jeudi, 01 décembre 2011
260. Bilan d'une décennie -72-
Jeudi 20 décembre 2007, suite et fin :
Notre visite de Saint-Louis continue, toujours en calèche. La ville connait une animation survoltée, beaucoup de familles arrivent pour les fêtes, d’autres partent…
Le soir nous prenons notre dernier repas à bord : entre temps, j’ai reçu un message de ma fille. Je m’inquiète aussitôt car en règle générale nous ne communiquons que par textos. J’essaie de la joindre mais en vain, je n’ai pas de couverture ! Déjà trottent dans la tête toutes sortes de scénarios : mort d’un chat, cambriolage, accident de voiture… Que diable a-t-il pu se passer pour qu’elle essaie de me joindre ? Par chance, je réussis un peu plus tard à ouvrir le message. Elle avait des minutes en rabe sur son forfait et en profitait pour me téléphoner. Oh ! quelle frousse j’ai eu et, dans le coup, je me suis tapée trois cocktails pour me remettre…
Au dîner qui fut excellent mais que j’ai oublié de noter dans mes tablettes, Sophie nous présente le programme du lendemain. Est-ce l’effet des cocktails ou la fatigue, toujours est-il que je n’ai pas très bien capté toutes ses indications. Je sais seulement que nous devons quitter le bateau à 8h du matin. Il faut donc boucler les valises dès ce soir…Il est temps de prendre la deuxième valise que j’avais emportée pour le retour, sachant qu’à chaque fois je me retrouve trop chargée.
Il me semble avoir fait le tour, bien sûr il faudra rajouter les achats de dernière minute, à savoir un énorme hippopotame le lendemain, et diverses bricoles à l’aéroport pour liquider les francs CFA.
Mais pour l’instant, c’est le casse-tête : prévoir au dessus les vêtements d’hiver. Tiens à ce propos, j’ai récupéré mon manteau à l’hôtel La résidence !
La valise principale est bouclée définitivement, c’est l’essentiel. Quant à l’autre, elle devra s’adapter coûte que coûte. Bon maintenant il n’y a plus qu’à dormir !
Vendredi 21 décembre 2007
Huit heures, la cabine est libérée, les valises ont été descendues à quai. Bon, que fait-on maintenant ? Une grande partie du groupe ne repart que demain. Pour eux, une journée à la plage a été organisée, sur la Langue de Barbarie. Ils dormiront le soir à l’hôtel La Résidence et quitteront Saint-Louis dans la matinée.
Sophie m’a dit que je partais seule pour Dakar en début d’après midi. Louis et Anne, qui étaient arrivés avec moi, ne sont pas inscrits sur le même vol, mais doivent partir dans la nuit !
Bon, pas de panique, profitons des derniers instants pour aller se balader dans les rues. C’est aujourd’hui que doit se dérouler le massacre des moutons. Ils sont tous bien beaux, lavés, décorés et le supplice ne devrait plus tarder. Un Sénégalais nous explique que l’égorgement aura lieu une fois que l’imam aura fini sa prière à la mosquée et aura tué son mouton.
Françoise, une amie du groupe, et moi allons donc voir le mouton de l’imam ! Ah pour sûr, c’est le plus beau, le plus gros et le plus enrubanné (je parle bien évidemment du mouton, pas de l’imam que nous n’avons pas aperçu). Déjà les premiers fidèles se pressent à la mosquée. Il n’y a que des hommes, ayant tous revêtus des habits traditionnels somptueux. Vous auriez vu les couleurs ! Une splendeur… Hélas pas de photos. Les seules autorisées sont celles des moutons.
La fébrilité est perceptible chez les animaux, chez moi aussi d’ailleurs ! Je m’attends à voir bientôt les rues transformées en un vaste champ de bataille, le sang dégoulinant sur le sol, avec pour bruit de fond les cris d’agonie des bêtes.
Ah, ça y est, l’imam a fini son sermon. Tous les fidèles se précipitent hors de la mosquée. Attention, préparez vos couteaux, sortez les bassines, le spectacle va commencer.
