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vendredi, 22 juillet 2011

148. Bilan d'une décennie -6-

Bon, et maintenant ?


podcast

Me voici revenue au point de départ. Je retrouvais  la maison vide, si ce n’est la présence du chat Popy, le chat dont Il ne voulait pas et qui devint pourtant son plus fidèle compagnon. Je devais donc m’habituer à vivre seule. Dans la semaine qui suivit le retour d’Allemagne, j’entrepris de gros travaux de déménagement de meubles. Je changeai totalement la disposition du salon (la seule pièce d’ailleurs où il était possible de bouger les meubles).

 

Dimanche  19 août 2001 : le petit Pierre, un gamin de la DPASS que nous hébergions le week-end, rentre de vacances. Je l’avais prévenu du décès par téléphone. Il tint à aller sur la tombe.

Pierrot, comme nous l’appelions familièrement, était un gentil gamin qui eut une enfance très chaotique dans une famille de parents incestueux. Il était arrivé chez nous en 1997 et je crois qu’il se plaisait bien parmi nous. Il avait un profond respect pour mon mari. Sans doute ce dernier représentait pour lui le père qu’il aurait voulu avoir.

Bref, je m’étais arrangée avec l’assistante sociale et il fut convenu que Pierrot resterait chez moi encore une année, le temps qu’il passe son CAP. Ensuite, il devrait voler de ses propres ailes (il avait 18 ans).

Dans la semaine qui suivit, j’eus fort à faire dans le jardin. Il avait plu et l’herbe avait poussé. J’eus beaucoup de difficulté pour passer la tondeuse. Je ne savais pas alors que c’était la dernière fois que j’avais à tondre une si grande surface (environ 2500m2).

Il me fallait également me séparer d’une des voitures. Je trouvai facilement acquéreur pour ma petite Ford Fiesta qui était en bon état et n’avait que peu de kilomètres au compteur.

 

Mercredi 29 août 2001 : alors que je reviens des courses et que je gare la voiture au fond du jardin, j’entends un miaulement plaintif venant d’un buisson. J’aperçois alors un chaton gris et blanc qui s’avance vers moi et se laisse caresser. Il ne devait pas avoir plus de trois ou quatre mois d’après son aspect physique. Il m’emboîte bientôt le pas et  nous pénétrons tous deux dans la cuisine. Comment allait réagir Popy ?

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Eh bien, monsieur a boudé ! Il ne s’est pas montré agressif envers le nouvel arrivant, mais il est parti et je suis restée deux jours sans le voir. Finalement, c’est la faim qui l’a fait sortir du bois et la pluie aussi ! Il est donc revenu à la maison mais a totalement ignoré le chaton.

Au départ je voulais l’appeler Popcorn. Mais Pierrot n’arrivait pas à retenir ce nom, il l’appelait Pot de corne et ça m’agaçait. Aussi ai-je opté pour un surnom plus court : Théo !

Au fil du temps les rapports entre les deux chats ont nettement évolué. Popy jouait le chef et Théo le suivait. Ils devinrent bientôt inséparables ce qui me rassura.

 

Jeudi 30 août : alors que je portai le coupé Hyundai chez le garagiste pour un nettoyage, j’aperçus une belle Anglaise en exposition devant la concession. De couleur verte, elle avait une capote beige et possédait une véronique à l’arrière. L’intérieur était en cuir beige clair et le tableau de bord en acajou ! J’eus aussitôt le coup de foudre. J’en parlai alors à Peggy pour savoir ce qu’elle en pensait. 

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— Tu fais comme tu veux Mutti, si tu peux l’acheter, fais-toi plaisir !

Il ne fallait pas m’en dire plus. Le lendemain matin, j’étais de nouveau chez le concessionnaire, j’essayai la voiture et je revins avec, heureuse comme une reine (en supposant que les reines soient obligatoirement toujours heureuses, ce qui ne doit pas être le cas).

La semaine suivante, c’est la rentrée des classes. Pour la réunion de pré-rentrée, j’avais téléphoné au directeur :

— J’arriverai un peu en retard. Prévenez les collègues du décès de mon mari. Je souhaiterais beaucoup que personne n’ y fasse allusion !

 

Je ne voulais pas avoir à subir les mines compatissantes, ni entendre des condoléances. J’ai toujours tenu à séparer nettement ma vie professionnelle de ma vie privée.

