvenue chez les Mursi :
Pour en savoir davantage sur les mœurs de cette tribu, reportez-vous ICI :
05:43 Publié dans Voyages | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : voyage, ethiopie, mursi
jeudi, 06 mars 2014
40. Carnet de voyage en Éthiopie -5-
Jeudi 20 février : à la rencontre des Mursi.
La nuit fut très agréable et je me réveille en pleine forme. Pourvu que cela dure car voyager comme hier me fut particulièrement pénible ; c’est la première fois que je me suis sentie aussi fatiguée.
Nous quittons le lodge vers huit heures et prenons la direction d’un village habité par la tribu des Mursi. Izhar nous a expliqué qu’il valait mieux s’y rendre tôt le matin, avant qu’ils soient un peu trop excités. D’autre part, il nous a donné quelques conseils :
— Pour les photos, il faut compter environ 5 birrs –soit 20 centimes d’euros-. Mettez-vous d’accord avec eux avant.
Ça commence à rouspéter au sein du groupe :
— C’est bien la première fois qu’on me demande de payer ! Il est hors de question que je débourse le moindre centime !
Allons, allons, Richard Bidochon, vous ferez comme vos petits camarades…
Sonia et moi savions à quoi nous attendre. Une recherche sur internet nous avait renseignées sur les us et coutumes de cette tribu. On peut ne pas être d’accord sur la méthode, mais si l’on veut garder un souvenir, il faut en passer par là. Chaque Mursi travaille pour lui.
Je me retrouve très vite entourée par une horde d’hommes et de femmes qui me tiraillent par les vêtements pour que je les photographie.
— Au secours le guide, viens me sortir de ce guêpier !
Se pose très rapidement le problème de la petite monnaie. Les billets de cinq birrs partent comme des petits pains ; d’autre part, ils (les billets) sont dans un état pitoyable et certains Mursi les refusent. Il faut alors se débrouiller, prendre un groupe plutôt qu’un seul individu. Sur ce coup-là, j’ai manqué d’astuce, j’aurais dû faire des gros plans sur les bijoux, les peintures corporelles et les scarifications impressionnantes. Mais bon, maintenant c’est un peu tard !
Le plateau labial porté par les femmes Mursi est spectaculaire, il est en argile et varie de taille. À l’origine, il fut créé pour éviter que les femmes soient prises comme esclaves par les Arabes. La laideur engendrée par ce rond disgracieux était une sorte de protection. Puis cela devint une tradition. On incisait la lèvre inférieure des jeunes filles à l’adolescence, puis, après leur avoir arraché les incisives, on introduisait un plateau de plus en plus grand dans la fente de la lèvre. Aujourd’hui le gouvernement a interdit cette pratique. Mais la tradition perdure pour les oreilles.
Après ce safari photo d’un genre spécial, nous quittons le camp des Mursi et nous nous arrêtons dans un village pour faire un tour sur le marché local fréquenté par différentes tribus ( Bani, Hari, Tsamaï).
Puis nous déjeunons à Key Afer ; n’ayant pas pris de photo des lieux, je n’en ai aucun souvenir !
En fin d’après-midi nous arrivons sur les lieux du campement. Les tentes sont installées sous les arbres pendant que Richard Bidochon arrive avec sa bouteille de pastis et des cacahuètes pour offrir l’apéro à tout le monde. Ça part d’un bon sentiment ! J’ai envie de lui dire :
— Où as-tu mis le jeu de boules ?
Décidément ces Bidochon sont impayables ! Ce couple me rappelle ceux qui étaient avec moi sur le Mékong et qui passaient leur temps libre à jouer à la belote.
Le couple de La Baule a déjà pris sa douche et s’est changé ! Ils ont également été les premiers à choisir leur tente. Kiki demande discrètement à Izhar que l’on installe sa tente un peu à l’écart car il ronfle et ne voudrait pas importuner ses voisins de campement. Très gentleman !
Moi je traînasse devant un coca et lorsque je veux prendre une tente … Elles sont déjà toutes occupées !
Les deux copines qui partagent normalement la même chambre se sont octroyées deux tentes individuelles.
— Et moi alors, je dors où ?
Finalement l’une des deux libère la tente, tout en marmonnant assez fort pour que je puisse entendre au passage :
— Trop bon, trop con !
Ah non, assez de ces mesquineries, flûte, déjà que j’ai payé un supplément assez conséquent pour être tranquille, pas la peine d’en rajouter. Je suis même prête à aller trouver le guide pour qu’il me conduise à l’hôtel proche, quitte à payer un supplément pour une chambre.
Mais je n’ai pas à le faire car la dernière tente est enfin mise en place et les deux nanas s’y engouffrent. Non, bien que tu sois une proche voisine, nous ne nous reverrons pas à Joué-les-Tours, ma chère !
Le soir, nous partons à pied jusqu’à l’hôtel Buska pour le dîner. Nous empruntons le lit de la rivière à sec. Retour dans la nuit éclairée par nos lampes torches.
La nuit fut chaude et je n’ai pas eu besoin de déplier le sac de couchage.
À demain !
P.S : Mais où sont les Mursi ?
Cet après-midi je vais chez Peggy et je veux qu’elle soit la première à voir les photos. Repassez à la soirée, elles seront en ligne ! Mais, pour ne pas vous laisser complètement sur votre faim, voici quelques détails :
09:03 Publié dans Voyages | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : voyage, ethiopie, mursi