Ouf ! l’égorgement se fait à l’intérieur des maisons, les moutons sont rentrés et nous échappons ainsi à la boucherie. Alors nous retournons voir où en est le dépeçage du mouton de l’équipage.
Le matin même la pauvre bête -qui était enfermée dans la salle des machines depuis quelques jours déjà- avait été sortie et soigneusement lavée sous l'œil attentif de de Sophie. Quand nous arrivons, l’animal vient juste de trépasser et a été installé pour le découpage.
Travail fait avec application jugez-en par vous-même !
Déjà les premières odeurs de viande grillée se répandent dans la ville. Hum, ça me donne faim !
Après le découpage, c'est le nettoyage des tripes dans l'eau du fleuve qui prend très vite des teintes rosées.
A suivre…
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mardi, 29 novembre 2011
257. Bilan d'une décennie -71-
Jeudi 20 décembre 2007 :
Le bateau a repris sa route en direction de Saint-Louis. Bientôt nous arrivons au barrage de Diama, qui sert également de point de contrôle entre le Sénégal et la Mauritanie.
Le passage de l’écluse s’effectue assez rapidement, juste le temps de photographier ces groupes de personnes qui se rendent vers le Sénégal.
Ce barrage permet de filtrer l’eau saline qui remonte le fleuve et d’irriguer les champs de canne jusqu’à Podor.
Sur la rive nord le paysage mauritanien annonce déjà le désert. On aperçoit des dunes de sable dans le lointain. Nous arrivons à Saint-Louis en fin de matinée.
Une foule de petits marchands attend fébrilement notre débarquement le long du quai. Il faut savoir que chacun se prépare à fêter la Tabaski (fête du mouton). Ce jour-là, chaque Musulman pratiquant se doit d’acheter un mouton, l’égorger, le manger en famille et en offrir à ses voisins.
Pas étonnant si dans les rues on peut voir, attachées devant les portes des maisons, des centaines de pauvres bêtes bêlant à tue-tête ( sans doute pressentent-elles ce qui les attend !).
Pour l’heure, Ansou nous propose une balade en calèche à travers la ville.
A la pointe nord de l'île, on aperçoit la langue de Barbarie, longue étendue de sable séparant le fleuve de la mer.
Cette étrange machine est une grue à vapeur, installée à Saint-Louis afin de permettre de soulever de lourdes charges ( locomotives en particulier) à l'époque de la construction d'une voie ferrée. Elle est demeurée intacte, juste recouverte d'une bonne couche de rouille.
Un peu plus loin, nous passons devant l'ancienne demeure du général Faidherbe.
En nous dirigeant vers le centre, nous empruntons le pont Malick-Gaye et nous bifurquons peu après sur la gauche : nous voici à Guet N'Dar, le quartier des pêcheurs, en pleine effervescence en cette veille de fête.
Ansou nous a une fois de plus mis en garde : « Méfiez-vous, les gens n'aiment pas être photographiés.»
Bon, qu'à cela ne tienne, on photographiera les poissons !
L'odeur qui règne dans ce quartier est pestilentielle (et le mot est assez faible). Mais nous sommes des gens polis et nous respirons à pleins poumons comme si de rien n'était. Et dans l'échelle des valeurs je ne sais trop si cette odeur est pire que celle respirée aux abords d'un Mac Donald. (odeur fétide qui me fait tirer au cœur à chaque fois que je passe devant ces établissements).
Seuls, les deux petits Néerlandais qui nous accompagnent se cachent le nez dans leur pull. Ils font la curiosité des gamins du coin, pauvres petits mendiants débraillés, qui sont étonnés par la blondeur de leurs cheveux.