J’arrivai donc à l’école avec une petite demi-heure de retard. J’entrai dans la salle de réunion, fit un petit signe de la main pour saluer tout le monde et ce fut tout. Seule une collègue, à la pause, vint me présenter ses condoléances devant tous les autres. Il me fallut beaucoup de force pour ne pas éclater en sanglot à ce moment-là.

Une chose est certaine : c’était la première fois que je n’éprouvais aucun plaisir  à aller au travail Il me semblait avoir perdu toute envie.

Finalement, l’année scolaire se déroula de façon plutôt agréable : j’avais 11 élèves, 5 garçons et 6 filles. C’étaient de gentils gamins, tous d’un niveau scolaire différent. Ce fut la dernière classe de ma carrière car l’année suivante l’inspecteur se trouva dans l’obligation de fermer cette classe de perfectionnement qui restait encore la seule et unique du département. Mais j’y reviendrai ultérieurement.

 

11 septembre 2001 : il devait  être environ 17h lorsque je rentrai de l’école. Je me prépare alors un goûter-dînatoire ( petites biscottes suédoises avec du fromage) et j’allume la télé. Tout d’abord, en voyant les premières images, je pense qu’il s’agit d’un film à sensation comme on en voit parfois. Il me faut quelques minutes pour réaliser qu’il ne s’agit pas d’une fiction mais bien de la réalité ! L’avion qui vient percuter la tour, puis un peu plus tard, les gens qui se jettent dans le vide. C’est l’attentat du World Trade Center ! Cela semble totalement surréaliste et pourtant cela vient d’avoir lieu.

 

Dimanche 23 septembre 2001 : avec Peggy, nous allons visiter le Festival des jardins à Chaumont-sur-Loire.

 

Vacances de la Toussaint 2001 : je pars passer trois jours dans le sud de la France.  Durant ce petit périple, je visite Nîmes, les Baux de Provence, le moulin d’Alphonse Daudet à Fontvieille, le pont du Gard, les Saintes-Maries-de-la-Mer. Il fait un temps splendide, on se croirait presque en été !Le matin de mon départ, en chargeant mes bagages, je referme le coffre en laissant mes clés de voiture à l'intérieur ! Me voilà donc coincée pour au moins trois heures, le temps de prévenir un garagiste qui finalement est obligé de fracturer la serrure du coffre. Cet incident m'arrivera une autre fois sur le parking d'un magasin, mais par chance j'étais près de Tours et Peggy put m'apporter la clef de secours.

Pendant ce temps, à Tours, un forcené ouvre le feu dans la rue et tue plusieurs personnes. Il se réfugie ensuite dans le parking du Vinci, place de la gare. C’est là que la police l’intercepte.

 

Novembre 2001 : l’automne est bien là. Les jours raccourcissent, les arbres ont perdu leurs feuilles et il pleut souvent. Tout est gris autour de moi et mon âme le devient aussi. Je me plais de moins en moins là où j’habite.  La maison est bien trop grande pour moi seule. Je décide alors de déménager et pars en quête d’une nouvelle maison à louer. J’en ai marre d’entretenir un trop grand jardin, j’en ai marre aussi du trajet aller-retour pour me rendre à l’école.

Finalement je trouve chaussure à mon pied : une petite résidence est en construction à dix minutes seulement de l’école, dans une rue calme. Je visite l’appartement témoin : il y a trois chambres, un petit bout de jardin (170m2), un garage et tout est de plain-pied. L’idéal en somme pour moi et mes chats. Les maisons seront terminées pour janvier 2002. Je réserve donc sur plan la maison qui possède un arbre et qui a le plus grand jardin. Il me reste deux mois à attendre, deux mois durant lesquels il me faut me débarrasser des deux-tiers de mon mobilier.

L’agent immobilier m’avait donné le plan de la maison ce qui me permet d’envisager le futur agencement. Durant les deux mois suivants, ce fut à la maison un va-et vient incessant d’antiquaires, de brocanteurs qui repartaient à chaque fois avec une partie de mes souvenirs.

Un crève-cœur, mais bon. Il m’était impossible de tout conserver. Il faut savoir tourner la page …

Puis, courant novembre, Peggy me propose de partir passer Noël ailleurs qu’à Tours.

— Et si nous allions une semaine  à la Martinique ?

— Waouh, comme tu y vas ! Après tout, pourquoi pas.

— Alors, tu t’occupes des réservations !