Après avoir jeté un œil rapide sur les milliers de poissons en train de sécher en plein soleil, nous nous dirigeons vers la mer. A cet instant précis, je repense au récit de Pierre Loti, découvrant la côte saint-louisienne :
« On aperçoit aussi ce que l'on n'avait pas vu du large : d'immenses fourmilières humaines sur le rivage, des milliers et des milliers de cases de chaume, des huttes liliputiennes aux toits pointus, où grouille une bizarre population nègre. Ce sont deux grandes villes yolofes : Guet-n'dar et N'dar-toute, qui séparent Saint-Louis de la mer.
Si l'on s'arrête dans ce pays, on voit bientôt arriver de longues pirogues à éperon, à museau de poisson, à tournure de requin, montées par des hommes noirs qui rament debout. Ces piroguiers sont de grands hercules maigres, admirables de formes et de muscles (...).
En passant les brisants, ils ont chaviré dix fois pour le moins.(...) La sueur et l'eau de mer ruissellent sur leur peau nue, pareille à de l'ébène verni.» ( Le roman d'un spahi).
Au fond, rien n'a beaucoup changé depuis l'époque de Loti.Seules les huttes ont laissé la place à des maisons souvent bien branlantes. Et, à cet instant précis, je suis envahie par une très forte émotion. Emotion face à la mer rugissante, bonheur de découvrir des paysages extraordinaires, je sais que cet instant très bref restera gravé pour très longtemps dans ma mémoire ! Je suis pleinement heureuse, je voudrais faire durer le plus longtemps possible ce moment. Hélas, nous sommes au terme du voyage, l'idée du retour vient casser la rêverie... Demain il va falloir rentrer, retrouver la grisaille, les gens indifférents et si égoïstes, ma vie monotone. Allez, je ferme les yeux, je respire à fond l'air chargé d'embruns... Encore quelques minutes de répit !
A suivre...
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samedi, 26 novembre 2011
255. Bilan d'une décennie -70-
Mercredi 19 décembre 2007 :
Matinée libre à bord. Le bateau a jeté l’ancre dans les hautes herbes non loin du parc national du Djoudj , la troisième réserve ornithologique mondiale classée par l’UNESCO depuis 1971. La visite du parc est ouverte de novembre à mai et s’effectue à bord de longues pirogues qui permettent une approche assez silencieuse afin de mieux observer les oiseaux.
Je ne me faisais guère d’illusion pour les photos et je n’ai donc pas été déçue du résultat très médiocre obtenu. Il est très difficile de photographier des animaux à moins de se poster à un endroit et d’attendre, d’attendre…
Ce ne pouvait pas être le cas ici. Donc je m’estime assez heureuse d’avoir quand même pu prendre quelques groupes de pélicans sur leur nichoir, un crocodile en pleine sieste et un varan.
J’ai loupé les phacochères.
Le menu du soir, après le cocktail ( qui ce jour-là était une tequila sun-rise) :
Crevettes sautées, filets de poisson sauce au beurre, pommes vapeur, tarte aux pommes et la rituelle infusion à la citronnelle.
A suivre …
17:49 Publié dans Croque mots, Voyages | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : voyage, sénégal, croisière, bou el mogdad, parc du djoudj
jeudi, 24 novembre 2011
253. Bilan d'une décennie -69-
Mardi 18 décembre 2007, suite et fin :
Après la visite dans le village Peul, nous revenons déjeuner à bord. Nous assistons à la tractation entre des pêcheurs qui viennent d’attraper un énorme « capitaine » et essaient de le vendre au cuisinier. Mais la transaction ne se fait pas .
Peu après, une vedette vient chercher des touristes de passage sur le bateau. Ce sont deux couples que l’on qualifierait de « ringards », copie pâlote de riches américains en vadrouille ! Les deux femmes font penser aux actrices des années cinquante, tant pour l’âge que pour la mise ! Et la vedette repart avec son chargement dans une immense gerbe d’eau… au risque de faire chavirer la barque des pêcheurs.
Après le déjeuner, nous embarquons sur la barge qui nous conduit à l’embarcadère du « Gîte d’étape du fleuve». Nous y apercevons les couples du matin qui sont toujours à table sur la terrasse ombragée.
Ce gîte est particulièrement fréquenté par des chasseurs (de décembre à mars). Je n’ai pas trouvé de site web. Dommage !
Ce qui nous attend n’a rien de réjouissant –enfin pour moi : visite de l’usine de raffinage de la canne à sucre. Un ancien employé nous attend, il va nous servir de guide et nous expliquer les différentes étapes pour passer de la canne au sucre.
Je vous avouerai que j’ai zappé une partie de ses explications, j’ai cependant noté que cette usine fournit la totalité du sucre utilisé dans le pays. Elle fonctionne sans discontinuer et emploie un nombre considérable de personnes.
Bref, cela semble un modèle dont les Sénégalais sont extrêmement fiers. Après la visite, il est prévu d’assister au brûlage d’une parcelle de canne. En effet, la coupe reste manuelle et le brûlage permet de neutraliser les éventuels dangers que représentent les serpents, les phacochères et autres bestioles.
Nous sommes invités à grimper dans un bus qui va nous conduire sur la parcelle à brûler…Trois quarts d’heure plus tard, nous arrivons enfin sur les lieux ! La nuit commence déjà à tomber. Moi je pense surtout qu’il va falloir se farcir encore trois quarts d’heure de route pour le retour, sur un chemin passablement défoncé, en évitant d’accrocher les convois de canne qui rapportent leur chargement à l’usine.
La parcelle mise en feu s’étend sur cinq hectares. Il faut bien avouer que le spectacle est assez impressionnant !
Retour vers l’usine, un peu plus long encore car il fait nuit maintenant.
Le menu du soir va bien vite me faire oublier ces désagréments (je parle pour moi car cette visite semble avoir fait l’unanimité, comme quoi les goûts et les couleurs, ça ne se discute pas). Donc au menu :
Langouste grillée, poisson en papillote avec purée de patate douce, glace. Et pour faire digérer, une infusion à la citronnelle ! Bonne nuit tout le monde, à demain.
A suivre ...
08:09 Publié dans Croque mots, Voyages | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : voyage, croisière, sénégal, bou el mogdad
lundi, 21 novembre 2011
251. Bilan d'une décennie -68-
Mardi 18 décembre 2007 :
Au programme de la matinée : visite d’un village de nomades Peuls dont les troupeaux de zébus paissent pour quelques mois près des rivages du Sénégal.
Avant d’y aller, Ansou nous a donné la veille au soir quelques recommandations :
« Nous devrons marcher un peu, le chemin est très épineux, prévoyez donc des chaussures montantes. D’autre part, dans les arbres il y a des essaims d’abeilles sauvages. Il faudra passer rapidement. Evitez surtout de mettre du parfum ou tout autre déodorant qui pourraient les attirer. Mettez des vêtements à manches longues. Enfin, ne vous approchez pas des zébus. Les femelles sont plutôt agressives et vous risqueriez d’attraper un coup de corne !»
Bon, ça promet, je n’ai pas de manches longues, les seules chaussures montantes sont mes chaussures de ville…Il faut savoir que les abeilles ont tout de même la taille de nos frelons, ça laisse songeur !
A huit heures nous embarquons sur la barge qui nous conduit sur le rivage. Après une petite demi-heure de marche sans véritable danger, nous arrivons soudain dans une vaste clairière verdoyante où paissent en toute liberté des troupeaux de zébus.
Le spectacle est très bucolique, il règne en ce lieu une beauté, une quiétude inégalable. Les nomades vivent dans des cases qu’ils construisent en paille tressée.
Les agneaux sont regroupés dans un enclos entouré d’épines afin de les protéger d’éventuels prédateurs.
Toute leur richesse est dans leurs troupeaux (zébus, moutons, chèvres) qu’ils transmettront plus tard à leurs enfants.
Nous rencontrons le chef du village, un respectable vieil homme de 90 ans qui, malheureusement, souffre de la vue.
Retour au bateau et départ vers la prochaine escale : Richard-Toll.
A suivre…
16:40 Publié dans Croque mots | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : voyage, croisière, sénégal, bou el mogdad