Aussitôt dit, aussitôt fait. Je réserve une chambre à l’hôtel « La Pagerie », situé aux Trois Ilets, face à Fort de France.

Et le 22 décembre 2001 …

 

À suivre

mercredi, 20 juillet 2011

147. Bilan d'une décennie -5-

 


podcast

Jeudi 16 août 2001 : nous quittons Weimar et la Thuringe pour rejoindre, au sud- ouest, la Forêt Noire. Passage aux abords d’Erfurt, Francfort et Friebourg.

Par l’intermédiaire du guide Michelin, je réserve une chambre à Kirchzarten pour deux nuits.

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Je n’ai pas de souvenir précis du trajet en voiture, si ce n’est que  j’avais toujours autant de plaisir à rouler sur les autoroutes et que, à la demande pressante de Peggy , je fis quelques pointes à 220Km/h… Oh, cela ne dura pas très longtemps car la tension est telle que j’avais l’impression que mes yeux allaient sortir de leurs orbites ! À une telle vitesse, il faut tout anticiper. J’étais sur la troisième file, pleins phares (c’est recommandé pour éviter un brusque décrochage d’une voiture à droite)   et  puis, soudain, j’ai pensé qu’un pneu pouvait éclater, qu’un boulon mal vissé pouvait se défaire etc. Bref, sagement, j’ai repris la file du milieu.

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L’hôtel restaurant où nous sommes descendues s’appelait le Sonne (Soleil). C’est fou comme cette appellation est courante en Allemagne pour les hôtels. Celui-ci était particulièrement gemütlich.

L’après-midi nous allons nous balader sur les bords du lac Titisee. C’est un endroit particulièrement touristique. Nous allons un peu plus loin, au bord du lac Schluchsee, beaucoup plus grand et plus sauvage aussi. Là, nous dénichons une petite guinguette au bord de l’eau pour le dîner.

Le retour à Kirchzarten s’avéra très compliqué : tout d’abord il faisait noir et je  ne suis pas à l’aise pour rouler la nuit. D’autre part il y avait des travaux sur la route et une déviation avait été mise en place. De chaque côté de la route les sapins semblaient surgir soudainement devant moi, me forçant à ralentir et derrière moi, les voitures commençaient à s’agglutiner ce qui ajoutait à mon stress.

— Pouf, je ne vois rien du tout !

— Eh bien ralentis !

— Oui, mais tu as vu derrière, les conducteurs s’impatientent.

Croyez-vous que Peggy m’aurait remplacée au volant ? Même pas ! Durant tout ce voyage qui représente environ 3252 km, elle n’aura conduit que 25 METRES , soit la distance séparant une pompe à essence du parking.

 

Finalement nous sommes quand même arrivées à bon port.

 

voyage,allemagne,foret noire

Vendredi 17 août 2001 : le matin, visite des chutes d’eau à Triberg. Cette adorable petite ville est réputée pour ses coucous (pas les oiseaux mais les horloges). J’ai oublié où nous avons déjeuné, mais je me souviens que nous avions pris un plat particulièrement gras et j’ai eu bien du mal à digérer l’après-midi !

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Nous consacrâmes l’après-midi à la visite d’un musée en plein air à Gutach. Cet écomusée regroupe plusieurs anciennes fermes typiques de la région avec leur mobilier traditionnel. C’est un endroit particulièrement plaisant que je vous conseille vivement si vous avez l’occasion de passer dans le coin. Je mets un lien en bas de la note.

Le soir, nous dînons dans un autre restaurant. C’est notre dernière nuit en Allemagne.

 

Samedi 18 août 2001 : ayant quitté Kirchzarten vers 8h le matin, nous arrivons à Tours vers 16h30. Je laisse Peggy à son domicile et je rentre chez moi retrouver mon chat Popy, dont j’avais confié la garde à Claude, le copain de mon mari.

Personnellement je garde un excellent souvenir de ce voyage avec ma fille.

 

À suivre

L’écomusée de Gutach

lundi, 18 juillet 2011

146. Bilan d'une décennie -4-

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Mardi 14 août 2001 : nous commençons la journée par la visite du musée des instruments de musique. Nous avions prévu de visiter ensuite le musée d’art contemporain, mais en arrivant devant l’entrée, nous nous apercevons qu’il est fermé pour travaux. C’est à cet endroit que Peggy prend la photo suivante à l’aide du retardateur. Je tiens énormément à ce cliché car c’est le seul et unique cliché où nous sommes ensemble.

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Pour le déjeuner nous retournons au même restaurant que la veille au soir. Je suppose que nous avons pris un plat plus léger.

Après le déjeuner, petite balade dans le quartier de Kreuzberg ; ce quartier regroupe une grande majorité des Turcs vivant à Berlin. Un petit coin de Turquie  en plein cœur de Berlin !

Enfin, pour terminer cette journée, nous faisons une promenade en bateau sur la Sprée. C’est alors que nous longeons l’avenue où se situaient les graffitis et nous nous apercevons qu’il y en avait aussi de l’autre côté du Mur que nous n’avions pas vus ! Tant pis, ce sera pour une autre fois.

Le soir, avant de rentrer à l’hôtel, nous allons manger une glace sur le Ku’Damm. Nous quittons Berlin demain matin.

Avant de clore ce chapitre, voici deux photos de la porte de Brandebourg : j’ai pris la première en 1969, côté ouest. On aperçoit le Mur qui rase la porte située côté est.

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Et la seconde est la porte telle qu’elle nous est apparue en ce mois d’août 2001 : en pleine restauration, les travaux étant masqués par un trompe-l’œil très original.

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Ce voyage m’est très bénéfique, il me fait oublier mon chagrin pour un temps.

 

Mercredi 15 août : nous quittons Berlin dans la matinée. Direction : la Thuringe, région boisée au centre de l’Allemagne. J’aimerais retourner à Weimar et emmener Peggy voir le camp de concentration de Buchenwald situé seulement à quelques kilomètres de la ville.

Avant de prendre la route, je téléphone pour réserver une chambre pour le soir. J’avais pris avec moi le guide Michelin qui s’avéra fort pratique. Nous dormirons à l’hôtel « Zur Sonne ».

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J’avais peu de souvenirs de Weimar, n’y ayant séjourné que trois jours en 1969. Nous sommes agréablement surprises de trouver une jolie petite ville, fraîchement restaurée.

L’UNESCO a inscrit la ville au patrimoine mondial en 1998 et l’a élue capitale culturelle européenne en 1999. Il est vrai que bon nombre de personnages illustres ont séjourné en ce lieu : le peintre Lucien Cranach l’Ancien, Jean Sébastien Bach, Schiller, Goethe, Frantz Liszt et enfin Nietzsche qui y mourut en 1900.

Nous atteignons Weimar en début d’après-midi et, après avoir déposé les valises, nous prenons la direction du camp de Buchenwald. En allemand, Buchenwald signifie la forêt de hêtres. La région est fort boisée.

Nous franchissons le portail surmonté de l’inscription Jedem das Seine, ce qui signifie à chacun son dû.

Il fait excessivement chaud en cet après-midi. Une fois la clôture de fils de fer barbelés franchie, nous nous retrouvons sur une immense esplanade. Il ne reste rien des baraques dans lesquelles s’entassaient les malheureux détenus ; seules les marques au sol permettent d’imaginer leur emplacement. Il reste les bâtiments occupés par les SS, les salles de « torture et expériences médicales » et les fours crématoires.

Un musée a ouvert ses portes depuis ma dernière visite. Il contient une multitude de documents, objets divers, témoignages.

En foulant le sol, je pense au poète français Robert Desnos qui a séjourné dans cet horrible lieu. Il fut transféré par la suite au camp tchèque de Therezin où il décéda le 8 juin 1945. Dans ses poches on retrouva un poème dédié à sa bien-aimée qu’il avait intitulé  Le dernier poème  :

desnos.jpg"J’ai rêvé tellement fort de toi,

J’ai tellement marché, tellement parlé, tellement aimé ton ombre,

Qu’il ne me reste plus rien de toi,

Il me reste d’être l’ombre parmi les ombres,

D’être cent fois plus ombre que l’ombre,

D’être l’ombre qui viendra et reviendra

            Dans ta vie ensoleillée. »

 

Après cette visite - ô combien émouvante – dans ce lieu de souvenirs, nous revenons à Weimar et flânons dans la ville. Oui, décidément, Weimar est une bien jolie petite ville !

Le soir, après le dîner, nous nous installons à la terrasse pour faire une crapette. Qui a gagné ? Je ne me souviens plus.   

Compléments :

Une vidéo sur le camp de Buchenwald :

L’association française Buchenwald Dora

dimanche, 17 juillet 2011

145. Bilan d'une décennie -3-


podcast

Dimanche 12 août 2001 :

Nous partons à la recherche des vestiges du Mur dans la tristement célèbre Bernauer Strasse. En 1969, la rue était jalonnée –côté ouest- des croix de ceux ou celles qui avaient été abattues en essayant de franchir ce maudit Mur (voir la photo ci-dessous que j’avais prise en 1969).berlin3.jpg

 

 

Aujourd’hui rien ne subsiste de tout cela.

Pour en savoir plus sur cette période, il faut aller visiter le musée du Mur, ce que nous faisons dans la matinée. Tous les stratagèmes étaient utilisés pour pouvoir passer à l’ouest, depuis la voiture à double-fond, au tunnel, en passant par la montgolfière réalisée avec de vieux draps !

En sortant du musée, nous allons flâner sur la Unter den Linden (sous les tilleuls). C’est maintenant une magnifique avenue, bordée de part et d’autre de magasins de luxe. Ici et là des ours (l’emblème de la ville) décorent de façon amusante les trottoirs.

Nous déjeunons en terrasse, puis, l’après-midi nous allons visiter le musée de Pergame.

Ce musée fut construit entre 1910 et 1930 et réunit une importante collection de chefs-d’œuvre archéologiques provenant principalement d’Asie Mineure (dont, entre autre le splendide autel de Pergame ou bien encore la porte d’Ishtar à Babylone).

Le soir nous dînons dans le quartier de Nikolaïviertel. En fait, nous n’avions pas prêté attention à la carte affichée au-dehors et quelle ne fut pas notre surprise en découvrant le tarif des plats ! Rien au-dessous de 40 euros. Nous étions dans un restaurant « haut de gamme ». De surcroît, je n’arrivais pas à traduire.  On s’est donc rabattu sur le plat le moins cher et alors on a vu le serveur nous apporter deux assiettes d’os ! Il s’agissait de travers de porc complètement calcinés accompagnés d’une malheureuse pomme de terre ! Les os nous sont restés en travers de la gorge, au sens propre comme au sens figuré d’ailleurs !

 Lundi 13 août 2001 :

C’est aujourd’hui la commémoration de la construction du Mur (13 août 1961). Le temps est froid et pluvieux.

Nous grimpons tout en haut de la Fernsehenturm afin d’avoir une vue globale de la ville, mais la brume nous cache tout le paysage. Nous en profitons pour prendre un café au restaurant qui se situe tout en haut.

Ensuite, nous partons –à pied- jusqu’à la Mühlenstre. D’après le guide du routard nous devrions découvrir de beaux graffitis réalisés sur une partie de l’ancien Mur. Peggy a le plan en main et je suis… Au bout d’une heure –que dis-je ? -deux  heures, oui -de marche dans les rues, les avenues, les boulevards, éclaboussée au passage par les voitures, je sens que je vais craquer. Je râle, je rouspète, je tempête :

— C’est encore loin ?

— Non, non, on est presque arrivé !

— Mais ça fait au moins dix fois que tu me dis ça ! Je te préviens qu’il est hors de question que je refasse le même chemin au retour, on prendra un  taxi !

Enfin, sur une avenue nous découvrons un morceau de Mur entièrement recouvert de dessins ayant tous un rapport avec la chute du Mur.

Heureusement que Peggy a son appareil Reflex. C’est elle qui prend les clichés. J’ai appris depuis par une lectrice de mon blog que ces graffitis ont été vandalisés. C’est bien dommage !

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— Bon et si nous allions manger maintenant ? On pourrait aller à ce restaurant qu’on a vu hier, dans la Rathausstre ? Et je n’attends pas sa réponse :

— Hep ! Taxi !

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Une petite heure plus tard nous sommes attablées devant un Eisbein (jambe de glace), autrement dit la spécialité berlinoise. Il s’agit d’un jarret de porc accompagné de choucroute et de purée de haricots.

La digestion a dû être difficile car, dans mon journal, je note seulement que nous avons fait quelques emplettes.

Au passage, un petit coucou à Marx et Engels, toujours fidèles au poste !

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À suivre…

vendredi, 15 juillet 2011

144. Bilan d'une décennie -2-


podcast

Avec le recul du temps, je m’aperçois que dans ce moment tragique j’ai su faire face de manière énergique. Dès l’après-midi je m’occupai des formalités, pris une concession au cimetière, choisis le cercueil et fis publier l’annonce du décès – à paraître dans le journal après l’enterrement-. Puis je prévins sa sœur et son copain.

L’enterrement eut lieu le surlendemain dans la matinée. Il y avait eu un orage tôt le matin et dans le jardin je cueillis un bouquet de marguerites.

Au moment où je lançai les fleurs sur le cercueil mis en terre, j’eus l’impression qu’une partie de moi s’en allait. Dans un sens, c’est vrai. Le terme de moitié que l’on emploie pour désigner son conjoint prend ici tout son sens.

Ce n’est que le soir, une fois seule chez moi, que j’ai craqué, une bonne fois pour toute. J’avais ressorti la petite boîte dans laquelle je conservais les petits billets doux que nous nous écrivions chaque jour au début de notre rencontre. Je ne les avais pas relus depuis notre mariage. Mon Dieu, comme nous étions amoureux ! J’ai soigneusement refermé la boîte et l’ai remisée dans la table de chevet.

Une page venait donc de se tourner dans ma vie. Il fallait pourtant continuer le chemin, mais d’une autre façon. J’eus l’impression d’un retour trente ans en arrière … C’est un peu comme si je reprenais le cours de ma vie avant mon mariage.

Dans les jours qui suivirent, je fis le grand ménage, vidai toutes les armoires et portai tous ses vêtements à Emmaüs – excepté toutefois une ou deux chemises que je mets parfois encore chez moi, ainsi que sa grosse Parka militaire.

J’offris son briquet Zippo à son copain, je donnai sa chevalière à Peggy.

Je ne voudrai surtout pas faire dans le larmoyant, aussi vais-je continuer ce récit d’une décennie d’une façon plus gaie. La tristesse, je la garde pour moi.

 

Ce matin, en classant des papiers dans mon grand bahut, j’ai retrouvé mon journal (tenu de 1989 à 2005). Cela n’a rien d’un journal intime, mais j’avais pris l’habitude de noter à l’intérieur les évènements qui me semblaient intéressants. Cela va donc bien m’aider pour poursuivre ce récit !

 

Août 2001 : Peggy me propose de partir une semaine en vacances pour  -comme elle dit -  se changer les idées. Elle aimerait bien aller à Berlin

Bonne idée, je n’y suis pas retournée depuis la chute du Mur. Et peut-être même vais-je retrouver ma correspondante !

Aussitôt je m’occupe des réservations d’hôtels, de l’itinéraire. Et nous voici parties !

C’est la première fois que nous partons toutes les deux.

Vendredi 10 août 2001 : départ de Tours à 7h. Quand j’arrive chez Peggy, elle n’a pas encore fait sa valise ! Une heure plus tard nous sommes sur la route et arrivons à Liège vers 15h. J’avais réservé une chambre dans un hôtel proche de la gare. C’était un peu glauque cet hôtel, mais bon, tant pis, on s’en accommodera pour une nuit d’étape !

Il faisait un froid de canard et, après avoir flâné dans les rues, nous décidons d’aller au cinéma pour nous réchauffer !

 

Samedi 11 août : nous quittons Liège sans trop de regret et reprenons la route. Ah quelle joie de rouler sur les autoroutes allemandes ! La vitesse n’est pas limitée et comme le coupé est puissant, je prends plaisir à conduire. Nous déjeunons près de Hanovre et nous atteignons Berlin vers 17h. Peggy me sert de guide et nous trouvons rapidement l’hôtel, situé quartier Mitte, dans l’ancien Berlin-est.

Il s’agit de l’hôtel Kastanienhof que je vous recommande si vous avez l’intention de séjourner à Berlin.

Nous nous procurons le plan de la ville, celui du métro et, une fois nos valises déposées dans la chambre, nous partons à la découverte de la ville.

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J’emmène Peggy sur Le Ku’Damm (Kurfürstendamm) qui, autrefois, était les Champs-Élysées berlinois. Comme dans toutes les grandes métropoles, les restopouces ont envahi le centre de la ville.  C’est bien dommage ! Mais l’animation est toujours aussi intense. J’aperçois la tour surmontée du sigle Mercédès. En 1969, il y avait tout en haut de cette tour une discothèque où j’avais fait la connaissance d’un garçon. Très étrangement, je comprenais bien quand il parlait allemand. Pour sûr, il était Français. En discutant, nous avions découvert que son père était un ancien copain du mien ! Ils avaient joué ensemble au rugby à Tours. On en avait conclu que le monde est bien petit !

 

À suivre